Avez-vous suivi les coulisses de l'organisation de ce match contre l'US Bolbec ? On a l'impression que le charme de la Coupe de France en a pris un coup...
"Oui, c'est évident. Pour la beauté de la Coupe de France, c’est dommage que le match ne se joue pas chez eux. Pour Bolbec, c'est historique, c'est la première fois que ce club est au 8e tour. C’est particulier, c’est la première fois que je vois ça. Si on se met à la place de leurs joueurs, ils doivent être un peu déçus".
Vous êtes attaché à l'ambiance du football amateur. Quel regard portez-vous sur la Coupe de France en tant que joueur professionnel ?
"C'est une coupe qui n'est pas faite pour nous. Elle est clairement pour les amateurs. Quand je parle à mes potes qui jouent au foot, c'est vrai que c'est leur grand kiff. C'est toujours cool pour le foot amateur de côtoyer le monde pro l'espace d'un ou deux matchs".
"Cette Coupe, elle est clairement pour les amateurs"
Comment avez-vous réagi quand vous avez appris que la rencontre se déroulerait sur synthétique, puis finalement à d’Ornano ?
"J'ai été surpris que ce soit fixé sur synthétique à la base. Je trouve étrange que ce soit interdit en championnat (en Ligue 1 et en Ligue 2) et possible en coupe. Je n'ai pas forcément apprécié l'idée. J'ai beaucoup connu le synthétique à Lorient (2010-2013 puis 2014-2015). A l'époque, c'était autorisé chez les pros. C'est très contraignant physiquement pour les articulations, pour le dos... Même pour la relation avec le ballon, sur des vieux synthétiques, ce n'est pas toujours évident. Du coup, je suis ravi que ça ne joue pas sur synthétique. C’est bien mieux sur herbe".
Quatre divisions d'écart, une inversion de terrain... Vous avez toutes les cartes en main contre cette équipe de Bolbec...
"Même si ça avait été chez eux, en tant que club pro, on part avec un gros avantage normalement. Après, c'est la magie et la beauté de la coupe, on voit souvent de belles choses, donc il ne faut pas prendre ce match à la légère. Au contraire, ce sont des matchs qui ne sont pas toujours évidents".
Compte tenu de votre début de saison compliqué avec votre blessure à un mollet (il a été éloigné deux mois des terrains), ce 8e tour de Coupe de France est une bonne occasion pour vous d'emmagasiner du temps de jeu et de reprendre un peu de confiance...
"C'est vrai que de ne pas être utilisé, ce n'est pas toujours évident"
"Oui forcément. Tous les matchs sont bons à prendre, surtout qu'on en a moins qu'il y a quelques années avec la disparition de la Coupe de la Ligue (en 2020). Aujourd’hui, peu importe le match qui se présente, que ce soit en Ligue 2 ou en Coupe de France, contre n'importe quelle équipe, j'ai envie de le jouer, j'en serai ravi. C'est vrai que c'est une saison très difficile avec cette blessure un peu embêtante. C'est frustrant de ne pas pouvoir jouer".
Vous évoquez une frustration. Comment la gérez-vous ?
"Ce n'est pas simple de beaucoup s'entraîner, beaucoup travailler, je ne dirai pas pour rien, parce que c'est notre métier, mais l'objectif de la semaine, c'est le match. Et c'est vrai que de ne pas être utilisé, ce n'est pas toujours évident. Après, ce sont les aléas d'une saison et d'une carrière. Le football va vite dans un sens comme dans l'autre. Je donne tout ce que je peux quand on fait appel à moi, pour une rentrée dans le jeu ou pour une titularisation".
Dans une position axiale, vous avez perdu votre place de titulaire depuis votre blessure à un mollet*. Sur un côté, ça ne semble pas être votre poste de prédilection. Comment vous adaptez-vous à cette situation ?
"En travaillant. A l'entraînement aussi. Mon temps de jeu varie en fonction des absents ou des besoins du coach. On dit souvent qu'un bon footballeur doit s'adapter donc si on fait appel à moi, que ce soit en n°6, en n°10, ou sur le côté, peu importe, je prends tout ce qu'il y a".
*Sa dernière titularisation remonte au 23 août, face au Pau FC.
Vous avez eu également l'opportunité de jouer avec la réserve, lors du Challenge Espoirs, contre l'AJ Auxerre, fin octobre...
"Ça fait très longtemps que je n’étais pas redescendu en réserve. En tant que pro, on râle souvent quand on doit retourner en réserve car on prend ça comme une punition, mais j'ai vraiment pris du plaisir. Ça m'a fait du bien physiquement pour me remettre au niveau, et aussi mentalement pour retoucher le ballon avec une équipe. Encadrer les jeunes m’a plu. C’est un bon groupe qui veut progresser, travailler, qui est à l'écoute".
"Ça m'a fait du bien physiquement et mentalement de redescendre en réserve"
Vous vous trouvez dans votre dernière année de contrat. Pensez-vous déjà à la suite de votre carrière ?
"Pas du tout. Je ne suis pas du tout affolé. Pour les joueurs de 33 ans, on sait qu'il n'existe quasiment plus de contrat avec beaucoup d’années. Ça paraît un peu bête à dire, mais je me concentre sur le match suivant. C'est le plus important. Je ne pense pas du tout à la fin de saison, ni à ma situation contractuelle. Avant, ça m’aurait tracassé. Mais avec l’expérience, je n’y pense plus. Ça dépend de l’état d’esprit des gens. A 33 ans, je ne me sens pas vieux, et j’ai toujours très envie de jouer au foot".
> Coupe de France. 8e tour - SM Caen (L2) / US Bolbec (R1), samedi 30 novembre à 13 H 30 au Stade Michel-d'Ornano.
Heïdi Tilmant