"La défaite de l'année dernière ? Je l'ai encore en travers de la gorge"
Marion Laporte fait partie de ces joueuses qui marquent une région. De l'Avant Garde, son club formateur, au Stade Malherbe, son club de rêve, l'ailière gauche a marqué les esprits de sa patte gauche et de sa personnalité hors du commun. Du haut de ses 29 ans, elle a décidé de raccrocher les crampons à la fin de cette saison et du maintien acquis en D3. Avant de fermer un chapitre de sa vie, il lui reste encore une opportunité de quitter le rectangle vert sur une bonne note. Ce dimanche, avec ses coéquipières, la Caennaise retrouve, en finale de la Coupe de Normandie, QRM, le tenant du titre. Si les Quevillaises viennent de valider leur montée en D3 et donc de rejoindre les « Rouge et Bleu » la saison prochaine, ce rendez-vous est l'occasion, pour chacun des deux camps, d'affirmer sa supériorité régionale. "Au-delà d'une finale ou d'un match gagné, cette rencontre permet d'envoyer un message pour l'année prochaine", lance Marion Laporte.
Les deux équipes se connaissent particulièrement bien. Et pour cause... Si les Malherbistes ont été les premières à grimper au niveau national il y a un an, les « Rouge et Jaune » avaient terminé le précédent exercice en remportant la Coupe de Normandie devant... le SMC (3-2). Cette défaite, Marion Laporte ne l'a visiblement toujours pas digérée. "Je l'ai encore en travers de la gorge. A nous de ramener le trophée à la maison", souffle-t-elle. "A chaque fois qu'on joue contre elles, il y a de l'enjeu. Parfois, on gagne, parfois, on perd mais c'est toujours un match particulier". Pour se hisser jusqu'en finale, les filles de Chloé Charlot ont successivement éliminé la Jeunesse Fertoise Bagnoles (24-0), l'Olympique Havrais Tréfileries-Neiges (5-1), l'US Avranches (11-0) et enfin l'US Alençon (4-2). Pour l'attaquante caennaise, contrairement à ce qu'on pourrait penser de l'extérieur, il n'y a pas de parcours facile. "On croit souvent que la coupe est une formalité. Le dernier match contre Alençon n'était pas fait. On a beaucoup travaillé pour en arriver là".
Face à QRM, son plus sérieux rival depuis trois ans sur la scène normande, c'est un peu le jeu de celui qui craquera le premier. Le Stade Malherbe veut prendre sa revanche, Quevilly-Rouen, de son côté, vise le doublé. "C'est vrai qu'elles ont une belle attaque, mais nous on a une bonne défense, ça tombe bien !", sourit Marion Laporte avec toute la spontanéité qui la caractérise tant. Sur le papier, les « Rouge et Bleu » sont favorites, de par leur statut. "On sort d'un championnat de niveau national, avec de l'expérience emmagasinée. On a réussi à accrocher des équipes comme Saint-Malo, qui monte en D2".
"Une coupe, on la prend, on la ramène, on fait la fête dans les vestiaires. J'en rêve"
Joueuse du cru, Marion Laporte est une habituée de ces finales régionales. C'est bien simple, elle y a pris part en U16, en U18 et chez les seniors. Si elle est incapable de compter le nombre de trophées qu'elle a soulevé, la joueuse du SMC aime participer à la magie de cette compétition. D'ailleurs, cette saison, cette épreuve lui sourit bien. Buteuse contre Avranches et Alençon, elle rêve de reproduire le même scénario ce dimanche. "J'ai autant envie de marquer que de faire un beau centre au deuxième poteau car je ne l'ai pas encore fait cette année", dit-elle, dans un sourire. "On se souvient toujours d'une coupe gagnée. Je me rappelle d'une finale contre Condé-sur-Noireau, une gardienne avait été mise sur le terrain et on avait gagné", plaisante celle qui a commencé le foot à l'âge de huit ans. "Au-delà des photos, ça reste dans la mémoire des filles. Avoir une coupe, c'est matériel, on la prend, on la ramène, on fait la fête dans les vestiaires. J'en rêve".
Faire la fête, l'attaquante de 29 ans en rêve pour finir en beauté sa carrière. Si sa vie a toujours tourné autour du ballon rond, l'heure est arrivée de tourner la page. La fin d'un cycle. "J'ai eu des événements dans ma vie qui font que je ne peux plus être à 100%. Je ne voulais pas faire une saison de trop", analyse l'ailière, devenue maman. "Je préfère m'arrêter là avant d'avoir l'impression de régresser". Ce dimanche, Marion Laporte chaussera les crampons pour la dernière fois devant ses proches. Au coup de sifflet final, elle ne pensera sans doute pas à ce que sa vie deviendra sans le foot, mais elle se plongera dans sa boîte à souvenirs. "Ce qui je retiens le plus, c'est les rencontres que j'ai faites et les moments particuliers : les montées, les défaites, les matches universitaires, les instants partagés dans le vestiaire. Ce dont on se rappelle, c'est ce qui sort de l'ordinaire". Le football normand retiendra, lui, une joueuse capable de l'extraordinaire.
> Coupe de Normandie Féminines. Quevilly-Rouen Métropole (R1) / SM Caen (D3), dimanche 16 juin à 16 H 30 au Stade du Hazé.