Foot Normand

Stade Malherbe : un retour aux sources pour Olivier Pickeu

Une trentaine d'années séparent ces deux clichés entre Olivier Pickeu le joueur qui lança sa carrière professionnelle à Caen en 1989 et Olivier Pickeu le dirigeant sur le point d'être nommé président du Stade Malherbe.

Le SMC 10 et le Club des 50 ayant accepté de céder l'intégralité de leurs parts (les deux entités en possédaient respectivement 80% et 20%), plus rien ne s'oppose au rachat du Stade Malherbe par Pierre-Antoine Capton, architecte de ce projet de reprise, et le fonds d'investissement américain Oaktree. Une vente qui sera définitivement officielle d'ici deux à trois semaines à l'issue de l'assemblée générale de la SASP. Alors que Fabrice Clément n'a pas été conservé par les nouveaux actionnaires à la tête du club normand, la prochaine étape de ce processus va voir Olivier Pickeu lui succéder comme président. En marge de la réception d'Ajaccio ce samedi, un conseil de surveillance exceptionnel va acter ce changement annonce le quotidien L'Equipe.

Au-delà de cette fonction qui témoigne de la confiance accordée par les futurs dirigeants caennais, Olivier Pickeu sera notamment responsable de toute la politique sportive du SMC, et bien entendu du recrutement. Il s'appuiera, dans un premier temps, sur les hommes en places : le directeur général Arnaud Tanguy et le directeur sportif Yohan Eudeline ; ce dernier ayant été l'un de ses scouts à Angers. Pour l'ex-manager général du SCO, il s'agit d'un retour aux sources. C'est effectivement sous les couleurs « Rouge et Bleu » qu'il a lancé sa carrière de joueur professionnel en 1989 !

35 apparitions en deux saisons pour cinq buts

"Un jour, j'ai vu à la TV un Caen - Toulouse. J'ai adoré l'atmosphère un peu britannique du club qui jouait encore à Venoix. J'ai dit à l'un de mes amis qui regardait le match avec moi : « C'est là que je veux signer ». Deux semaines après, Robert Nouzaret (l'entraîneur de l'époque) m'appelait", confiait-il, il y a quelques années, interviewé en amont d'une confrontation entre Angers et le SMC pour le magazine ALLEZ CAEN. "J'ai démarré en pro le 2 août 1989 (succès 2-0 à Toulon). Je me souviens de la date, car un premier match en D1, ça marque". Durant deux saisons (1989-1990 puis 1991-1992*), celui qui fut formé à Lille et l'INF Vichy a défendu le maillot malherbiste à 35 reprises toutes compétitions confondues, inscrivant cinq buts.

Même s'il se trouvait dans l'ombre du duo Stéphane Paille - Xavier Gravelaine, l'attaquant natif d'Armentières dans le Nord a contribué à écrire l'une des plus belles pages de l'histoire du SMC avec cette qualification en Coupe UEFA. "C'était un moment tellement fort et unique, un partage incroyable avec le public. Je ressens beaucoup d'émotions à en parler encore aujourd'hui", racontait-il à l'époque. Transféré à Montpellier à l'été 1992, il ne participa pas à la double confrontation contre Saragosse. Mais de son passage en Stade Malherbe, Olivier Pickeu a conservé de solides attaches familiales. Et pour cause, c'est à Caen qu'il a rencontré son épouse. "Toute ma belle-famille est normande". A partir de ce samedi (même si techniquement, il est au travail depuis déjà plusieurs semaines), Olivier Pickeu va ouvrir le deuxième chapitre de son aventure en « Rouge et Bleu ».

*Entre ces deux saisons, Olivier Pickeu fut prêté à Tours en D2.

> L2. J2 - SM Caen (10e) / AC Ajaccio (12e), samedi 29 août à 15 heures au Stade Michel-d'Ornano

A Angers, une histoire d'amour qui s'est mal terminée

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Olivier Pickeu sur la pelouse du Stade Diochon en janvier. A l'époque, il était toujours le manager général du SCO.

