Foot Normand

Une renaissance finlandaise pour Killian Denoual

Killian Denoual s'est engagé pour une année avec le le Mikkelin Palloilijat, pensionnaire de la Veikkausliiga, la Ligue 1 finlandaise. ©DR

Le football peut vous conduire aux quatre coins de la planète. On ne cesse de le répéter. Preuve en est une nouvelle fois avec Killian Denoual. Il y a une semaine, ce défenseur central a signé son premier contrat professionnel... en Finlande avec le Mikkelin Palloilijat, 7e/12 de la dernière édition de la Veikkausliiga, la Ligue 1 locale. Mais comment ce jeune homme originaire de Rennes et qui a fréquenté pendant cinq saisons le centre de formation du Stade Malherbe (U17-U19-réserve) a-t-il atterri dans ce club situé au sud-est de ce pays, à proximité de la frontière russe ? Surtout qu'il y a un an en arrière, Killian Denoual avait bien d'autres préoccupations. Dans la nuit du 2 janvier (2020), l'ancien caennais se réveille avec des difficultés à respirer. La suite, c'est l'intéressé qui la raconte.

"Je me suis rendu aux urgences un peu en panique. J'étais en train de faire un pneumothorax"

"Je me suis rendu aux urgences un peu en panique. Des analyses ont montré que mon poumon droit se décollait. J'étais en train de faire un pneumothorax. Il fallait évacuer l'air de la plèvre. Malheureusement, la première tentative n'a pas réussi. J'ai donc dû subir une intervention plus lourde. J'ai passé deux-trois semaines à l'hôpital avant d'être alité chez moi. Je recevais des soins à domicile. Ça a duré un mois et demi, deux mois", explique un Killian Denoual aujourd'hui en parfaite santé. De nouveau sur pied, il décide de reprendre le football avec Dinan-Léhon (N3), un club avec lequel il s'était engagé au début de la saison suite à son départ du SMC.

Mais après 15 jours d'entraînement et sans avoir eu la possibilité de disputer le moindre match, la mise en place du premier confinement, courant mars, le coupe dans son élan. "J'ai essayé de rattraper mon retard physique tout seul sauf qu'avec le problème que j'ai eu au poumon, je ne pouvais pas soulever de poids. J'avais juste le droit de faire du renforcement musculaire et de courir. J'étais encore convalescent". Affecté également par des soucis personnels, celui qui a touché du doigt le monde professionnel avec le Stade Malherbe s'interroge alors sur la suite à donner à sa carrière naissante. De cette introspection en ressort une conclusion : "Je ne voulais plus jouer en France. Je voulais écrire une nouvelle histoire ailleurs".

Une courte expérience dans la grande distribution

Problème, les propositions n'affluent pas. "J'ai eu deux touches. Sur la deuxième, je devais effectuer un essai mais j'étais blessé à ce moment-là. Derrière, ce fut le néant", ne cache pas Killian Denoual qui a continué de se préparer durant l'été, majoritairement seul. Cette période sans club va durer sept mois. Le temps de se poser 10 000 questions. "J'ai douté de mon choix d'aller jouer à l'étranger. Mes parents et mes amis ont commencé à me suggérer de me trouver un job ou de reprendre des études. J'ai passé un deal avec ma mère et mon père pour les rassurer. Je me laissais jusqu'à fin octobre pour signer dans un club. Une fois ce délai atteint, je cherchais un travail". C'est ainsi que le jeune arrière va découvrir le monde de l'entreprise, dans la grande distribution. Une expérience qui tourne court. "Je n'étais pas épanoui".

"J'étais persuadé qu'il y avait un club qui m'attendait quelque part"

Et surtout ce grand ami de Loup Hervieu et Jad Mouaddib, tous les deux côtoyés au centre de formation du SMC, n'a pas abandonné l'espoir de vivre de sa passion. "J'étais persuadé qu'il y avait un club qui m'attendait quelque part", confie-t-il. La constitution d'un groupe d'entraînement avec des joueurs de N2-N3 après le deuxième confinement lui permet de se replonger dans un collectif. Alors même qui celui-ci n'y croyait peut-être plus, le Mikkelin Palloilijat lui propose un essai courant décembre.

Reste encore à faire ses preuves dans un environnement complètement inédit. "Quand tu arrives dans un pays étranger où tu ne connais personne, où il fait nuit à 15 heures et où tu es confiné plus longtemps que prévu à cause de la Covid, il faut du caractère pour ne pas baisser les bras". Mais la perspective de rechausser les crampons avec un club va être plus forte que tout. "Après trois séances, je suis appelé pour un match amical. Même si ce n'est qu'un amical, c'est très important pour moi car je dois montrer ce que je vaux durant ces 90'". Malgré la pression entourant ce rendez-vous, le test se passe sans encombre pour Killian Denoual. "Mes coéquipiers et le coach m'ont félicité. A leurs réactions, j'ai senti que c'était bon, qu'on me proposerait un contrat. A la fin du match, je n'ai pu m'empêcher d'écraser quelques larmes. Tout ce qui s'était déroulé dans les mois précédents est retombé".

Killian Denoual

Killian Denoual, à la découverte de la Veikkausliiga finlandaise

Titulaire, désormais, d'un contrat courant sur toute l'année 2021, Killian Denoual s'apprête, sous les couleurs du le Mikkelin Palloilijat, à découvrir la Veikkausliiga, un championnat se disputant d'avril à octobre. En Finlande, le natif de Rennes a déjà entraperçu quelques spécificités locales à l'image de ces immenses dômes accueillant les rencontres. "En période hivernale, aucune partie ne se déroule en extérieur. Quand j'ai disputé mon premier match, j'ai eu l'impression d'aller faire un Five avec mes potes. Ça a eu le mérite de faire redescendre la pression". Si, vu de France, on peut s'interroger sur la compétitivité de ce football, méconnu, le défenseur central voit dans cette expérience la possibilité de lancer sa jeune carrière.

"Je retrouve le fonctionnement d'un club pro que j'avais connu au Stade Malherbe avec deux entraînements par jour, un staff médical, une alimentation prise en charge... Je suis de nouveau un sportif de haut niveau. Je vais aussi pouvoir exposer mes qualités. Ça va m'offrir de la visibilité, les matches sont retransmis. C'est une première étape. A moi de gravir les échelons derrière. Ce contrat n'est pas une fin en soi mais un début à tout". Et dans cette Veikkausliiga, à quoi peut prétendre son équipe du Mikkelin Palloilijat, on le rappelle 7e/12 en 2020 ? "Elle me fait penser à une réserve pro. On a un groupe très jeune avec une moyenne d'âge de 21-22 ans. Je pense qu'on est capable de tout comme avec Caen à l'époque quand on avait battu QRM (N1) pendant la préparation, avant de chuter contre un adversaire de N3 le week-end suivant"

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