Nicholas Gioacchini est un jeune joueur plein de promesses. Révélé à nos yeux un soir d’octobre après avoir marqué pour sa première apparition chez les « pros » (J12. succès 4-2 aux dépens du Paris FC), l'Italo-Américain est, assurément, la grande trouvaille de Pascal Dupraz avec le Stade Malherbe. Auteur d’un match plein, le néophyte avait bluffé tout son monde face au Paris FC, son ancien club, en inscrivant un joli but et surtout en donnant le change face à des adversaires expérimentés. Depuis, NG7 est devenu un homme fort du SMC. "C'est l'un des premiers noms que je couche quand je compose mon équipe", a lâché le coach savoyard il y a quelques semaines. A chacune de ses sorties, l'attaquant fait étalage de ses points forts : affûté, compétiteur, opiniâtre, rapide sur ses premiers mètres… Les qualificatifs ne manquent pas pour un joueur déterminé à toujours vouloir prendre le dessus sur son adversaire direct.
Le joueur subissant le plus de fautes en L2 : 3,83 en 90'
Nicholas Gioacchini n’est pas avare d’efforts et sait se sacrifier pour son équipe. Il est ainsi le joueur subissant le plus de fautes en Ligue 2 : 3,83 toutes les 90 minutes. Lors du « Normandico » au Stade Océane (J24. 1-1, le 7 février), l'Italo-Amérocain est ainsi à l'origine de sept coups francs, provoquant au passage l’expulsion d'Ertugrul Ersoy qui a sûrement vécu l'une des pires soirées footballistiques de sa vie. L'attaquant caennais a fréquemment pris le dessus sur le défenseur turc du Havre, que ce soit sur les duels aériens, en protégeant son ballon dos au but ou en obtenant une supériorité positionnelle sur ses appels de balle comme sur la faute amenant le carton rouge. Cette aptitude à obtenir des fautes a déjà rapporté un grand nombre de points avec plusieurs penalties provoqués comme récemment contre Niort et Grenoble.
L'ancien du PFC a également l'une des meilleures couvertures de balle du championnat. Son profil d'attaquant pivot se révèle particulièrement utile dans le style de jeu proposé par le Stade Malherbe avec 15% de passes longues. Alors que les relances propres par des passes courtes sont extrêmement rares, la construction du jeu du SMC passe souvent par la case Gioacchini. Son jeu dos au but est précieux, que ce soit dans l’axe ou sur un côté. Il dispute ainsi plus de 12 duels aériens par match et en remporte plus de la moitié (55%). Dans ce domaine, il se classe au sixième rang des attaquants de L2 derrière Malik Tchokounté ou encore Benjamin Jeannot.
Son jeu en déviations avec des appuis-remises ou des appuis-déviations constitue un atout non négligeable pour permettre au bloc équipe de remonter et d'exploiter les seconds voire les troisièmes ballons. Sur l’action du second penalty obtenu par Caleb Zady Séry à Lens (J26. 4-1, le 22 février), le n°7 des « Rouge et Bleu » va d’abord effectuer un appui-remise sur un ballon aérien avant de réaliser de nouveau un appui-déviation au sol.
Une énorme marge de progression dans la finition
Cartographie des tirs de Nicholas Gioacchini.
Autre élément de son jeu, il parvient souvent à obtenir une supériorité positionnelle et qualitative grâce à une bonne lecture des espaces disponibles. Ses appels de balle sont souvent très bons. Il touche ainsi un grand nombre de ballons dans la surface de réparation : 3,3 par match (dans le Top 25 de L2), et se procure de facto des positions de tir très qualitatives : 0,19 expected goals/tir soit 19% de chance d’inscrire un but sur chacune de ses tentatives.
Pour autant, Nicholas Gioacchini éprouve de grandes difficultés à convertir ses occasions en but. La finition constitue l'un de ses axes de progression. Après la réception de Grenoble (J27. 2-0 le 28 février), il totalisait 4,33 expected goals depuis le début de la saison pour seulement deux buts inscrits (face au Paris FC et contre Nancy) soit un écart défavorable de 2,32 buts. Parmi les attaquants de L2, le Caennais se classe parmi les cinq plus maladroits. L’avant-centre de Clermont, Adrian Grbić, deuxième meilleur réalisateur du championnat (avec 17 buts après 28 journées), totalise par exemple un écart favorable de 6,19 buts.
Cette maladresse étonne, lui qui a inscrit près de 40 buts en 50 apparitions avec les U17 et U19 nationaux du Paris FC et notamment des buts « clutch » (décisifs) comme en Gambardella où les Franciliens avaient réalisé un bon parcours en partie grâce à lui (récompensé du Paname Best Player par Panamefoot, site d'informations sur le football en Ile-de-France). A cette époque, il avait pu bénéficier des conseils d’un ancien attaquant renommé : Frédéric Piquionne, en charge des U17 du PFC. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette maladresse devant les cages comme par exemple le facteur émotionnel. Mais pas seulement.
Sur ses occasions ratées, on remarque quelques similitudes :
> des centres venant de la gauche,
> une course rectiligne avec une ligne d’épaules parallèle à la ligne de but au moment de frapper le ballon tandis que la trajectoire de passe est sans angle,
> une attention, durant sa course sans ballon, portée sur son partenaire. Il ne semble pas prendre l’information devant lui.
Ces situations ne lui sont pas favorables au regard de ses préférences motrices. Pour progresser devant le but, Nicholas Gioacchini doit pouvoir trouver un déplacement correspondant à sa nature surtout que l’essentiel de ses occasions proviennent de centres. NG7 le sait (et il le fait), il doit travailler pour se construire un beau parcours professionnel et il peut faire confiance à Pascal Dupraz. Ce dernier a prouvé avec les Pitchouns toulousains qu’il avait aussi un savoir-faire dans le développement des jeunes. Alban Lafont, Issa Diop, Clément Michelin, Kelvin Amian ou Ibrahim Sangaré ont été lancés par le coach savoyard. Alors profitons-en car nous assistons au début d’une carrière prometteuse qui l’éloignera sans doute du Stade Malherbe d’ici quelques temps.
*Statistiques réalisées avant la 28e journée.