Stéphane Moulin ou l'entraîneur rêvé
"Il fallait un alignement des planètes pour que Stéphane et son staff puissent nous rejoindre"
À Caen, il n'y a pas que les supporters qui rêvent de retrouver ambition et bien-être. Après trois saisons de chahut et le passage sur le banc de cinq entraîneurs, le Stade Malherbe rêve forcément de sérénité. Et justement, cette idée-là, Stéphane Moulin l'a incarnée mieux que personne en France ces dernières années. À la tête du SCO, le coach a aussi bien réussi l'opération montée en Ligue 2 que celle du maintien en Ligue 1, obtenu six fois de suite. 406 matches angevins ont achevé de fortifier le technicien et c'est forcément avec les zygomatiques moins crispées qu'il y a un mois que le président du conseil de surveillance Pierre-Antoine Capton a été le premier à annoncer la signature de Stéphane Moulin au SMC jusqu'en 2024. "Ce n’est pas une journée comme une autre", a-t-il lâché. "C'est l’une des plus importantes de l’histoire du club. Je ne souhaite pas banaliser l’événement".
On n'ira pas jusqu'à écrire que le nouveau coach malherbiste est vu comme le messie par certains mais on peut annoncer sans retenue que la direction caennaise croit dur comme fer à son choix. S'octroyer les services du très suivi Stéphane Moulin n'était pas une évidence. En ce début de mois de juin, des clubs de Ligue 1 comme Brest se cherchent par exemple encore un coach. Sur la planète football, obtenir la signature d'un tel entraîneur est donc effectivement un coup retentissant, à saluer. Instigateur de cette signature, Olivier Pickeu avait une approche très astrale pour qualifier l'arrivée d'un technicien dont il fut le directeur sportif dans le Maine-et-Loire. "Il fallait un alignement des planètes pour que Stéphane et son staff puissent nous rejoindre", a-t-il déclaré d'entrée de jeu avant d'ajouter un peu plus tard. "Notre croyance, notre bonne étoile nous permet de réussir des choses invraisemblables". Et voilà comment le SMC est passé du cauchemar de mai aux espoirs de juin.
Pierre-Antoine Capton n'est pas peu fier
La signature de Stéphane Moulin a laissé place à un horizon nettement plus dégagé dans l'esprit de Pierre-Antoine Capton qui, tout sourire, s'est fendu d'un discours inaugural marquant, entre bilan et projection : "Avec Oaktree (le fonds d'investissement américain possède plus de 80% du capital du SMC), nous sommes rentrés comme actionnaires il y a moins d’un an, une première étape importante a été réalisée avec l’arrivée d’Olivier Pickeu comme président pour ramener une identité au club et le structurer. J’en profite pour le remercier. Sans Olivier Pickeu, on ne serait pas là ce matin.
L’arrivée de Stéphane Moulin est une opportunité incroyable, on a le meilleur entraîneur que le Stade Malherbe pouvait rêver. Je suis heureux de cette nouvelle étape de franchie. Nous mettrons la construction sportive entre les mains de Stéphane, tout ne se réalisera pas en une saison, c’est un travail sur du long terme. Je ne peux pas être plus heureux".
L'ambition de la Ligue 2 plutôt que l'attrait de la Ligue 1
"Je ne suis pas venu jouer le maintien, je suis venu rendre au club ses lettres de noblesses"
S'il n'échappera pas aux comparaisons avec son prédécesseur Pascal Dupraz sur le plan des résultats dans quelques mois, Stéphane Moulin peut déjà être décrit comme plus direct que le Haut-Savoyard et à coup sûr pourvu d'un discours fait de moins d'artifices. Qu'à cela ne tienne, dans son style, le nouvel entraîneur du Stade Malherbe a affirmé avec calme et sans cupidité mal placée ce qu'il était venu chercher à Caen. Et oui, si vous vous le demandiez encore, c'est bien la Ligue 1. Mais l'ancien coach de Châtellerault ne veut pas l'élite pour l'élite, lui qui s'est d'ailleurs permis de rendre un bel hommage au club normand. "Venir à Caen, un club de L2, compte-tenu de son histoire, de sa structure, de son ambition et des gens qui le dirigent, c’est tout sauf une régression", a-t-il confié. "Des choses plus importantes m’importent. Je ne suis pas venu jouer le maintien, je suis venu rendre au club ses lettres de noblesse. Sa place, comme beaucoup d’autres clubs, c’est en Ligue 1".
Evidemment, l'amitié qui lie Stéphane Moulin au président Pickeu est pour beaucoup dans sa signature mais on croira volontiers que l'entité SMC pèse encore suffisamment pour qu'un coach de sa trempe veuille s'y engager malgré son statut de 17e de Ligue 2 en titre. En cela, le natif de Paris semble savoir à quoi s'attendre, lui qui s'est engagé sur du long terme. Car tout Stéphane Moulin qu'il est, la montée n'aura pas forcément lieu dans un an pour Malherbe. Nulle promesse de ce genre n'a d'ailleurs été semée ce vendredi 4 juin. "Le plus important reste la notion d’équilibre, équilibre d’effectif, dans la manière de jouer, d’évoluer. On va se mettre au travail au plus vite", a simplement promis l'ancien joueur de Châteauroux.
Restent les questions sur l'effectif, les jeunes et les futures recrues dont les réponses sont reportées à plus tard. "Je n’invente rien en disant qu’il y a de très bons jeunes joueurs à Caen", glisse Stéphane Moulin. "Il y a aussi des joueurs d’expérience qui ont œuvré à maintenir le club en L2. On verra ça en temps et en heure, ce n’est pas encore le moment d’en parler". L'heure va en effet d'abord être à l'installation pour l'ancien Angevin qui arrive par ailleurs comme prévu avec ses adjoints Serge Le Dizet et Patrice Sauvaget dans les bagages ainsi que le préparateur physique Benoît Pickeu, le frère cadet du président caennais. L'officialisation qu'une nouvelle ère s'ouvre et qui referme, on l'espère pour Malherbe, définitivement le malheureux chapitre 2020-2021.
Aurélien RENAULT