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Sur les corners, il se passe toujours quelque chose avec Malherbe

Depuis le début de la saison, le Stade Malherbe présente le taux de réussite le plus faible de Ligue 2 concernant les duels aériens (40,4%).

Depuis le début de la saison, 29% des buts en Ligue 2 sont inscrits sur phases arrêtées ; un taux identique à celui observé lors de la Coupe du Monde 2018 en Russie, record de la compétition. Un domaine qui concerne particulièrement le Stade Malherbe. Depuis le coup d'envoi du championnat, alors que les Caennais éprouvent toutes les peines du monde à se procurer des occasions dans le jeu, les situations arrêtées constituent à coup sûr un moment d’excitation dans les travées (c'était déjà le cas sous Rui Almeida). Pour le meilleur et pour le pire :

64% des buts encaissés par l'équipe de Pascal Dupraz l’ont été suite à une phase arrêtée (un coup franc, une touche, deux penalties et trois corners). Les corners défensifs constituant une vraie faiblesse sachant qu’il est plus probable de marquer sur corner que sur un coup franc (2,1% contre 1,1% en moyenne).

43% des buts inscrits par la formation de Pascal Dupraz l’ont été après une phase arrêtée (deux penalties, deux corners, un coup franc direct et une touche).

Quand un corner se retourne contre son bénéficiaire

Si l'on s'attarde plus particulièrement sur les corners, on va d’abord s’intéresser au nombre de joueurs dit actifs et passifs en comptabilisant ceux présents dans la surface de réparation. Bien souvent, ce nombre va dépendre de la configuration de l’opposition. Par exemple, si l’équipe ayant concédé le corner pousse un, deux voire trois éléments jusqu'à la ligne médiane, son adversaire peut choisir de s’adapter en laissant un nombre conséquent de défenseurs. C’est un véritable rapport de force psychologique qui s’opère.

C’est exactement ce qui s’est produit sur le tout premier corner de l’ère Pascal Dupraz à d’Ornano contre Châteauroux (J10. 1-1 le 4 octobre). Le coach savoyard a imposé ce rapport de force avec trois joueurs sur la ligne médiane pour seulement sept défenseurs opposés à six attaquants plus le tireur. Mesurant moins de 1,76 m, Jan Repas, Caleb Zady Sery et Yoël Armougom n’ont pas participé à l’action défensive afin de privilégier une contre-attaque rapide ; un corner pouvant rapidement se retourner contre l’équipe qui en bénéficie si le ballon est dégagé dans une zone adéquate.

La transition défensive peut ainsi se révéler très vite délicate avec la moitié de l’équipe éliminée. Le meilleur exemple étant le troisième but caennais face au Mans (J15. 3-3 le 22 novembre). Caleb Zady Sery menant une contre-attaque sur 70 mètres avant de glisser son ballon pour Jessy Deminguet concluant en beauté pour son fameux triplé.

Anthony Gonçalves pris à défaut

Sur le deuxième but encaissé face à Rodez (J18. 2-1 le 13 décembre), Pascal Dupraz n’a pas répété cette prise de risque avec neuf joueurs de champ présents dans les 16,50 mètres (face à six adversaires). Deux tiers d'entre eux sont affectés à un marquage individuel, un septième couvre le premier poteau tandis que les deux derniers occupent une zone précise. Du côté ruthénois, on retrouve un groupe de cinq joueurs présents à l’entrée de la surface ; l'un d'entre eux est séparé du reste du groupe au niveau des 5,50 mètres. Celui-ci va plonger au premier poteau.

Afin de contrer le marquage individuel proposé par les Normands, les locaux constituent un bloc. Quatre d’entre eux plongent vers la droite pendant que le cinquième s’éloigne vers le second poteau pour désorienter Nicholas Gioacchini. Tous les attaquants se sont répartis les zones pour en couvrir un maximum. Aucune cible spécifique n'est visée. Au moment où le ballon redescend, les Aveyronnais sont placés tel un arc de cercle, anticipant ainsi la trajectoire sortante du ballon (corner tiré de la droite par un droitier).

Le faible espace entre les attaquants au départ des courses génère un trafic visant à perturber le marquage adverse. Etant donnée la distance d'où partent les Ruthénois, leurs courses profondes parviennent à le diluer. Un seul mètre pouvant suffire pour marquer. Anthony Gonçalves, par exemple, semble préférer garder une légère distance avec Pierre Bardy, le futur buteur, afin de conserver un avantage dynamique. Alors que la zone atteinte par le « cuir » est parfaite, empêchant le gardien Rémy Riou de sortir, le capitaine normand ne s'ajuste pas bien par rapport à la direction du ballon. Son attention se porte sur le ballon. Ce n’est pas la première fois qu'Anthony Gonçalves est pris à défaut sur son marquage. A Auxerre (J14. 1-1 le 8 novembre), il s'était déjà laissé surprendre par Rémy Dugimont au premier poteau.

% de duels aériens gagnés en Ligue 2 cette saison

% de duels aériens gagnés en Ligue 2 cette saison

Si le SMC souffre sur ses corners défensifs, cela ne constitue pas une surprise au regard des chiffres ; le Stade Malherbe présentant le taux de réussite dans les duels aériens le plus faible de Ligue 2 : 40,4%.

Les corners rentrants de Jessy Deminguet

Paradoxalement sur leurs corners offensifs, les Caennais sont plus en réussite grâce notamment à la qualité de passe des deux Jessy (Py et Deminguet) et au jeu de tête de Prince Oniangué. Depuis l’arrivée de Pascal Dupraz, la quasi-totalité des coups de pied de coin sont tirés rentrants ; ce qui a du sens puisque la réussite sur les corners rentrants est supérieure à celle sur les sortants : 2,7% des corners aboutissent à un but contre 2,2%. Ainsi, ils sont tirés de la gauche par le droitier Jessy Pi et de la droite par le gaucher Jessy Deminguet. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils sont tirés de la même manière : les mouvements des courses et les zones visées sont différents.

On remarque sur la cartographie que lorsque les corners sont bottés par Jessy Pi, les points de chute des centres sont plus épars et leur dénouement abouti rarement sur une frappe. A l'inverse, lorsqu'ils sont tirés par Jessy Deminguet, la zone visée est beaucoup plus concentrée avec une conversion en frappes beaucoup plus importante. Et cela s’est encore vérifié en Coupe de France face à Guichen (1/32e de finale. 2-1 le 4 janvier) avec deux buts inscrits sur corner après avoir visé une zone identique. Tout sauf un hasard.

En étudiant les dix derniers corners tirés par Jessy Deminguet, on observe des similitudes. Il y a souvent cinq de ses coéquipiers dans les 16,50 mètres, et au minimum un autre (voire plusieurs dans certains cas) à l'entrée de la surface de réparation. Sur les cinq joueurs dans la surface de réparation, l'un d'entre eux se positionne dans les 5,50 mètres, généralement au premier poteau jouant le rôle de leurre. Les quatre autres réalisent une course profonde dans l'axe depuis l'entrée des 16,50 mètres avant de se répartir les différentes zones afin de couvrir un maximum de terrain.

On ne peut pas les définir comme formant un bloc car il existe de l’espace entre eux. Leurs épaules ne se collant pas, ils ne créent pas un trafic dangereux pour leurs adversaires contrairement à ce qui a été décrit sur le but ruthénois. Les mouvements individuels des attaquants et leur répartition permettent tout de même de créer parfois une situation propre pour la zone spécifique visée par Jessy Deminguet. Le timing de course des attaquants combiné à l’ultra-précision du Lexovien sont les clefs de la réussite des corners offensifs caennais.

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