« Les histoires d'amour finissent mal en général », chantaient les Rita Mitsouko en 1986. Celle qui a uni Olivier Pickeu au SCO n'a pas dérogé à cet adage. Pendant 14 ans, l'ancien attaquant a été le manager général d'Angers. Une éternité dans un monde du football moderne où l'instabilité est souvent de rigueur. Avec le président Saïd Chabanne et l'entraîneur Stéphane Moulin, le futur boss du Stade Malherbe a symbolisé la réussite des « Noir et Blanc ». A son arrivée en 2006, le club évoluait en National 1. Quand il a été prié de faire ses valises il y a cinq mois, Angers était solidement encré en Ligue 1 (en attaquant sa sixième saison consécutive à ce niveau).

"C'est d'une violence terrible. C'est comme si on était viré de chez soi"

En Anjou, Olivier Pickeu s'est forgé une solide réputation en matière de mercato. Nicolas Pépé, Jeff-Reine Adélaïde et Karl Toko Ekambi, soit autant de joueurs sur lesquels d'importantes plus-values ont été réalisées, c'est lui. Sans parler de Flavien Tait, Romain Saïss ou encore Sofiane Boufal... La liste est longue. Dans un club au budget limité, le manager général a fait étalage de son flair pour dénicher des éléments dans des divisions inférieures ou à la carrière à l'arrêt. Sous le maillot « Noir et Blanc », ils se sont ensuite révélés, contribuant largement aux bonnes performances du SCO.

Ce conte de fées s'est arrêté brutalement le 10 mars. Ce jour-là, Olivier Pickeu s'est vu signifier sa mise à pied à titre conservatoire par Fabrice Favetto Bon, le nouveau président délégué angevin qui a depuis quitté ses fonctions. "C'est d'une violence terrible. C'est comme si on était viré de chez soi. Je ne pouvais plus entrer dans les locaux, plus parler aux joueurs, au staff. Je pensais partir du club la tête haute, avec le torse bombé", racontait-il dans des entretiens accordés à L'Equipe et à la presse régionale fin juin. Entre-temps, il s'était vu notifié son licenciement pour « fautes caractérisés et répétées de nature à porter atteinte aux intérêts du club ».

Rendez-vous le 9 septembre devant les Prud'hommes

Que lui reproche-t-on exactement ? Dans ces mêmes interviews, le principal intéressé l'a révélé : "Premièrement, un dénigrement envers le président et l'entraîneur. Deuxièmement, un document signé qui empêcherait le club de percevoir les indemnités de formation d'un jeune (Marveen Moreira) qui a joué deux ans chez nous". Un renvoi qu'Olivier Pickeu conteste fermement. "Je n'ai commis aucune faute. J'attends avec impatience le 9 septembre pour que mon avocat puisse démontrer l'inanité de ce dossier". C'est à cette date que les deux parties, le club et son ancien salarié, se retrouveront devant les Prud'hommes.

"Il n'y a pas à fantasmer (sur son contrat). J'avais juste un intéressement sur les transferts"

Depuis ce départ forcé, il a beaucoup été question dans les médias du contrat de l'ex-manager général du SCO. "Il n'y a pas à fantasmer sur mon contrat. J'avais juste un intéressement sur les transferts", a-t-il balayé. Une méthode qui peut peut-être choquer les néophytes du ballon rond. Mais au regard des sommes perçues par son employeur*, il ne paraît pas scandaleux que le principal artisan de ses transactions en touche une partie. De l'extérieur, tout le monde semble gagnant. On ne peut souhaiter qu'au Stade Malherbe ainsi qu'à tous ses amoureux d'être confrontés à ce type de dilemme d'ici quelques années.

*Rien que sur les transferts de Romain Saïss, Flavien Tait, Nicolas Pépé, Karl Toko-Ekambi et Jeff Reine-Adélaïde, Angers SCO a réalisé une plus-value de 63,1 M€ sans compter les éventuels bonus tels des pourcentages à la revente.

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