Une prise de conscience à adopter de la part des joueurs
"Je pense qu'on se maintiendra même si on ne sait jamais ce qui peut se passer", estimait Yoann Court. "On le sait que ces six matches vont être très difficiles mais on y croit, on est sereins, ça va aller", évoquait, de son côté, Nicholas Gioacchini. "On n’était pas prêts à jouer le maintien. Maintenant, on y est obligés", soulignait, pour sa part, Jonathan Rivierez. Datées d'une semaine, avant et après la (énième) claque reçue à Grenoble (défaite 3-1), ces déclarations, bien que partiellement hors de leur contexte (on le reconnaît), traduisent un certain état d'esprit qui règne au sein de l'équipe caennaise : c'est-à-dire que le pire ne peut arriver au Stade Malherbe (15e), réfugié derrière son matelas (percé) de cinq points d'avance sur le 18e.
Et pourtant... A ce rythme, la désillusion risque d'être immense. La place de barragiste semble lui tendre les bras. Depuis son entrée dans le monde professionnel, au cœur des années 1980, et à l'exception peut-être de l'exercice 2000-2001 conclu par un sauvetage à l'avant-dernière journée, jamais le SMC ne s'est retrouvé autant en danger de descendre en troisième division. Pour sauver l'essentiel ; c'est-à-dire sa peau en Ligue 2, il paraît indispensable que le groupe normand prenne véritablement conscience de la gravité de sa situation. Au regard de ses deux dernières prestations, on n'en n'est pas pleinement convaincu. Plus que des paroles, les supporters « Rouge et Bleu » attendent désormais des actes.
Tous les indicateurs sont au rouge
A défaut de se trouver dans la zone en question, tous les indicateurs sont au rouge au Stade Malherbe. A commencer par la dynamique. Depuis la mi-novembre, les Caennais, derniers de la classe sur la phase retour, n'ont remporté que deux rencontres sur 21 (pour dix nuls et neuf défaites). Avec Troyes (1er), Sochaux (7e), Auxerre (6e) mais aussi Toulouse (3e) et Clermont (2e) d'ici le 15 mai, leur calendrier, incontestablement le plus compliqué de tous les candidats à la lutte contre la relégation, n'incite guère à l'optimisme. Encore moins le contenu de leurs prestations. Quel que soit le résultat de son périple dans l'Aube, samedi, le SMC jouera une grande partie de son avenir, trois jours plus tard, lors de la réception du Dunkerque de Fabien Mercadal (17e), un concurrent direct pointant à deux longueurs avec un match de moins.
Un effet Vandeputte invisible... jusqu'à présent
Il ne faut pas se mentir, la maison « Rouge et Bleu » brûle et on a dû mal à voir qui peut enfiler le costume de pompier de service pour éteindre l'incendie. Le choc psychologique tant espéré avec la promotion interne de Fabrice Vandeputte en lieu et place de Pascal Dupraz a, pour le moment, fait pschitt ! A sa décharge, il faut bien avouer que le Ch'ti a récupéré une situation hautement explosive, que peu parviendraient à redresser en si peu de temps. Toutefois, les doutes qui ont entouré sa désignation ne se sont pas dissipés. Bien au contraire. Rappelons que le coach intérimaire vit sa première expérience à la tête de « pros » et n'avait plus dirigé l'équipe première d'un club depuis le début des années 2000, à Chantilly (DH-CFA2), au croisement de ses carrières de joueur et d'entraîneur. Est-il l'homme de la situation ?
D'ailleurs, un peu plus de trois semaines après sa nomination, l'ex-responsable de la réserve cherche encore la formule adéquate. De l'extérieur, on a du mal à comprendre la ligne directrice qui anime le technicien. Après avoir convoqué de nombreux jeunes (Aloys Fouda, Ilyes Najim, Azzedine Toufiqui...) pour son baptême du feu à la tête du SMC contre Pau (1-1) ; certes en partie imposé par les circonstances du moment (suspensions de Jonathan Rivierez, Alexis Beka Beka et Nicholas Gioacchini, blessure de Yoël Armougom), Fabrice Vandeputte a rappelé, huit jours plus tard face à Grenoble, plusieurs éléments expérimentés à l'image d'Anthony Weber (même si ce dernier est resté sur le banc). Pour le déplacement chez le leader troyen, le coach normand devrait de nouveau procéder à quelques changements dans son groupe vraisemblablement privé, à cause de pépins physiques, de Jessy Deminguet et Benjamin Jeannot.
Des choix qui interpellent
A l'inverse, des joueurs paraissent, eux, définitivement écartés tel le « vétéran » Anthony Gonçalves (35 ans). Si ses prestations balle aux pieds ne lui confèrent aucun passe-droit, il est curieux de se priver complètement de son côté « guerrier », surtout au sein d'un collectif en manque criant de leaders. A moins qu'une raison justifiant ce déclassement ne nous ait pas été communiquée. Au-delà de la composition de ses « 18 », certains de ses choix interpellent. Malgré un apport offensif non-négligeable (il se trouve à l'origine de l'égalisation d'Andreas Hountondji au Stade des Alpes), les errements défensifs à répétition de Yoël Armougom au poste de latéral gauche, fragilisent à chaque fois une arrière-garde déjà fort peu solide. Il y a une semaine, son intervention kung-fu, totalement inappropriée, a débouché sur le deuxième but grenoblois. A la lecture des images, un simple repositionnement pour contenir son vis-à-vis aurait paru plus judicieux. Face à l'ESTAC, le problème de sa titularisation ne se posera pas. Touché à une cuisse, le Réunionnais est forfait. Steeve Yago, de retour de sa septaine après son passage en sélection du Burkina Faso, voire Hugo Vandermersch (deux droitiers) postulent pour le remplacer.
Des tribunes ou derrière son poste de télévision, l'obstination à aligner Nicholas Gioacchini dans le couloir droit où il est de moins en moins à l'aise sortie après sortie interroge également. L'international américain est clairement un joueur axial, seul ou associé à un autre attaquant. De même, Prince Oniangué n'a visiblement plus les jambes pour évoluer au milieu de terrain. Par contre, son apport en charnière centrale, comme contre Pau, peut se révéler précieux. Quels que soit les hommes titularisés, il paraît indispensable de renforcer le cœur du jeu avec un troisième élément afin de protéger une défense trop souvent livrée à elle-même. Avec une formule à deux milieux, à plat, comme lors des deux dernières journées, le Stade Malherbe se fait trop régulièrement transpercer. Dans tous les cas, pour s'en sortir, le club caennais doit espérer que ses individualités augmentent considérablement leur niveau de jeu dans tous les domaines (technique, tactique, agressivité...).
> L2. J33 - Troyes (1er - 62 points) / SM Caen (15e - 36 points), samedi 17 avril à 15 heures au Stade de l'Aube.