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Pierre-Antoine Capton travaille à un projet de reprise de Malherbe

Porteur du projet de reprise du Stade Malherbe qui va voir le fonds d'investissement Oaktree en devenir l'actionnaire majoritaire, Pierre-Antoine Capton devrait prendre la présidence du conseil de surveillance.

Avec l'assentiment de l'ensemble des membres du SMC 10, Pierre-Antoine Capton travaille à un nouveau projet de reprise du Stade Malherbe. Face à la réalité des chiffres annoncés, c'est un défi colossal.

A l'échelle de la Normandie, l'article a fait l'effet d'un mini-séisme. Dans son édition du 7 mai, L'Equipe dévoilait qu'un groupe sino-américain pourrait se porter candidat au rachat du Stade Malherbe si celui-ci se retrouvait sur le marché. Menés notamment par l'homme d'affaires Chien Lee, ces investisseurs sont loin d'être des inconnus pour le football français. En juin 2016, ils étaient devenus les actionnaires majoritaires de l'OGC Nice. Trois ans plus tard, ils avaient cédé à leur tour le Gym au milliardaire anglais Jim Ratcliffe. Dans le « papier » du quotidien sportif, le conditionnel est plus que de rigueur.  Surtout, ce groupe sino-américain s'intéresserait en priorité à Toulouse.

Le système d'actionnariat actuel du SMC ne répond plus aux exigences du foot moderne

De toute façon, le Stade Malherbe est-il réellement à vendre ? Avant que n'éclate la pandémie de Covid-19, Jean-Claude Lechanoine s'était montré extrêmement ferme. A la question de l'arrivée d'un éventuel repreneur, le président du Conseil de surveillance de la SASP avait affirmé : "Ça sera non". "On veut conserver notre modèle actuel", avait-il enchaîné. Réunis dans la holding SMC 10, 13 chefs d'entreprise normands(1) se partagent à parts égales 80% du capital. Si ce système a permis d'éviter le dépôt de bilan au début des années 2000, il ne répond plus, aujourd'hui, aux exigences du football moderne. Pire, il semble constituer un obstacle à la pérennité du club caennais.

Car contrairement à ce qu'ont prétendu certains de ses dirigeants début mars, le Stade Malherbe a un besoin urgent de liquidités et sa trésorerie est à sec. Surtout avant son passage de la DNCG fixé dans les prochaines semaines. Selon nos informations, avant l'arrêt des championnats à la mi-mars, l'Etat-major caennais avait estimé le déficit d'exploitation, pour cette saison 2019-2020, à 6 M€. L'Equipe évoque, elle, désormais, « un trou à éponger supérieur à 10 M€ ». Pourtant, il y a quelques semaines, Pierre Esnée, le président du SMC 10, avait tenté de lever les inquiétudes en rappelant que "depuis 20 ans, les actionnaires ont toujours fait face". "S'il y a besoin, on remettra au pot", avait-il même ajouté.

Des actionnaires ont émis le souhait de se désengager

Sauf qu'en interne, ce n'est pas du tout la tendance qui se dégage. Confrontés à ce contexte financier plus que précaire, plusieurs actionnaires ont émis le souhait de se désengager. Il faut dire que la situation ne cesse de se dégrader. La saison passée (2018-2019, la dernière en L1, sous la présidence de Gilles Sergent), le club normand a affiché un déficit d'exploitation de 13,7 M€. Un résultat négatif qui s'est fortement creusé en l'espace d'un an. Il était légèrement supérieur à 8 M€ en clôture de l'exercice 2017-2018, le dernier sous la gouvernance de Jean-François Fortin. Mais à chaque fois, une balance des transferts positive avait permis de présenter des comptes à l'équilibre tout en consolidant les fonds propres (à hauteur de 12,7 M€ en 2019, selon le rapport de la DNCG).

