L’été 2020 fut placé sous le signe du chassé-croisé à l’US Avranches. Comme dans bien des formations de National, l’heure fut aux grandes manœuvres dans la Manche et pour pallier les départs de nombreux éléments clefs (Victor Lobry, Lorenzo Callegari, Yassine Bahassa…), Frédéric Reculeau a notamment misé sur deux curiosités au destin semblable : les Strasbourgeois Moataz Zemzemi (21 ans) et Azzedine Ounahi (20 ans), l'un prêté, le second arrivé pour deux saisons. "Il y avait d'autres clubs mais à Avranches, le projet m'a plu de même que le style de jeu du coach", clame le Tunisien Zemzemi. Arrivé quelques jours avant son compère et forcément dépaysé par la transition Strasbourg-Avranches, le Marocain Ounahi a débarqué pour les mêmes raisons. "Le coach m'a vite fait confiance en plus, ça fait que je me sens vraiment bien", avance-t-il aujourd’hui.
Les deux compères ont ça en commun qu’ils n’ont pas pu trouver leur place dans un effectif de Ligue 1 strasbourgeois embouteillé. "En discutant avec mes dirigeants, il a été décidé que j’irais gagner du temps de jeu ailleurs", reconnaît Moataz Zemzemi, très en phase avec ce choix sportif. Le natif de Tunis, avant de rejoindre la Normandie, en a par ailleurs profité pour prolonger d’un an avec le Racing. Sa mission est donc somme toute assez claire : montrer de quoi il est capable, gagner de l’expérience et se mettre en situation de pouvoir à nouveau frapper à la porte de l’équipe première alsacienne dans une saison.
Le son de cloche diffère légèrement pour Azzedine Ounahi qui n’a pour sa part pas été conservé par Strasbourg, à sa grande déception. "J’avais un contrat stagiaire-pro et il était prévu que je signe professionnel, j’étais sûr que ça arriverait mais après le confinement, il s’est avéré que non", raconte-t-il. "C’est le football, je l’ai accepté mais je reste persuadé que j’ai le niveau pour évoluer en Ligue 1 ou en Ligue 2". C’est là qu’est intervenu Fred Reculeau, conscient des qualités du joueur finalement décidé à rebondir dans un championnat où il prend peu à peu ses aises. "Mes trois premiers matches ont été difficiles", concède l’ancien de l’Académie Mohamed VI (Maroc). "À Strasbourg, j'évitais certains duels au corps-à-corps et les duels aériens, ici, j'ai déjà progressé dans ce domaine". Ce qui est certain, c’est que le président Gilbert Guérin ne tarit pas d’éloge à l’égard du footballeur de 20 ans.
Deux ambitieux pleinement au service de l'US Avranches
Pour l’heure, les deux hommes ont gagné leur pari quant à leur temps de jeu puisqu’Azzedine Ounahi compte déjà neuf titularisations et son aîné huit après 14 journées. Talent très précoce du Club Africain de Tunis, son club formateur, Moataz Zemzemi sait qu’il doit désormais faire gonfler ses statistiques, lui qui ne s’est pour l’heure pas montré directement décisif. "Il faut que je marque pour aider l’équipe, surtout en ce moment mais mon objectif reste de jouer pour le collectif", dit-il. Vrai couteau suisse dans l’effectif manchois, le Tunisien n’a pas encore eu l’occasion de se mettre pleinement en lumière au contraire d’Azzedine Ounahi dont les passes lasers et la technique soignée sont forcément des atouts qui attirent facilement le regard des suiveurs. "À Strasbourg, on me disait que j’avais une bonne vision de jeu et ici, quand je vois qu’on peine à sortir le ballon, je n’hésite pas à descendre plus bas afin de casser des lignes". Certainement parmi les joueurs les plus fins techniquement dans le championnat, le natif de Casablanca doit cependant lui aussi parfaire sa finition lui qui n'affiche qu'un but inscrit contre Saint-Brieuc (J6. victoire 2-1) et une seule passe décisive.
Dans son recrutement, Avranches a aussi eu le nez creux en associant deux éléments qui avaient déjà joué ensemble au sein de la réserve strasbourgeoise. Décontenancé par le changement d’atmosphère en août, Azzedine Ounahi a ainsi ressenti beaucoup de joie en voyant débarquer son ami quelques jours après lui. "Quand je suis arrivé, je ne connaissais personne, c’était très dur", avoue-t-il. "Moataz a été important pour mon adaptation, son arrivée a été un soulagement". Un soulagement qu’il a su mettre à profit sur le terrain.
Alors qu’ils ambitionnent de percer plus haut et que le club manchois cherche plus que jamais à être une parfaite rampe de lancement pour les talents en devenir, le duo venu d’Alsace n’en a pas moins la tête en Normandie. "Je suis content d’avoir signé, c’est le club parfait pour mon jeu, je ne cache pas mes ambitions mais je suis joueur d’Avranches et il faut vraiment qu’on retrouve le goût de la victoire", clame Azzedine Ounahi. Englué dans une mauvaise spirale (trois défaites et un nul lors des quatre dernières journées), l’USAMSM aura encore besoin de points à Boulogne-sur-Mer ce vendredi soir. "Franchement, on ressent de la pression mais c’est surtout par rapport à ce qu’on propose", explique Moataz Zemzemi. "On sait dans cette équipe que si on joue bien au football, on va gagner". En attendant d’accomplir leurs propres rêves, Azzedine Ounahi et Moataz Zemzemi sont pour l'heure bien décidés à vite alimenter ceux des supporters d’Avranches.
> N1. J13 - US Boulogne (13e - 17 points) / US Avranches (15e - 14 points), vendredi 11 décembre à 18 h 30 au Stade de la Libération.
Que vaut l'axe Ounahi/Zemzemi ?
Amenés à jouer une dizaine de matches avec la réserve de Strasbourg par le passé et donc forcément en avance dans leurs connexions, Azzedine Ounahi et Moataz Zemzemi apportent-ils davantage à leur équipe lorsque Fred Reculeau les aligne ensemble ? Pour l’heure, lorsqu’ils ont été titularisés ensemble, ce qui est arrivé six fois, Avranches a subi trois revers, concédé un nul et gagné deux rencontres. Lorsque l’un a commencé un match et que l’autre est entré en cours de jeu, ce qui est arrivé à trois reprises, l’équipe manchoise ne l'a en revanche jamais emporté (deux défaites, un nul). Lorsqu’aucun des deux n’a participé à une rencontre, ce qui ne s’est produit que lors du première journée contre Concarneau, Avranches s’est alors incliné 2-0.
Aurélien RENAULT