Les moins de 20 ans ne le savent peut-être pas mais avant de s'asseoir sur un banc de touche, Serge Le Dizet (57 ans) a effectué une brillante carrière crampons aux pieds. Pratiquement 500 matches chez les professionnels au compteur de Rennes à Nantes en passant par Quimper, avec comme point d'orgue, ce titre de champion de France avec les Canaris en 1995. La saison suivante, avec également dans ses rangs Japhet N'Doram, Claude Makélélé ou encore Benoît Cauet, la « Maison jaune » atteint les demi-finales de la Ligue des Champions contre la Juventus ; une formation turinoise qui soulèvera le trophée quelques semaines plus tard. 14 années au FC Nantes*, dont six sous les ordres de Jean-Claude Suaudeau puis Raynald Denoueix qui ont profondément inspiré l'un des deux adjoints de Stéphane Moulin.
"En signant là-bas (en 1992), j'ai découvert l'importance de l'entraînement. Avant, comme beaucoup de joueurs, je consommais les séances sans vraiment me demander quel était le but. Tu viens, tu t'entraînes mais tu ne sais pas forcément ce que tu recherches. A Nantes, je me suis très vite adapté car j'ai trouvé de l'intérêt dans tout ce qu'on faisait à l'entraînement", souligne l'ex-latéral droit. Sur les bords de la Loire, Serge Le Dizet s'est imprégné de deux notions, primordiales à ses yeux et qui le guident, aujourd'hui, au quotidien dans sa mission de technicien : le plaisir et le collectif.
"Certes, le foot est notre travail mais c'est avant tout un jeu. Et à Nantes, s'il est vrai qu'on avait des individualités très fortes, on pouvait surtout s'appuyer sur des garçons qui jouaient les uns pour les autres", poursuit le membre du staff caennais qui se souvient des propos de « Coco » Suaudeau. "Il nous disait : « Tu ne viens pas à l'entraînement pour taper dans un ballon. Tu viens pour mieux connaître tes partenaires, ton environnement ». Que ce soit hier à Angers ou actuellement au Stade Malherbe, il tente de transmettre cette philosophie aux nouvelles générations mais pas seulement. A travers des exercices sur l'anticipation, la prise d'infos, les distances à respecter, le n°2 de Stéphane Moulin (un statut qu'il partage avec Patrice Sauvaget) travaille énormément sur le thème de la concentration. "Ce sont des éléments dont on a besoin dans le football, encore plus qu'auparavant car on constate que les jeunes sont moins concentrés qu'avant".
Une expérience de n°1 au profit de son rôle d'adjoint
S'il n'a jamais évolué chez les Canaris, Stéphane Moulin s'épanouit pleinement dans cette conception du football. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si les deux hommes collaborent ensemble depuis dix ans. "Très rapidement, on a appris à se connaître. On a très vite travaillé les yeux fermés. Ça s'est fait naturellement. On a rarement été en désaccord". En première ligne au FC Nantes mais aussi durant une saison à Dubaï (2007-2008), Serge Le Dizet a mis à profit ses expériences pour devenir un adjoint utile à son n°1. "Je comprends Stéphane car j'ai connu toutes les situations qu'il vit que ce soit avec les joueurs, les dirigeants, les journalistes...". Au-delà de ses fonctions technico-tactiques, l'ancien angevin réalise un important travail d'observation auprès du groupe.
"Mon rôle, c'est d'anticiper les choses qui pourraient perturber Stéphane, sentir quand une situation peut devenir explosive et la déminer", indique le natif de Douarnenez dans le Finistère qui, comme Patrice Sauvaget, n'a pas hésité une seconde pour accompagner l'ex-coach du SCO dans cette nouvelle aventure en Normandie. "Tout le monde est content qu'on soit là. On ressent vraiment de la chaleur humaine autour de nous. Après, même si ce terme est à nuancer quand on parle de football, on s'est également rendu compte de la souffrance que les gens à l'intérieur du club mais aussi autour ont éprouvé".
Il faut dire que les trois dernières saisons ont été particulièrement pénibles du côté du Stade Malherbe. Conséquence : au regard du pedigree de Stéphane Moulin et de son staff, l'attente est grande chez les supporters « Rouge et Bleu ». L'entraîneur adjoint en est parfaitement conscient. "Attention, ce n'est pas nous qui nous jouons sur le terrain", prévient-il. Sans aller jusqu'à parler de reconstruction, Serge Le Dizet évoque la volonté de "bâtir quelque chose d'un peu plus simple et sain". "On va faire le maximum pour que les gens reprennent du plaisir à travailler ensemble", ajoute-t-il. "Le stage (à Deauville) a servi à ça. Vous savez, le résultat est la conséquence d'une multitude de facteurs. Je crois beaucoup au rapport mérite-chance. Si on fait tout pour, on a quand même plus de chances à moyen et long terme d'y parvenir". En engageant Stéphane Moulin et son staff, les dirigeants du SMC espèrent avoir mis un maximum d'atouts de leur côté.
*Après avoir porté le maillot du FC Nantes pendant six saisons (1992-1998), Serge Le Dizet est devenu éducateur au centre de formation ; une structure qu'il a dirigée avant d'entraîner l'équipe professionnelle (janvier 2005 - septembre 2006).