Récupération, jeu long, actions offensives
S'il y a bien un domaine dans lequel Noé Lebreton excelle particulièrement, c'est dans le jeu sans ballon. Ses statistiques défensives parlent d'elles-mêmes :
> 11,8 actions défensives réussies par match ; soit la quatrième performance la plus élevée parmi les 80 milieux de Ligue 2 recensés (ayant disputé au minimum 1 000')
> 0,6 tir stoppé par match ; deuxième meilleure performance de L2 sur le même échantillon que pour le chiffre précédent
> 5,7 ballons interceptés par match ; cinquième meilleure performance de L2 pour un milieu de terrain
Proches de celles de ses coéquipiers Quentin Daubin et « Didi » Gaucho, ses données illustrent la rigueur et le style tactique impulsés par Nicolas Seube. Les intentions de jeu des « Rouge et Bleu » sous la direction de l'entraîneur transpirent dans ces métriques.
Répartition statistiques défensives des 80 milieux de terrain de L2 ayant disputé au minimum 1 000'.
L’autre élément notable qui se dégage des datas de Noé Lebreton concerne sa forte propension à allonger le jeu par la passe. 16% de ses passes au sol dépassent les 45 mètres, 25 mètres quand elles sont en l'air. Seuls Kylian Kaïboué d’Amiens et Thomas Mangani d’Ajaccio en réalisent plus. De nouveau, on ressent derrière cette recherche de la verticalité les directives du coach Seube : aller vite vers l’avant dès que possible. Il faut dire que la qualité de pied de l'ex-Avranchinais lorsqu’il dégaine ses ouvertures ou renverse le jeu est indéniable. Il réussit 0,9 transversale par match en moyenne cette saison : neuvième meilleure performance parmi les milieux de L2.
Qui plus est, la combinaison action défensive et création d'une occasion est l'une de ses spécialités. Trois tirs ont été tentés directement à la suite d'une intervention défensive du n°20 du Stade Malherbe (12e meilleure performance de L2 pour un milieu). Lors de l’épopée en Coupe Gambardella en 2022 qui avait vu les U18 Caennais atteindre la finale au Stade de France avec un certain... Nicolas Seube à leur tête, celui qui est désormais international U20 avec la France avait déjà affiché de très bonnes aptitudes footballistiques.
Sur la réception de Laval (J36. victoire 1-0, le 3 mai), alors que le match était cadenassé face à des « Tangos » regroupés dans leurs 30 derniers mètres, Noé Lebreton a réussi neuf de ses dix passes longues tentées.
Des axes d'amélioration : la conservation du ballon et la résistance au pressing adverse
Toutefois, comme tout jeune joueur, certaines compétences ne sont pas encore suffisamment visibles pour prédire à coup sûr l'avénement de Noé Lebreton comme un futur crack du football tricolore. Sa prestation face au futur champion de Ligue 2 l’AJ Auxerre (J29. défaite 2-1, samedi 16 mars) a par exemple été médiocre dans les aspects de la conservation du ballon et de la résistance au pressing adverse. Le Manchois n’a pu soulager ses coéquipiers en prolongeant les phase avec ballon alors que son équipe était dominée. C’est toute la difficulté et le défi pour ce jeune joueur. Si d’un côté, on loue sa capacité à s’inscrire pleinement dans le projet de jeu prôné par Nicolas Seube avec une recherche d’un jeu rapide vers l’avant, d’un autre côté, Noé Lebreton - s'il veut encore franchir un cap - doit pouvoir cerner ce que le jeu réclame et le tempo d’une rencontre à l'instant T.
Sa capacité mentale et technique à résister au stress adverse doit s’améliorer s’il souhaite évoluer un cran au-dessus de la deuxième division :
> 84,7% de taux de réussite sur ses passes (seulement 37e sur les 80 milieux de Ligue 2 recensées ayant disputé au minimum 1 000')
> il échoue à garder le contrôle d’un ballon à la suite d’un duel offensif disputé 2,7 fois par match (antépénultième performance de L2 sur le même échantillon que pour le chiffre précédent)
> 1,1 perte de balle par match après avoir été taclé par un adversaire (62e milieu de L2 sur le même échantillon que pour le chiffre précédent)
Ce sont des axes d’amélioration à prendre en considération qui n’entachent en rien les qualités citées préalablement. Du haut de ses 20 ans, Noé Lebreton est en avance sur les temps de passage qu'on lui prêtait. Sauf offre mirobolante à son échelle cet été, il sera un acteur clé du Stade Malherbe version 2025-2026, surtout que sa marge de progression est conséquente. S'il poursuit sur cette trajectoire, sa valeur sur le marché des transferts ne devrait qu'augmenter dans les mois à venir.
Classement par centile par rapport aux autres milieux de terrain de Ligue 2 (sachant que 80 joueurs ont disputé plus de 1 000' à ce poste cette saison).
> L2. J38 - SM Caen (6e - 55 points) / Valenciennes (20e - 26 points), vendredi 17 mai à 20 H 45 au Stade Michel-d'Ornano.
Dans les pas d'Alexis Beka Beka et Johann Lepenant
La montée en puissance de Noé Lebreton n’est pas sans rappeler celles de deux autres jeunes issus du centre de formation du SMC : Alexis Beka Beka (23 ans) et Johann Lepenant (21 ans). Respectivement sous contrat avec Nice et Lyon, ces deux derniers s'étaient révélés sous les ordres de Pascal Dupraz durant l'hiver 2020-2021 avant de finir le championnat en trombe. Possédant un gabarit comparable (1,78 mètres pour Noé et Alexis, 1,76 mètres pour Johann), ils évoluent tous les trois dans l'axe du milieu de terrain. Bien que leur jeu diffère en nuances, leur trajectoire est marquée par une exemplarité, une combativité et des performances remarquables sous le maillot « Rouge et Bleu ». Ces trois Normands ont également pour point commun d’avoir démarré leur première saison chez les « pros » comme outsiders avant de devenir incontournables.
Noé Lebreton suit la voie de ses aînés, pour le plus grand bonheur des gestionnaires du club normand en coulisses, car le natif de La Haye-Pesnel représente un actif dont la valeur marchande ne cesse de grimper au gré des rencontres. Si une vente dès cet été ferait bondir plus d'un fan caennais, elle prouverait une nouvelle fois le savoir-faire malherbiste en matière de formation. Selon le site Transfermarket, il est évalué à 1 M€ ; ce qui en fait l'un des trois milieux de moins de 23 ans les plus côtés sur le marché de L2 derrière le Stéphanois Benjamin Bouchouari (3 M€) et le Guingampais Hugo Picard (1 M€). Toutefois, au regard de ses performances récentes, de sa marge de progression et de son contrat actuel (il a prolongé avec le SMC jusqu'en 2026 il y a quelques mois), il est inconcevable que Noé Lebreton quitte le navire normand au prochain mercato pour une somme aussi famélique. Pour rappel, ses deux prédécesseurs ont rapporté plus de 13 M€ dans les caisses du SMC !