Des débuts difficiles chez « les grandes »
"L'impact dans les duels n'est pas le même que chez les jeunes"
Quand elle déboule dans son couloir, à gauche comme à droite, mieux vaut ne pas être sur son passage. Zina Catherine-Elasri fait d’abord parler d’elle par sa vitesse. Et elle le sait. Quand on lui demande quelles sont ses qualités, elle répond : "La vitesse et la percussion". Cela ne fait aucun doute. Ses qualités athlétiques sont plébiscitées depuis son plus jeune âge à l’Inter-Odon, à l’Avant-Garde Caennaise puis depuis son arrivée au Stade Malherbe, il y a cinq ans, à la création de la section féminine.
La Franco-marocaine fait partie des plus jeunes (19 ans) mais aussi de celles qui marqueront à jamais l’histoire du club caennais. Des U18, elle est propulsée chez les seniors il y a deux ans, sous la houlette d’Anaïs Bounouar. L’une des meilleures offensives de sa génération commence par goûter aux entraînements. "C’était un peu compliqué. Je passais mon bac et mon permis, je n’étais pas à fond dans le foot", se remémore la jeune attaquante. "Je ne correspondais pas forcément au plan de jeu voulu par Anaïs". En grimpant « chez les grandes », elle change aussi de dimension sur le plan physique. "L’impact dans les duels n’était pas le même. L’exigence était beaucoup plus élevée. Je jouais contre des filles qui avaient beaucoup d’expérience". Rappelons-le, à cette époque-là, Zina Catherine-Elasri n’avait que 17 ans.
Le déclic la saison dernière avec Théodore Genoux
"Quand j'ai eu la confiance du coach, tout a changé"
L’ailière, capable de titiller le ballon du pied droit comme du gauche, prend son envol la saison dernière. Bien que l’année ne fût pas la plus glorieuse sous les ordres de Théodore Genoux, c’est avec ce technicien qu’elle franchit un cap sur le rectangle vert. Selon la principale intéressée, il suffisait d’un déclic pour changer la donne. "Quand j’ai eu la confiance du coach, tout a changé", analyse-t-elle. "Je me donnais à 100 % en séance. Je faisais même des séances le midi, entre les cours. Il m’a donné ma chance et je l’ai saisie". Bosseuse, mais aussi consciente de ses lacunes défensives, Zina Catherine-Elasri grappille petit à petit des minutes sur le terrain. Elle se sent aussi mieux dans ses crampons. "J’ai progressé et évolué. Je correspondais au plan de jeu du coach. J’ai pu me faire une place". Une place qui lui permet de trouver le chemin des filets à plusieurs reprises. Elle devient l’une des meilleures buteuses et contribue largement à la montée en D3.
Un but pour sa première sélection avec le Maroc
"Je n'avais jamais ressenti de telles choses"
Si défendre les couleurs au Stade Malherbe était un rêve quand elle était petite, Zina Catherine-Elasri en a atteint un deuxième cet été. En août, elle rejoint l’équipe nationale marocaine U20. Une incroyable expérience qui aurait pu ne jamais voir le jour si la jeune femme n’était pas de la génération 2.0. "Un recruteur m’a contacté sur Instagram. Il l’avait déjà fait il y a quatre ans mais je n’avais jamais répondu", raconte la Normande. "Cette fois, je l’ai pris au sérieux. Mon père a assuré les échanges avec le sélectionneur".
Fille d’un papa marocain, Ismaël, et d’une maman française, Natacha, Zina Catherine-Elasri a revêtu les couleurs des Lionnes de l’Atlas pour les matches qualificatifs à la Coupe du Monde 2024 (31 août - 22 septembre). Un rêve devenu réalité. "Je n’y croyais pas tant que je n’étais pas arrivée au Maroc". Face au Burkina Faso (le 13 octobre), lors du match retour du troisième tour, celle qui a la double nationalité franco-marocaine a vécu l’un des plus beaux jours de sa vie. Non seulement, elle était titulaire, mais elle a aussi marqué son premier but en sélection nationale. "C’était incroyable. Je n'avais jamais ressenti de telles choses. Ce sont des émotions énormes". Un premier match officiel qu’elle gardera en mémoire, tout comme celui qu’elle espère disputer un jour en D2. A 19 ans, elle a encore le temps de grandir…
> D3F. J8 - SM Caen (7e - 9 pts) / Croix Blanche Angers (10e - 6 pts), dimanche 26 novembre à 14 H 30 au Stade de Venoix.
Le making off de l'interview
- Date de l’interview : Jeudi 16 novembre
- Heure : 12 H 15
- Durée de l’entretien : 20 minutes
- Lieu : Centre de formation du SM Caen
- Tenue : Sobre, pantalon noir, baskets nike noires, pull en laine beige, doudoune sans manches noires, cheveux détachés.