Le déplacement à Châteauroux, samedi soir, aura donc été le 55e et dernier match de Pascal Dupraz à la tête du Stade Malherbe (19V-18N-18D toutes compétitions confondues). 72 heures après avoir décroché un nul assez heureux sur la pelouse de la Berrichonne (2-2), le coach savoyard, qui avait dirigé la séance mardi matin, s'est vu retirer la responsabilité de l'équipe professionnelle. Il l'a appris dans la soirée d'hier de la bouche du président Olivier Pickeu. Une issue qui paraissait inéluctable même si l'Etat-major caennais avait bien l'intention initiale de finir cet exercice 2020-2021 avec l'ex-technicien d'Evian. Autant dire que cette décision témoigne de l'inquiétude qui a gagné ses rangs. Il faut dire que la dynamique sportive du club normand est catastrophique depuis la mi-novembre avec 15 points pris sur 57 possibles (2V-9N-8D).
Compte tenu de cette incroyable spirale négative, le SMC (14e), qui ne dispose plus que de cinq longueurs d'avance sur le barragiste (18e) à huit journées du terme, se retrouve sous la menace de la zone des relégables. Au-delà des résultats, la formation de Pascal Dupraz, malgré une première période de bonne facture contre Le Havre il y a une semaine, éprouvait de plus en plus de difficulté dans le jeu comme l'atteste sa prestation dans le Berry. Qui plus est, depuis plusieurs mois, l'entraîneur et le président des « Rouge et Bleu » ne semblaient plus du tout sur la même longueur d'onde. La relation entre les deux hommes était devenue pour le moins tendue.
Compte tenu de leur caractère respectif, leur entente paraissait, de toute façon, utopique. Avec le recul, on se demande même si le président n'aurait pas mieux fait de se séparer du coach savoyard dès sa prise de pouvoir, fin août. D'autant plus que si la nouvelle n'a jamais été officialisée, il était évident que Pascal Dupraz, en fin de contrat au 30 juin, ne prolongerait pas l'aventure au Stade Malherbe au-delà de cette date. Difficile de croire que ce climat malsain n'a pas déteint sur les performances d'une équipe en perte totale de vitesse. Pour la relancer, le seul levier imaginable, dans ce cas de figure, consiste donc à débarquer l'entraîneur. Arrivés dans les valises de leur n°1 en octobre 2019, Stéphane Bernard, son adjoint, et Baptiste Hamid, le préparateur physique, ne font plus partie non plus du staff.
Vandeputte et Hengbart en fin de contrat aussi au 30 juin
Trois renvois qui ont nécessité l'aval des actionnaires, le fonds d'investissement Oaktree et Pierre-Antoine Capton, surtout au regard de la précarité de la situation financière du SMC. Aucun technicien en interne ne disposant du BEPF (le diplôme nécessaire pour exercer en L2), le club caennais s'acquittera d'une amende de 12 000 € à chaque match même s'il pourrait bénéficier d'un sursis pendant un mois selon le règlement de la LFP. Pour assurer l'intérim jusqu'à la fin du championnat et alors qu'un entraîneur en provenance de l'extérieur sera nommé la saison prochaine, Fabrice Vandeputte, le responsable de la réserve, a été désigné. Il sera épaulé dans sa tâche par Cédric Hengbart qui était déjà son n°2 avec la « B » des « Rouge et Bleu ».
A noter que l'ancien latéral avait déjà accompagné la délégation normande lors du déplacement à Châteauroux. Particularité de ce duo, il sera, lui aussi, libre de tout engagement au 1er juillet. Toutefois, Fabrice Vandeputte et Cédric Hengbart vont devoir mettre leur situation contractuelle de côté l'espace de quelques semaines (reste à savoir s'ils ont obtenu des garanties en échange ?), le temps que le Stade Malherbe « gratte » les cinq à sept unités qui lui manquent pour décrocher son maintien. Cette mission débutera le 4 avril avec la réception capitale de Pau, un concurrent direct, à d'Ornano.
Et il ne faut pas croire que le départ de Pascal Dupraz, qui concentrait la grande majorité des critiques des supporters sur les réseaux sociaux, en partie à cause de sa communication, va résoudre tous les problèmes du SMC. Avec cette décision, la première d'importance en tant que président, Olivier Pickeu se retrouve, désormais, en première ligne. Les joueurs, les plus jeunes (dont certains n'ont pas toujours eu un comportement irréprochable ces dernières semaines ; ce qui explique certaines mises à l'écart récentes) comme les supposés cadres, aussi. Et plus personne ne pourra se cacher derrière le coach savoyard, son discours, sa méthode ou sa tactique. L'enjeu est important. Il s'agit de l'avenir du club normand.