94' samedi dernier. Le Stade Malherbe mène depuis quelques instants grâce à Jessy Deminguet quand Rémy Riou claque au-dessus de sa transversale une reprise acrobatique du Guingampais Yeni Ngbakoto. Une dizaine de minutes auparavant, le gardien caennais avait déjà sorti le grand jeu en remportant son face-à-face devant Matthias Phaëton (81'). Deux arrêts qui résument à merveille le début de saison presque parfait du portier normand, très loin d'être étranger à la solidité du SMC (meilleure défense de Ligue 2 avec quatre buts encaissés, six clean sheet en huit sorties). Problème, Rémy Riou pourrait être indisponible pour le choc contre le Paris FC. Sur l'ultime séance, vendredi matin, l'ex-Nantais a été victime "d'une petite torsion à un genou", dixit Pascal Dupraz.
En conférence de presse, le coach savoyard ne s'est guère montré inquiet sur l'état de santé de son habituel n°1. Coup de bluff, Méthode Coué ou véritable certitude ? Dans l'hypothèse où ce forfait serait officialisé, le technicien malherbiste sera obligé de jeter dans le grand bain un bizuth : Sullivan Péan (21 ans depuis mardi, 1,92 m) ou Garissone Innocent (20 ans, 1,91 m). Une perspective qui ne l'effraie nullement : "Je ne tremble pas pour autant. Il y a un travail remarquable qui est fait avec nos gardiens à l'entraînement par Eddy et Séb (Costil et Moncé, respectivement entraîneur spécifique des groupes Pro 1 et Pro 2)".
Avant de lancer, avec le sourire : "Ils ont de très bonnes attitudes, ils progressent. Ils correspondent à des morphotypes contemporains. Ils n'ont aucun mal à toucher la barre". La présence sur la feuille de match de Sullivan Péan lors des deux journées précédentes (à Niort et contre Guingamp) laisse présager que le Manchois tient la corde dans l'esprit du patron sportif caennais. Un baptême du feu chez les « pros » qui constituerait une récompense pour "ce forcené de boulot" et viendrait, par la même occasion, confirmer sa fulgurante ascension. Au mois de mars, au moment du confinement (le premier), le n°40 des « Rouge et Bleu » n'apparaissait que comme un cinquième choix (derrière Rémy Riou, Thomas Callens, Erwin Zelazny et Marvin Golitin) !
Il y a cinq ans, Sullivan Péan gardait les cages des U17 DHR de Tourlaville
"Bien sûr qu'il a des secteurs à perfectionner mais Sullivan est ce qu'on appelle un gardien moderne. Il est complet. Il possède une grande envergure sur sa ligne et une bonne présence dans le domaine aérien", détaille Erwin Zelazny qui l'a côtoyé durant quatre mois cet été avant de quitter le club normand, fin septembre. "De ce que j'ai vu jusqu'à mon départ et de ce qu'on m'en a dit après, il s'est montré très performant avec la réserve, en N2, dans un championnat intéressant ainsi qu'aux entraînements. De toute façon, s'il postule, peu importe la raison, c'est que le coach lui fait confiance et l'estime prêt", poursuit l'ancienne doublure de Rémy Riou. Qu'il semble loin le temps où Sullivan Péan défendait les couleurs des U17 DHR de Tourlaville (dont il est originaire). Pourtant, cela remonte à seulement cinq ans.
"Je l'avais repéré là-bas. Même s'il n'avait pas eu de formation dans une structure de haut niveau, il dégageait déjà une prestance. Et il avait des qualités physiques au-dessus de la moyenne avec un gabarit impressionnant. On lui avait présenté un projet en adéquation avec ses capacités avec notamment l'intégration à notre section sportive. Pour nous, c'était une évidence", rembobine Matthieu Chevreau qui l'avait fait venir au FC Saint-Lô en 2015 pour garder les cages de la réserve, en R2 à l'époque.
Avant d'ajouter : "C'est un garçon très posé, très intelligent, très mature pour son âge. Pour l'avoir revu il n'y a pas si longtemps, il n'a pas changé. Il a toujours les pieds dur terre". "Au-delà de ses qualités footballistiques, c'est un bon gars sur qui un coach et une équipe peuvent compter", corrobore Erwin Zelazny. Des atouts, sur et en dehors du terrain, qui n'avaient pas échappé à Philippe Duclos. "Je me souviens de l'avoir supervisé à trois reprises dont une fois alors qu'il tombait des trombes d'eau. A chaque fois, il avait été performant", confie l'ex-scout du Stade Malherbe qui l'avait conseillé à Francis De Taddeo, le directeur du centre de formation, après même pas une saison à Saint-Lô. "C'est vrai que sur ce coup, on avait eu du flair", en rigole Matthieu Chevreau. Le responsable de la « B » saint-loise ne croit peut-être pas si bien dire.
> L2. J9 - Paris FC (1er - 19 points) / SM Caen (3e - 14 points), samedi 31 octobre à 15 heures au Stade Charléty.
Garissone Innocent a besoin de temps
En concurrence avec Sullivan Péan pour éventuellement suppléer Rémy Riou, Garissone Innocent semble partir, pour ce week-end, avec une longueur de retard. "Gari, son seul handicap, qu'on est en train de combler, c'est qu'il n'avait pas joué de matches depuis tellement longtemps. C'est pourquoi on a cru bon et opportun de lui donner du temps de jeu avec la réserve (il était titulaire en N2, il y a huit jours, face à Plabennec)", explique Pascal Dupraz. Et pour cause, quatrième dans la hiérarchie des portiers parisiens, derrière Keylor Navas, Sergio Rico et Marcin Bulka, le néo-Caennais, qui s'est principalement illustré en U19 et en Youth League (la C1 de cette catégorie d'âge), possède une expérience du haut niveau limitée. Avant de poser ses valises en Normandie (prêté avec option d'achat par le PSG), il ne comptait que trois apparitions en N2 et une seule sur le banc chez les « pros ».
"L'objectif était de lui donner encore un peu de temps de jeu avant d'équilibrer les apparitions chez les pros", poursuit le coach savoyard qui envisageait, à terme, une alternance entre ses deux jeunes gardiens pour le rôle de doublure de Rémy Riou. "L'idée, avec Sullivan, était qu'ils fassent deux matches sur le banc avec les pros pour apprendre en voyant évoluer Rémy et l'équipe puis deux autres avec la Nationale 2 où ils auraient mis en application cet apprentissage et le travail qu'ils font à l'entraînement". Un plan qui risque bien d'être bousculé avec la blessure du titulaire du poste.