Le Stade Malherbe s'apprête donc à prendre l'accent américain. D'ici une poignée de semaines et sauf retournement de situation (ce qui n'est vraiment pas à souhaiter pour l'avenir du SMC), Oaktree Capital Management (OCM) deviendra l'actionnaire majoritaire du club caennais. Fondé en avril 1995, ce fonds d'investissement est l'un des plus puissants au monde. En témoigne, la valeur de ses actifs sous gestion : 124,7 milliards de dollars ! Coté en bourse à New York, « OCM », qui emploie pas moins de 900 salariés, compte parmi ses clients 100 des 300 plus gros fonds de pension de la planète. Elle intervient sur six catégories d’actifs : la dette décotée, la dette des entreprises, l’immobilier, les titres convertibles, les actions et le Private Equity*.
L'un de ses fondateurs, Howard Marks, est l'une des références dans le monde des investissements aux Etats-Unis. A travers des restructurations, Oaktree s'est spécialisée dans le redressement des entreprises en difficulté. Ça tombe bien, le Stade Malherbe en éprouve quelques-unes depuis deux ans. Cette société de gestion d’actifs ne constitue pas une inconnue sur la place de Caen. Et pour cause, « OCM » a déjà investi dans du logement étudiant de haut standing avec la résidence Kley de Dometude, dans le quartier Côte de Nacre.
Pourquoi ce fonds d'investissement dont le siège social est basé à Los Angeles s'intéresse au club normand, 13e du dernier championnat de Ligue 2 ? La réponse tient en un seul nom : Pierre-Antoine Capton. Car il ne faut pas se tromper de débat, sans le producteur de télévision trouvillais, jamais Oaktree ne se serait installé à la table des négociations. Avec la puissance financière « OCM », PAC travaille depuis plusieurs mois sur le rachat de la totalité des titres du SMC 10 (13 chefs d'entreprise se partageant 80% du capital à parts égales), dont il est lui-même membre, ainsi que ceux du Club des 50 (des actionnaires minoritaires possédant 20%).
Le seul projet de reprise véritablement viable
Reste à sceller définitivement le deal. Les actionnaires actuels d'un côté, Pierre-Antoine Capton et ses associés de l'autre doivent trouver un terrain d'entente sur le montant du rachat des parts. En cas d'accord, les investisseurs américains seront majoritaires au sein de la SASP (Société anonyme sportive professionnelle) mais PAC demeurera le garant de ce projet de reprise. Il possède, d'ailleurs, une priorité en cas de revente. Comme toute entreprise de ce calibre, l'engagement d'Oaktree est limité dans le temps. Une durée qui pourrait être comprise entre cinq et sept ans. Si la perspective de l'arrivée d'un fonds d'investissement américain peut effrayer certains supporters au regard de quelques précédents en France (Bordeaux), la comparaison ne semble pas judicieuse.
Tout d'abord par la nature même du fonds. Surtout que , compte tenu de sa situation économique, cette opportunité constitue une véritable aubaine pour le Stade Malherbe. Il faut dire que la somme pour relancer la machine « Rouge et Bleu » est tout sauf anecdotique. Loin de là. Comme nous l'avons évoqué à de multiples reprises, un investissement compris entre 15 et 20 M€ est nécessaire (selon nos informations) : rachat des parts, déficit structurel à combler, élaboration d'un projet ambitieux pour viser une montée en Ligue 1 à moyen terme...
Exposé au maire de Caen, Joël Bruneau, il y a une dizaine de jours en présence notamment de Vincent Catherine, patron de la branche Europe d'Oaktree et Normand pure souche lui aussi, ce projet piloté par Pierre-Antoine Capton est, à ce jour, le seul véritablement viable sur la table. Jeudi, le SMC a obtenu un nouveau sursis auprès de la DNCG. Dos au mur, une demi-douzaine d'actionnaires (dont l'identité varie selon les sources) ont injecté 1,5 M€ en avance de trésorerie sur le compte courant du club caennais. Comme l'exigeait le gendarme financier du football français. Evitant une relégation administrative, cette opération a, certes, permis de gagner un peu de temps mais n'offre qu'un court répit au Stade Malherbe. En aucun cas, ce montant ne lui donne une visibilité sur le long terme.
*Le Private Equity est une forme d’investissement privée dans des entreprises, généralement non cotées, souhaitant financer leur développement par un apport de capitaux non-publics.