26 juin 2022. 65'. N°13 dans le dos, Morgane Hauvet entre sur la pelouse du Stade de la Californie au Mans pour remplacer Alizée Leroty, sa meilleure amie. 25 minutes plus tard, le coup de sifflet de l'arbitre retentit. Le Stade Malherbe est recalé aux portes de la D2. Son adversaire sarthois exulte et s'envole vers l'étage supérieur. Pour la jeune femme, le souvenir est indélébile, douloureux mais également très beau. Elle a bien sûr éprouvé de la peine d'échouer de si peu dans la course à la montée (défaite 2-1) après un parcours jusqu'à présent sans faute mais aussi de la fierté d'être entrée sur le terrain pour le match le plus décisif de la saison. Auparavant, tout au long de cet exercice 2021-2022, la Granvillaise avait dû se contenter d'une poignée de minutes chaque week-end. Ce jour-là, malgré le scénario, la coach de l'époque, Anaïs Bounouar, lui avait accordé sa confiance.
"Je me souviens qu'on était deux à s'échauffer. Quand on m'a appelé sur le banc, je ne pensais pas être légitime à rentrer", se remémore celle que l'on surnomme « Momo » dans les rangs « Rouge et Bleu ». "Anaïs m'avait dit : « Fais-toi confiance, je te donne ta chance, saisis-la ». C'était une récompense individuelle qui m'a fait plaisir". En réalité, l'actuelle capitaine du SMC avait déjà prouvé qu'on pouvait compter sur elle lors du premier tour des barrages, contre l'AS Lattes, lors de la manche retour. A l'autre bout de la France, elle avait même inscrit le but de la victoire, du pied gauche ! "Ça m'a libéré ! Même en entrant au cours du jeu, j'ai montré que j'étais capable d'y arriver".
"J'en ai ch.. pendant un an et demi. Il y a une période où je comptais les matches où je ne jouais pas"
Cette époque paraît bien loin pour cette jeune femme. Alors qu'elle fait partie des murs de la section féminine du Stade Malherbe depuis 2019, Morgan Hauvet a changé de statut. Depuis la saison dernière ; la première dans l'histoire en troisième division, l'arrière fait partie des titulaires indiscutables dans le onze de départ de Chloé Charlot. Alors qu'il y a deux ans, elle regardait souvent les rencontres du banc ou des tribunes, aujourd'hui, « Momo » s'affirme comme une cadre de l'effectif. Une juste récompense pour tout le travail accompli depuis qu'elle a posé ses crampons à Venoix. "J'en ai ch.. pendant un an et demi. Il y a une période où je comptais les matches où je ne jouais pas", souffle-t-elle. "Malgré tout, je n'ai jamais eu de ras-le-bol du foot. Il faut travailler pour obtenir les choses. J'ai été éduqué comme ça. Le travail a payé grâce à mon assiduité et à mon envie de progresser. C'est pour ça que j'en suis là".
Promue capitaine cette saison
Son entourage (sa maman, Laëtitia a fait de l'athlétisme a haut niveau) et ses coéquipières l'ont aussi poussée à ne jamais rien lâcher. Malgré l'esprit de compétition, où chacune doit gagner sa place, Morgane Hauvet s'est toujours sentie soutenue. "J'étais tellement investie que toute l'équipe était à fond derrière moi. Le collectif était si fort que peu importe si je jouais ou non, j'étais dans le bateau. Les autres étaient meilleures que moi. Je devais faire mieux pour avoir ma place", poursuit-elle, avec une maturité qui lui est propre. Cette mentalité de battante a porté ses fruits. Car la capitaine des « Rouge et Bleu » revient de loin. Avant de devenir un élément cadre, la Manchoise a été testée à tous les postes. De son arrivée à Malherbe en qualité de n°10, "un poste que je kiffais", elle est passée par toutes les lignes. De défenseure à milieu puis latérale, il a fallu s'adapter en permanence et s'armer de patience. "A ma place, beaucoup auraient pensé qu'elles étaient un bouche-trou alors que moi, je prenais ça comme une opportunité pour donner le meilleur de moi-même. Si tu es déterminée, tu t'en sors toujours".
