Puissant, rapide, loin d'être maladroit devant les cages adverses... Pour de nombreux observateurs de la Ligue 2, le Parisien Gaëtan Laura (trois buts pour une passe décisive, un CSC provoqué) est la révélation de ce premier quart de championnat. Rien d'étonnant pour Manu Da Costa, son entraîneur la saison dernière à Quevilly-Rouen. "C'est un diamant brut qui commence tout juste à être poli", se montre élogieux celui qui se trouve désormais à la tête du SC Lyon (N1). Il faut dire qu'en inscrivant 11 réalisations en 23 apparitions (plus six passes décisives), l'attaquant ornais, pour son baptême du feu en N1, a largement contribué au maintien de son équipe. "Il est doté d'un potentiel athlétique de très haut niveau. Et je ne parle pas de Ligue 2. S'il continue comme ça...". Les performances du n°7 du PFC ont, d'ailleurs, déjà éveillé la convoitise d'écuries étrangères ainsi que de formations de L1.
"Pour moi, c'est un joueur de Ligue 1", appuie Trésor Luntala qui fut son coéquipier à l'US Alençon à ses débuts en DH, alors âgé de 17 ans, en 2012. "A l'époque, on avait tous vu qu'il était taillé pour le haut niveau". Pourtant, tout ne fut pas simple dans la carrière de Gaëtan Laura. Ses deux passages au centre de formation de Lorient (2013-2015) puis de Lens (2018-2019), à chaque fois sous la direction de Franck Haise, l'actuel coach des « Sang et Or », ne lui ont pas permis de décrocher un contrat « pro ». "Il a connu des échecs. Il a commis des erreurs, comme tout le monde mais il a toujours cru en lui. Son parcours mérite le respect".
"Plusieurs personnes m'avaient déconseillé de le prendre", rappelle Manu Da Costa qui ne cache pas qu'il a eu son lot de tensions avec son ex-protégé. "Gaëtan est quelqu'un d'entier avec beaucoup de caractère ; ce qui n'est pas toujours bien compris. Il avait aussi besoin de se structurer, d'apprendre les codes du foot de haut niveau. Il a eu l'intelligence de travailler. Il a adopté la bonne attitude. Et quand vous avez gagné sa confiance, il devient un véritable soldat", décrit le technicien franco-portugais qui salue la qualité de l'entourage du natif d'Argentan (il a tapé dans ses premiers ballons à l'UFA puis à l'ASPTT). "Il a la chance d'être très bien entouré. Ses agents savent lui remonter les bretelles quand il le faut mais également l'encourager. Ce n'est pas le cas pour tous les joueurs".
Le Stade Malherbe n'aurait pas été opposé à le faire signer
Avant de se révéler sous le maillot « Jaune et Rouge », c'est à Evreux (2016-2018) que Gaëtan Laura s'est relancé. "Il est arrivé en décembre après six mois sans club (sa précédente expérience remontait à l'exercice 2015-2016 avec Saint-Lô). Lors de son essai, il avait des jambes de feu", rembobine Dramane Dillain, nullement effrayé par la réputation d'ingérable que le Parisien traînait comme un boulet. "Il avait eu des problèmes de comportement. Ce n'est pas le seul. J'ai l'habitude d'en gérer. C'est vrai que c'est un garçon atypique mais il est aussi attachant", souligne l'entraîneur de l'EFC 27 à l'époque. Si le coach ébroïcien reconnaît que ce recrutement constituait une forme de pari, son choix va rapidement être validé sur le terrain.
"Quand il nous rejoint, on joue le maintien (en CFA2). Sur un match décisif en fin de saison, contre la réserve d'Avranches, on gagne 4-1 avec trois passes décisives de Gaëtan. Il avait fait des différences énormes. Il avait tellement donné qu'il avait même fait un petit malaise vagal. Ses coéquipiers, le staff, on l'avait tous attendu à sa sortie de l'hôpital", raconte Dramane Dillain. L'exercice suivant, l'attaquant va marquer à 22 reprises "sans tirer les penalties et avec une dizaine de passes décisives". Sans oublier une prestation XXL au 7e tour de la Coupe de France face au Havre qu'il avait grandement contribué à éliminer (3-2).
Très courtisé cet été notamment par une équipe étrangère disputant la League Europa, Gaëtan Laura s'est engagé avec le PFC jusqu'en 2023. "Gaëtan a démontré une réelle volonté d'y aller. Les dirigeants parisiens s'étaient positionnés très tôt", révèle Manu Da Costa. Selon nos informations, le Stade Malherbe n'aurait pas été opposé à le faire signer. Le directeur sportif Yohan Eudeline serait venu aux renseignements. Problème, à ce moment-là, le club caennais - qui n'avait pas donné suite à un essai en 2013 ; la faute, entre autres, à des résultats scolaires insuffisants - était soumis à un encadrement de sa masse salariale par la DNCG, rendant impossible tout type de négociation. Samedi, à partir de 15 heures, il se trouvera dans le camp d'en face et constituera la principale menace pour la meilleure défense de Ligue 2 (à égalité avec Amiens avec quatre buts encaissés).
> L2. J9 - Paris FC (1er - 19 points) / SM Caen (3e - 14 points), samedi 31 octobre à 15 heures au Stade Charléty.