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Norman Bassette : "Après tout ce que j’ai traversé, j’ai vécu cette rentrée comme une récompense"

Après avoir été mis à l'essai durant l'exercice 2020-2021, Normand Bassette s'est officiellement engagé avec le Stade Malherbe au mois de mai en paraphant un contrat stagiaire de deux ans. ©Damien Deslandes

Ses débuts : non conservé par Charleroi

"La manière dont on m’a traité la dernière année n’est pas correcte"

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avant de poser ses valises en Normandie en janvier 2021, Norman Bassette a connu un parcours semé d’embûches. Des ennuis qui ont commencé à Charleroi. Après avoir débuté à Rossignol puis à Virton ; deux clubs situés à côté du domicile familial, le prometteur attaquant belge rejoint les équipes de jeunes des Zèbres. Mais au bout de deux saisons (U11-U12), l’aventure va mal se terminer pour le néo-Caennais, non conservé dans les rangs carolos. "La manière dont on m’a traité la dernière année n’est pas correcte", raconte un Norman Bassette dégoûté par le ballon rond suite à son « renvoi ». "Je voulais arrêter le football mais mon père (Nicolas) m’a convaincu de continuer".

C’est à Bertrix, pas loin de chez lui, que cet espoir wallon reprend du plaisir tout en retrouvant le chemin des filets. Au point de taper dans l’œil du Standard de Liège. "J’ai fait quatre semaines de tests mais à la fin, on m’a dit non". Toutefois, cet essai ne se révèle pas totalement infructueux. Présent sur le dernier match disputé par l’international U18 Belge avec les « Roûches », un recruteur d’Eupen lui propose d’intégrer son club.

Son parcours : victime de harcèlement

"Je n’en ai parlé à personne avant de craquer à Noël devant mes parents"

Durant son passage à Eupen, Norman Bassette va traverser une terrible épreuve. Dans l’internat où il réside ; une structure extérieure au club, celui qui n’a pas encore 14 ans est victime de harcèlement de la part de pensionnaires plus âgés. "Pendant six mois, j’ai tout pris sur moi, je n’en ai parlé à personne avant de craquer à Noël devant mes parents", confie avec une désarmante sincérité l’actuel membre du centre de formation du SMC. "J’étais tellement traumatisé de ce qui m’était arrivé que je n’osais plus sortir de chez moi". Néanmoins, sur proposition des dirigeants d’Eupen, le jeune attaquant parcourt trois fois par semaine les deux heures de route qui séparent la maison familiale, où il est retourné vivre, de cette région germanophone pour s’entraîner et jouer le week-end. Une situation qui dure deux mois jusqu’au moment où un éducateur de l’internat lui tend la main en lui servant de famille d’accueil. "L’un de ses amis m’a aussi hébergé jusqu’à la fin de la saison. Il y a un feeling qui s’est créé entre nous. Pour moi, ce sont deux personnes en or. On est encore régulièrement en contact", lance Norman Bassette qui va connaître une nouvelle expérience singulière l’exercice suivant.

Evoluant toujours à Eupen, l’international U18 Belge est, cette fois-ci, logé dans un foyer pour personnes à mobilité réduite ! "Pendant trois mois, ce fut super dur. Quand je suis arrivé, j’étais considéré comme un étranger". Néanmoins, progressivement, l’attaquant s’adapte à la vie au contact de ces personnes en situation de handicap. "Au final, ce fut une expérience magnifique. Je me suis rendu compte que je n’avais pas le droit de me plaindre. Durant cette année, j’ai gagné en maturité".