"Certaines sont frustrées. Ça peut être démoralisant certes, mais il y a toujours quelque chose à gratter"
Là voilà désormais catapultée en charnière centrale, guidée par la gardienne Emmeline Mainguy, dotée d'une expérience en D2 et en D1. Il a fallu essayer, rater, recommencer et apprendre pour être totalement à l'aise. "Je me sens enfin à ma place. Le contrôle-passe, ça me va bien", plaisante-t-elle, avec beaucoup d'autodérision. A seulement 21 ans, Morgane Hauvet sert même d'exemple auprès des plus jeunes. Des U11 dont elle est la responsable, aux U13 qu'elle entraîne en qualité d'adjointe, tout en passant par sa propre équipe, la capitaine délivre des messages. "Certaines sont frustrées parce qu'elles ne jouent pas à leur poste ou qu'elles ne jouent pas pendant deux-trois matchs. Ça peut être démoralisant certes, mais il y a toujours quelque chose à gratter".
Cerise sur le gâteau, Morgane Hauvet a été nommée capitaine l'été dernier par son entraîneure, Chloé Charlot, avec qui elle n'a que cinq ans d'écart ! "Pour elle, j'étais le profil le plus adapté car on partage les mêmes valeurs. Elle se retrouvait en moi". Sans aucune pression, la Manchoise prend ce rôle très à cœur. "C'est la première fois que je suis capitaine mais je prends beaucoup de plaisir. C'est devenu naturel de prendre le leadership et de parler aux filles sur le terrain". De nature calme, « Momo » n'a rien d'une leader à donner des ordres. De son poste en défense centrale, elle privilégie le management collaboratif. Avant le coup d'envoi, elle se charge de donner un coup de boost aux troupes. Dans les vestiaires, Hilde Van Herwijnen et Emmeline Mainguy, « les doyennes », sont d'excellents relais pour délivrer des consignes tactiques au groupe. Pour la nouvelle capitaine de la maison « Rouge et Bleu », "On est toutes des capitaines sur le terrain. C'est juste qu'il y en a une qui porte le brassard. On doit toutes être ensemble". Prochaine étape dans un futur proche pour cette footballeuse et éducatrice : grappiller quelques minutes de temps de jeu en D2, histoire de lui remémorer une fois de plus tout le chemin parcouru.
> D3F. J12 - ALC Longvic (10e - 11 points) / SM Caen (8e - 14 points), dimanche 16 février à 14 H 30 au Stade Maurice-Colson.
Léa Quinio
A Longvic, une confrontation importante dans la course au maintien

En déplacement à Longvic, Morgane Hauvet et ses coéquipières disputeront un match très important ce week-end contre un concurrent direct au maintien. ©Damien Deslandes
Quand elle enfile le brassard autour de son biceps, Morgane Hauvet a la hargne et un esprit de compétition qu'on ne peut lui retirer. Ses adversaires sont prévenues, « Momo » ne lâchera rien. Encore moins ce week-end, lorsqu'elle affrontera Longvic, un adversaire direct dans la course au maintien. Un rendez-vous qui marque aussi le coup d'envoi de la phase retour d'un championnat interminable. "C'est un match à gagner. Ramener les trois points, c'est obligatoire". A l'aller, les deux équipes s'étaient quittées sur un match nul (1-1). Lâcher des points n'est plus permis, notamment dans une poule totalement imprévisible et plein de surprises.
"A part Brest et Angers (11e et 12e), il y a peu d'écart entre les équipes. En un week-end, on peut perdre ou gagner des places, ça va très vite. Le classement ne veut presque rien dire", analyse Morgane Hauvet. Le Stade Malherbe (8e) ne devra pas prendre à la légère des Franc-Comtoises (10e) qui n'accusent que trois longueurs de retard sur lui. "C'est une équipe qui a la dalle. Elle n'est pas plus forte que nous sur le plan technique ou tactique mais elle ne lâche rien. Elle a gagné contre des grosses équipes. Ça sera une belle bataille". Parole de capitaine.