Des prévisions pour la saison prochaine (2020-2021) encore plus alarmistes

Même si une (voire plusieurs) vente de joueurs permettrait de réduire ce déficit, difficile de croire que ce scénario va se reproduire. Et pour cause, les actifs joueurs sont forts peu nombreux à l'exception de Jessy Deminguet, Caleb Zady Sery ou de Nicholas Gioacchini. Et dans le même temps, le Stade Malherbe doit toujours composer avec un effectif pléthorique (plus de 30 éléments sous contrat) et une masse salariale beaucoup trop conséquente pour un pensionnaire de Ligue 2. D'ailleurs, les prévisions pour la saison 2020-2021 seraient encore plus alarmistes.

Alors qu'une ombre plane au-dessus de la pérennité du club caennais, le président Fabrice Clément, qui s'est vu refuser l'accès au SMC 10, chercherait, de son côté, depuis plusieurs mois des investisseurs pour l'accompagner dans un projet de reprise. Est-ce qu'il y est parvenu ? Rien ne nous permet de le certifier. Mais quand on parle de rachat du Stade Malherbe, c'est surtout le nom du Trouvillais Pierre-Antoine Capton qui resurgit. En avril 2018, ce producteur de télévision à succès(2) avait présenté, avec le soutien de Jean-François Fortin, une offre de reprise de 67% des parts de la holding SMC 10 dont il est l'un des 13 membres.

Entre 15 et 20 M€ pour relancer le SMC

L'idée était de faire bénéficier le club caennais de son réseau. Objectif : attirer de nouveaux partenaires pour faire grimper le budget entre 40 et 45 M€, hors augmentation des droits TV (contre presque 37 en 2018). A l'époque, Laurent Batteur et Michel Besneville avaient dénoncé dans un communiqué une tentative d'OPA "hostile" à l'encontre du SMC. "L'esprit du club est menacé. Son ADN est remis en cause", avaient écrit ces deux actionnaires historiques. Une crise de gouvernance avait éclaté, débouchant sur l'éviction de Jean-François Fortin de la présidence. Deux ans plus tard, changement radical de climat.

Un nouveau projet de reprise avec l'assentiment de l'ensemble des membres du SMC 10

Avec l'assentiment de l'ensemble des membres du SMC 10, Pierre-Antoine Capton travaille à un nouveau projet de reprise du Stade Malherbe. Reste à savoir si PAC réussira à réunir les fonds nécessaires ? Les moyens financiers à déployer pour relancer la « machine » caennaise étant tout simplement colossaux. Entre le déficit à combler, les parts des actionnaires à racheter (même si ces dernières pourraient très bien ne pas être vendues au prix où elles ont été acquises, au regard de la situation du club) et la construction d'un projet ambitieux pour l'avenir, on évoque une somme comprise entre 15 et 20 M€ !

Le contexte sportif n'est aussi plus du tout le même. En 2018, le Stade Malherbe venait d'enchaîner un quatrième maintien consécutif en Ligue 1 avec Jean-François Fortin à sa tête et Xavier Gravelaine comme directeur général. Deux hommes sur lesquels PAC comptait s'appuyer. Aujourd'hui, Jean-François Fortin n'est plus aux commandes, Xavier Gravelaine est parti à Guingamp et les « Rouge et Bleu » s'apprêtent à disputer une deuxième saison de rang en… Ligue 2.

(1)Gilles Sergent, Laurent Batteur, Michel Besneville, Thierry Dupont, Pierre Esnée, François Maurey, Jean-Marie Piranda, Jacky Rihouet, Sofinormandie (filiale du Crédit Agricole), Jean-François Fortin, Pierre-Antoine Capton, André Réole, Jean-Paul Saison.

(2)Fondateur de l'entreprise 3e Œil qui produit des émissions comme C à vous, Le Grand Echiquier ou encore le documentaire sur l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République, Pierre-Antoine Capton (45 ans) s'est associé en décembre 2015 à Xavier Niel, le patron de Free, et Mathieu Pigasse, banquier d'affaires, pour créer Mediawan : une société d'investissements dans les médias devenu l'un des leaders dans la production de télévision indépendante : avec les séries Dix pour cent, Les Bracelets Rouges, Le Nom de la rose…

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