Valentin, comment vont les têtes caennaises après la défaite contre la lanterne rouge troyenne (1-0), samedi ?
"Ça fait mal. On ne va pas le cacher, la période est compliquée pour tout le monde : joueurs, staff, dirigeants... On a fait une mauvaise perf, des mauvaises perfs. Il ne faut pas croire que cette situation ne nous affecte pas. On est les premiers préoccupé. On en a gros sur le moral. On est aussi des hommes, on a des vies de famille derrière, des familles qui viennent au stade. Ça nous impacte. Les gens doivent le savoir".
Alors que le Stade Malherbe dispose quasiment du même effectif que la saison dernière, à deux-trois exceptions près, comment expliquez-vous que l'équipe montre un visage si apathique depuis quelques semaines ?
"Si on avait les réponses, il n'y aurait jamais d'équipe dans le trou, en plein doute. Parfois, dans le foot, il y a des choses qu'on explique un peu moins bien. Aujourd'hui, on est 25 joueurs dans le vestiaire, il faut tous qu'on soit focus sur un objectif commun. C'est un équilibre qui reste fragile. Il l'est encore plus chez nous car on manque de confiance. On a à cœur de redresser la barre mais ce n'est pas forcément simple. Actuellement, on lutte avec ce qu'on a. Il faut que chacun, individuellement, augmente son curseur dans l'agressivité, la technique, le dépassement de soi..."
"Quand on notre public se retourne un peu contre nous, on n'a pas envie de vivre ça"
Pour la première fois, samedi, le public de d'Ornano a exprimé son mécontentement...(1)
"Quand on se rend compte à la fin du match que notre public se retourne un peu contre nous, ce sont des scénarios qu'on n'a pas envie de vivre en tant que footballeur. On est suffisamment de joueurs d'expérience dans ce groupe pour savoir que quand une spirale négative comme celle-ci dure, notre environnement peut se retourner contre nous".
(1)Alors que quelques chants sont descendus de la tribune Borrelli, et notamment le détournement de la chanson d'Orelsan, La terre est ronde : « Au fond, j’aime le Stade Malherbe, pour je ne sais pour quelle raison. Non seulement, on ne fait que perdre, et en plus, on perd à la maison », une centaine de supporters ont attendu les joueurs à la sortie du Stade d'Ornano, samedi. Une petite délégation d'entre eux a pu s'entretenir avec quelques joueurs dont le capitaine Romain Thomas.
Ce mécontentement des supporters peut-il agir comme un déclic pour votre équipe ?
"On n'a pas attendu que le public réagisse pour qu'en interne, on se dise qu'il fallait que les choses changent. La prise de conscience dans le groupe, elle a eu lieu depuis longtemps. Des discussions entre nous, il y en a constamment. Maintenant, c'est le terrain qui parlera et force est de constater que ce n'est pas notre fort en ce moment. On a un besoin criant de résultats, d'une victoire, de confiance..."
Vous dites que « la prise de conscience a eu lieu depuis longtemps dans le groupe », pourtant, ce n'est pas le sentiment qui se dégage quand on vous regarde jouer, notamment contre Troyes...
"Je suis lucide sur mon niveau actuel. On est plusieurs à être moins performants. Mais on n'a pas perdu nos qualités en six mois"
"Je sais que de l'extérieur, les gens ont eu cette perception qu'on n'avait pas envie de se battre, d'être conquérant. Pourtant, je peux vous assurer qu'on est tous investi, mentalement et physiquement. Personne n'a lâché. Après, les deux équipes étaient craintives par rapport à leur situation actuelle. Elles avaient besoin de points. Ça a rendu les débats tendus. C'est peut-être pourquoi le ressenti extérieur ne retranscrit pas ce qui se passe à l'intérieur".
Plusieurs joueurs sont très éloignés de leur niveau de la saison dernière, à commencer par vous. Partagez-vous ce constat ?
"Oui, je le ressens. Je suis lucide sur mon niveau actuel. Certes, il y a des circonstances avec ma blessure à la fin de la préparation(2). C'est compliqué de revenir physiquement. Mais sur le terrain, au moins, pendant 60', je dois être capable d'en faire abstraction. Aujourd'hui, on est plusieurs à être moins performants. Moi, le premier et le niveau de l'équipe s'en ressent. Mais on n'a pas perdu nos qualités en six mois. Ce n'est qu'à travers le collectif qu'on retrouvera chacun notre niveau. Il faut qu'on s'appuie les uns sur les autres".
(2)Blessé à un mollet sur le dernier match de préparation, à une semaine de la reprise du championnat, Valentin Henry n'a repris la compétition qu'à la mi-septembre, ratant les quatre premières journées.
Après dix journées, le Stade Malherbe lutte-t-il pour son maintien ?
"On ne va pas vous parler de montée alors qu'on a été incapable, ce week-end, de battre Troyes qui est classé derrière nous. On va arrêter de s'enflammer. Aujourd'hui, la priorité, c'est de sortir de cette zone du bas de classement. Ce n'est pas la zone qu'on espérait mais c'est celle dans laquelle on se trouve".
C'est dans ce contexte que vous vous rendez à Gueugnon, pour affronter Martigues, un concurrent direct, dans un stade qui sonnera creux...
"On sera loin des ambiances qu'on peut connaître en Ligue 2. Il faut l'aborder comme un match de Coupe de France. Il n'y a pas 36 000 solutions, on doit rapporter les trois points, peu importe la manière. Ça ne sera sans doute pas très beau. En cas de victoire, on prendra une bonne bouffée d'oxygène et on reprendra de la confiance".
"Le coach, son staff, les supporters, les joueurs, on est tous dans le même bateau"
Avez-vous conscience que Nicolas Seube, votre entraîneur, joue peut-être son avenir sur les deux rencontres qui arrivent, face à Martigues, ce mardi, et contre Bastia, samedi, à d'Ornano ?
"Le coach, son staff, la direction, les supporters, les joueurs, on est tous dans le même bateau. Tout le monde souffre. Le coach nous soutient et c'est réciproque. On a besoin d'une victoire pour que tout le monde retrouve de l'apaisement".
> L2. J11 - Martigues (17e - 8 points) / SM Caen (15e - 8 points), mardi 28 octobre à 20 H 30 au Stade Jean-Laville à Gueugnon.