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Pascal Dupraz, c'est pas demain, c'était pas hier, c'est maintenant

Pour Pascal Dupraz, le projet actuel du Stade Malherbe n'a plus rien à voir avec celui qu'on lui a présenté au mois d'octobre.

Alors qu'il dirigera sa première séance ce mardi matin à Venoix, Pascal Dupraz dispose de trois jours pour préparer la réception de Châteauroux, vendredi soir.

Après Fabien Mercadal, Rolland Courbis et Rui Almeida, le Stade Malherbe va connaître avec Pascal Dupraz un quatrième entraîneur en l'espace de 14 mois alors qu'il n'en avait « consommé » que deux (Franck Dumas et Patrice Garande) en 12 saisons ! Trois jours après avoir relevé de ses fonctions le technicien portugais, l'état-major caennais n'a pas tardé à lui dénicher un successeur. Ce mardi matin, lors d'une conférence de presse à d'Ornano, le président Fabrice Clément va officialiser l'arrivée de celui qui était encore jusqu'à samedi consultant pour Canal +. Une information révélée il y a 24 heures par Tendance Ouest.

"c'est quelqu'un d'entier, sans filtre. il dit ce qu'il pense, peut-être parfois un peu trop"

Un poste que le principal intéressé convoitait depuis un certain temps. La messagerie de Gilles Sergent peut en témoigner. Il y a un peu moins d'un an, alors que le club « Rouge et Bleu » traversait ses premières difficultés sportives (mais pas les dernières, loin de là), son agent de l'époque (Stéphane Canard) avait très régulièrement sollicité l'ancien président du SMC pour que son protégé remplace Fabien Mercadal. En vain à l'époque. Comme un clin d'œil du destin, le jour où le Savoyard va être intronisé en Normandie, l'ex-coach malherbiste s'apprête à prendre (de nouveau) la porte au Cercle Bruges.

Pour le plus grand public, Pascal Dupraz, c'est avant tout un franc-parler, un spécialiste des punchlines, un maître dans l'art pour allumer des contre-feux (tiens, ça nous rappelle l'un de ses prédécesseurs). Un caractère bouillonnant sur le banc qui ne lui a pas valu que des amis chez ses confrères. Loin de là ! Ses prises de bec avec ses homologues, notamment à l'époque où il dirigeait Evian-Thonon-Gaillard, sont légions : Sergio Conceição, Christian Gourcuff, Willy Sagnol (pour ne citer qu'eux)... "Pascal, c'est quelqu'un d'entier, sans filtre. Il dit ce qu'il pense, peut-être parfois un peu trop", concède Stéphane Lièvre qui fut membre de son staff à Toulouse.

Des causeries pour transcender les joueurs

Un sens de la formule qui a aussi contribué à son succès dans sa carrière d'entraîneur. "Quand il parle en public, il a une maîtrise de la langue", se montre admiratif l'ex-latéral gauche du SMC (1992-1997). Tous les joueurs passés sous ses ordres mettent en avant ses discours transcendants. "Avec ses causeries d'avant-match, il parvient à te surmotiver", confirme Mathieu Duhamel, l'ancien avant-centre caennais qui l'a fréquenté pendant quatre mois à l'ETG (février-mai 2015). Celle du 14 mai 2016, immortalisée par les caméras de Canal +, quand il officiait à Toulouse, est restée dans les mémoires. C'est, d'ailleurs, dans la ville rose que Pascal Dupraz a signé son plus grand fait d'armes.

"Il a fédéré une équipe et un staff. Pascal, c'est quelqu'un qui rassemble"

Alors qu'il accusait dix points de retard sur le premier non-relégable à dix journées du terme quand le coach savoyard a été intronisé, le Téfécé avait effectué une improbable remontada, parvenant à arracher son maintien lors de la 38e et dernière journée sur la pelouse d'Angers (3-2). "C'était comme si on avait gagné la Coupe d'Europe. Sincèrement, on pensait tous descendre. Il est arrivé seul mais il a reboosté tout un club. Il a fédéré une équipe et un staff. Pascal, c'est quelqu'un qui rassemble", se souvient Stéphane Lièvre.

Un contexte qui n'est pas sans rappeler celui qu'il va découvrir au Stade Malherbe. En Normandie, Pascal Dupraz aura pour mission de relancer un collectif en chute libre, avec une seule victoire au compteur et restant sur quatre défaites consécutives ; du jamais-vu depuis 2005 en Ligue 2 (17e avec six points, 1V-3N-5D, à égalité avec le barragiste castelroussin qu'il recevra vendredi soir à d'Ornano). A Toulouse, l'histoire d'amour avait duré 23 mois (jusqu'en janvier 2018) avant que les deux parties ne mettent fin à leur collaboration (principalement pour des raisons de santé selon l'intéressé*). Par les temps qui courent, les dirigeants « Rouge et Bleu » signeraient des deux mains pour un bail aussi long.

*Souffrant d'une faiblesse congénitale, Pascal Dupraz a fait un infarctus à l'âge de 39 ans. Lors de son premier entraînement avec Toulouse il y a trois ans, le technicien avait été victime d'un malaise. Depuis, il s'est fait poser un défibrillateur qui, de son propre aveu, lui a sauvé la vie en janvier 2018 après une nouvelle alerte. Opéré à deux reprises dans la foulée (en janvier et en mai), le coach savoyard assure, désormais, que les médecins lui ont donné le feu vert pour reprendre son métier sans aucun problème.

Pascal Dupraz, un adepte du 4-1-4-1

Pascal Dupraz, ce n'est pas seulement une grande gueule. "Vous ne faites pas passer un club des divisions régionales à la Ligue 1 sans aucune compétence tactique", pointe Stéphane Lièvre, référence à l'ascension d'Evian-Thonon-Gaillard dans le football français. Toutefois, contrairement, à ce que beaucoup pourraient croire, il n'était pas sur le banc de l'ETG lors de la double montée en L2 et en L1, en 2010 et 2011 (il s'agissait de Bernard Casoni). A Toulouse, le 4-1-4-1 fut son schéma préférentiel. "Mais il n'est pas buté sur une idée. Lors de sa troisième saison, il a testé plusieurs formules avec deux joueurs devant la défense, deux attaquants...", explique son ancien analyste vidéo.

Au Téfécé, toutefois, des incompréhensions tactiques avec son groupe sont à l'origine des difficultés de son équipe lors de l'exercice 2017-2018. "Pascal considérait que des bases avaient été posées, acquises, qu'il n'y avait pas besoin de revenir dessus. A l'inverse, certains joueurs ont considéré qu'ils manquaient de repères", raconte Stéphane Lièvre. "Mais il n'est pas l'unique responsable. A l'intérieur du staff, on aurait dû mieux lui faire remonter les informations". Espérons pour les supporters « Rouge et Bleu » que le coach savoyard en aura tiré les leçons.

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