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Alors que Normand Bassette constitue l'un des grands espoirs du SMC, le président Olivier Pickeu a fait de la signature du premier contrat « pro » du jeune attaquant belge l'une de ses priorités dans les prochains mois. ©Damien Deslandes

Les personnes qui ont compté : sa famille

"Quand j’ai commencé à Charleroi, mon père faisait trois heures de route aller-retour par semaine pour que je m’entraîne"

Si Norman Bassette a réussi à surmonter toutes ces épreuves, il le doit en grande partie à ses parents, Sandrine et Nicolas, à sa grande sœur, Gaëtane (24 ans) et à son petit frère, Kenzo (8 ans) qui tente de marcher sur les traces de son aîné. "Il a des qualités, mon père s’en occupe. Maintenant, il est trop jeune pour se prononcer". Malgré les 600 km qui le séparent de sa famille, l’attaquant belge est en relation permanente avec elle. "J’appelle mes parents deux fois par jour", confirme celui va bientôt être parrain ; sa sœur attendant un heureux événement. "C’est une sorte de tradition chez les gens du voyage, l’oncle est souvent le parrain", précise-t-il avant de mettre fin à quelques clichés concernant la communauté dont est issue sa famille. "Aujourd’hui, on n’a plus un mode de vie nomade comme les générations précédentes. Ce n’est plus possible de vivre ainsi. On est sédentarisé. D’ailleurs, moi, j’ai toujours vécu dans une maison".

Dès qu’il a un moment de libre, aussi court soit-il, le pensionnaire du centre de formation du Stade Malherbe n’hésite pas à avaler des centaines de kilomètres pour revoir les siens, dans la province du Luxembourg, au carrefour des trois pays. "Le dernier week-end où on n’a pas eu de match, je suis parti directement après l’entraînement le samedi matin. Je suis arrivé à 21 heures, je suis reparti dès 15 heures le lendemain. Mais ce n’est pas grave, voir ma famille, mon petit frère, c’est plus important que tout". Car chez les Bassette, la famille est sacrée. "Ce qui se passe en ce moment pour moi, c’est une fierté pour eux". Et ce ne sont pas quelques kilomètres qui vont l’effrayer. Il faut dire que le garçon a l’habitude de prendre la route depuis son plus jeune âge. "Quand j’ai commencé à Charleroi, mon père faisait trois heures de route aller-retour par semaine pour que je m’entraîne".

Le match clé : sa première chez les « pro » contre Pau

"Quand le coach m’appelle pour rentrer, jamais je n’avais piqué un sprint aussi vite"

En effectuant son apparition à la 85’ contre Pau, le 11 septembre (J7. défaite 2-1 du SMC), Norman Bassette est rentré dans l’histoire du Stade Malherbe. Du haut de ses 16 ans et dix mois à l’époque, le prometteur attaquant belge est devenu le deuxième plus jeune joueur à évoluer chez les professionnels sous le maillot « Rouge et Bleu ». "Après tout ce que j’ai traversé, j’ai vécu cette rentrée comme une récompense", estime le principal intéressé parfaitement conscient d’avoir profité de circonstances favorables avec cette cascade de blessures qui a frappé l’effectif caennais. "Je ne me suis pas posé de questions, je me suis mis dans une bulle. Quand le coach (Stéphane Moulin) m’appelle pour rentrer, jamais je n’avais piqué un sprint aussi vite", lâche Norman Bassette qui a appris sa convocation dans les « 18 » depuis chez lui, en Belgique. "Je revenais d’un tournoi en Suède avec la sélection. Comme c’est un pays en zone rouge niveau Covid, j’ai dû respecter une quarantaine de 48 heures. C’est là que le coach Vandeputte (Fabrice, en charge de la réserve) m’a téléphoné. J’ai dû attendre le vendredi et de passer un test négatif pour retourner à Caen".

L’histoire aurait pu être encore plus belle. "Je rentre sur un corner. Et à un moment, le ballon n’est pas très loin de moi. Quand je le vois arriver dans ma direction, je me dis : « Ce n’est pas possible ». Mais un défenseur de Pau le touche juste devant moi". Quelque chose nous dit que ce n’est que partie remise.

 

Norman Bassette

> Né le 9 novembre 2004 (17 ans) à Arlon en Belgique.

Attaquant. Gaucher. 1,84 m pour 74 kg.

Parcours : Rossignol, Virton, Charleroi, Bertrix, Eupen, SM Caen (depuis janvier 2021).

International U18 belge.

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