Foot Normand

Olivier Pickeu : "Avec Nicholas et Molchan, on a une double ouverture vers l'Ouest et vers l'Est"

Avant de poser leurs valises à Venoix, trois des six renforts du mercato « Rouge et Bleu » n'ont jamais évolué chez les « pros » : Garissone Innocent (20 ans), Vladislav Molchan (20 ans) et Aliou Traoré (19 ans). Trois éléments qui s'inscrivent donc dans une logique de post-formation. "Je veux m'appuyer dessus ainsi que sur la formation", affirme Olivier Pickeu. Si le défenseur russe s'est engagé jusqu'en 2024 et le gardien parisien a été prêté avec option d'achat, le milieu appartenant à Manchester United n'a été que prêté. Une question de timing selon le président du Stade Malherbe. "Je n'étais pas encore officiellement nommé. J'ai piloté ce dossier en sous-marin. Si j'avais pu négocier un prêt avec option, sans obligation comme pour Garissone, je n'aurais pas hésité".

"Si ça se passe bien avec Garissone, on pourra peut-être récupérer un autre joueur en post-formation"

Au-delà de son apport sportif, l'arrivée de la nouvelle doublure de Rémy Riou a permis aux dirigeants caennais de tisser des liens avec une « grosse écurie ». Des liens que le patron du SMC entend entretenir sur le long terme. "Si ça se passe bien avec Garissone, on pourra peut-être récupérer à l'avenir un autre joueur en post-formation, surtout que le Paris Saint-Germain n'a plus de réserve". Le recrutement de Vladislav Molchan répond, lui, entre autres, à une stratégie de développement à l'étranger. Une stratégie dans laquelle Olivier Pickeu inclus l'attaquant Nicholas Gioacchini.

"Avec Nicholas et Molchan, on a une double ouverture vers l'ouest et vers l'est. Il faut développer l'image du club à l'international. C'est important", souligne-t-il. "Vous savez, si j'ai des appels de clubs comme Los Angeles et les New York Red Bulls pour Nicholas, ce n'est pas un hasard (référence à sa nationalité américaine sur le plan sportif). Personnellement, je trouve ça positif. On s'ouvre sur un marché qu'on n'imaginait pas forcément. Dans un pays si important, il va y avoir un regard sur le Stade Malherbe". En matière de mercato, le président caennais envisage de sonder des marchés inexploités jusqu'à présent de ce côté-ci du pont de la Normandie à l'image de l'Europe de l'Est et plus spécifiquement de la Russie. 

Pour Molchan, Vadim Vasilyev a joué les intermédiaires

"C'est un marché sur lequel personne n'ose aller. Pourtant, pour moi, par exemple, (Aleksander) Golovine est l'un des meilleurs joueurs du championnat (en L1). C'est Vadim Vasilyev qui l'avait recruté à l'époque où il était président de Monaco". Vadim Vasilyev, un homme de confiance dont il est particulièrement proche et qu'on devrait revoir dans d'autres dossiers prochainement. "Pour la petite histoire, je devais le rejoindre s'il était resté à Monaco", confie Olivier Pickeu. Dans le cadre de la signature de Vladislav Molchan, l'ex-patron de l'ASM a servi d'intermédiaire. "Depuis son départ de Monaco, avec son réseau, Vadim travaille dans la mise en place de relations entre les clubs", indique l'ex-manager général d'Angers.

"Ngouabi et Traoré ne doivent pas avoir peur d'un joueur qui vient apprendre son métier ici"

Avant de poursuivre : "Pour Vladislav, Vadin m'a dit : « J'ai un joueur qui correspond parfaitement pour un club de Ligue 2 : un défenseur central, un gaucher, capitaine dans toutes ses équipesintelligent, bosseur, avec une marge de progression...»". Mais engager un jeune étranger avec une expérience relativement maigre (deux apparitions en D2 dans son pays natal) n'envoie-t-il pas un message négatif à destination des pensionnaires du centre de formation « Rouge et Bleu » ?

"L'arrivée de Vladislav a du sens à partir du moment où dans notre formation, on n'a pas de gaucher (sous-entendu en charnière centrale). On a deux droitiers très prometteurs avec le petit Ngouabi (Jason, né en 2003) et le petit Traoré (Brahim, né en 2004). Ils ne doivent pas avoir peur d'un autre joueur qui vient apprendre son métier ici". Le renfort de l'ancien capitaine des U19 du Zénith Saint-Pétersbourg ne comporte aucun risque à en croire le président malherbiste. "Tu contribues au développement d'un jeune joueur, c'est cohérent, pas cher (son ancien club du FK Ienissei Krasnoïarsk a évoqué une indemnité de 10 000 €) et tu ne mets pas la pression aux deux jeunes qui sont en place chez toi. Et en même temps, j'ouvre une fenêtre de tir économique. S'il y a un souci d'adaptation ou de niveau, on a le mercato d'hiver qui arrive. Il pourra toujours retrouver un club dans son pays". Vu comme ça...

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Olivier Pickeu : "On n'est pas obligés de vendre nos bijoux de famille"

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Alors que Yacine Bammou a failli quitter le SMC dans les dernières heures du mercato, Olivier Pickeu se félicite d'avoir gardé tous les jeunes espoirs du club. Dans le sens des arrivées, le président caennais a misé sur plusieurs joueurs en post-formation à l'image d'Aliou Traoré.

Six arrivées pour 11 départs dont six prêts, voici le bilan du mercato caennais. Un nombre de départs qui aurait pu grimper à 12 si le transfert de Yacine Bammou au CSKA Sofia avait abouti. "On avait imaginé qu'on pourrait être sollicité pour Yacine mais à cette heure-là, non. Ce n'était pas prévu au programme", témoigne Olivier Pickeu qui a eu vent de l'intérêt bulgare à 18 heures lundi (5 octobre), soit le dernier jour du mercato, sachant que le marché des transferts dans ce pays se clôturait à 23 heures, heure française au lieu de minuit chez nous. "Peut-être qu'avec une heure de plus, Yacine ne serait plus un joueur du Stade Malherbe", avance le président des « Rouge et Bleu » qui comprend que l'attaquant marocain se soit interrogé sur son avenir.

"Avant que je n'arrive, Yacine était plutôt dans une situation complexe vis-à-vis du club. On envisageait plutôt un départ que de construire notre équipe avec lui. Il est passé par une phase descendante puis ascendante avant de recevoir une proposition d'un club européen à la fin du mercato (le CSKA Sofia affrontera l'AS Rome, Cluj et les Young Boys de Berne en phase de groupes de la Ligue Europa). Ce n'est pas anormal qu'il n'y soit pas insensible", reconnaît Olivier Pickeu. "Je pense qu'on sera de nouveau sollicités à Noël".

Au-delà du cas de Yacine Bammou, le marché des transferts du Stade Malherbe, dont la masse salariale était initialement encadrée par la DNCG, s'est accéléré suite au passage des nouveaux actionnaires du club normand (le fonds d'investissement américain Oaktree et Pierre-Antoine Capton) devant le gendarme financier du football français, le 28 septembre. "On a présenté le sérieux de notre projet. On a tout donné avec les noms qu'on envisageait, les accords, les salaires... Pour la DNCG, il n'y avait aucune surprise. Ça nous a permis de tout valider. La seule interrogation concernait les départs", explique le nouveau patron du club normand.

Un recrutement à moindre coût

Toujours contraint par des limites économiques, héritage des directions précédentes, le recrutement du SMC s'est voulu raisonnable sur le plan financier : Alexandre Mendy et Yoann Court sont arrivés libres, Aliou Traoré et Garissone Innocent ont été prêtés alors que Vladislav Molchan n'a coûté que 10 000 €. Une des priorités d'Olivier Pickeu. "On n'a pas réussi à faire tout ce qu'on voulait car on est en Ligue 2", indique le président caennais, référence aux dossiers du défenseur rennais Lilian Brassier (qui s'est finalement engagé avec Brest) et de l'attaquant nantais Randa Kolo Muani (sélectionné en équipe de France espoirs pour le rassemblement d'octobre). "Mais ils avaient été observés, ciblés. Le travail réalisé pendant l'été a été bon".

Dans le sens inverse, le patron du club normand se félicite d'avoir conservé l'ensemble des jeunes joueurs possédant une forte valeur marchande. "Au niveau de la valeur de notre effectif, on n'a pas perdu un euro du potentiel économique du club". Pourtant, les sollicitations n'ont pas manqué à l'image de Nicholas Gioacchini et Kélian Nsona pour ne citer qu'eux. "On a reçu des offres mais pas à la hauteur que j'imagine. Vous savez, je suis un peu dur en affaires. Je l'ai prouvé à Angers", rappelle l'ex-manager général du SCO. "On envoie un signal aux clubs qui nous regardent : on n'est pas obligés de vendre nos bijoux de famille pour essayer d'assumer l'écart financier auquel je suis confronté. Pas question de brader nos joueurs".

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