D'Avranches à Angers, Azzedine Ounahi a déjà pris la mesure de la Ligue 1

Jonathan Clauss, Maxence Derrien, Pierre-Yves Hamel, Jamal Thiaré, Victor Lobry... La liste des joueurs passés par l'US Avranches évoluant aujourd'hui dans le monde professionnel est longue comme la jambe. Et à cette joyeuse ribambelle est venu s'accoler l'été dernier le nom d'Azzedine Ounahi. Présent dans la baie du Mont-Saint-Michel une saison durant (2020/2021), le Marocain fait aujourd'hui les beaux jours du SCO Angers où il défie et abat un à un les pronostics à son sujet. Avant de défier Montpellier ce mercredi soir (21h), l'ex-Manchois cumule 17 matchs de Ligue 1 (856 minutes) et deux buts. Pour un joueur qui découvre les joutes de l'élite, les statistiques sont excellentes. "Sincèrement, son début de saison m’étonne", confie son ancien entraîneur Fred Reculeau. "Je savais qu’il avait des qualités mais pas au point qu’il puisse autant enchainer".

Indiscutablement, le président Gilbert Guérin a eu du flair lorsqu'il a ramené le natif de Casablanca à Fenouillère, lui qui était à la relance après deux années frustrantes du côté de Strasbourg (aucune apparition en L1 sous les ordres de Thierry Laurey). D'apparence frêle, arrivé en petite forme, le milieu de terrain ne payait alors pas de mine avant d'exposer son talent à toute la division. "S’il a le même comportement à Angers, fois dix, fois cent, que celui qu’il avait chez nous, alors c’est logique que l’entraîneur le fasse jouer car il avait déjà la qualité et le talent à Avranches", loue Fred Reculeau. "Il n’y a pas de raison de ne pas le faire jouer".

Selon OPTA, pointure en matière de statistiques sportives, aucun joueur issu du National 2020/2021 ne détient autant de temps de jeu en Ligue 1 que le milieu angevin. Les joueurs capables de s'adapter de la sorte, ça ne court pas les rues. « Azz», comme on le surnomme, a fait une entrée remarquée dans la cour des grands et preuve que l'habit ne fait pas le joueur, il s'est offert le luxe de battre le record de distance parcourue sur un match depuis l'entame de la saison (près de 14kms) contre Marseille (J7. 0-0, le 22 septembre 2021). Cette aisance athlétique, Fred Reculeau ne s'en étonne pas vraiment. "Le cardio, ici, il en a mangé", glisse le technicien manchois. "Chez nous, les joueurs courent d'ailleurs beaucoup. Ici, il avait cette capacité à le faire et c’était déjà énorme ce qu’il pouvait faire. Il a ce pouvoir d’accélération sur quelques mètres qui fait la différence. En National, il voulait toujours jouer et malheureusement, parfois, il était un peu blessé donc il n’évoluait pas à 100%. La L1 lui correspond peut-être plus, il y a moins de duel, moins de cadrage".

Un talent hors norme doublé d'un comportement louable

Alors qu'il dressait récemment un constat sur l'attitude parfois - souvent - insuffisante de la jeune génération face au travail, Fred Reculeau avait la charge la saison dernière d'un professionnel en devenir de tout juste 20 ans sans que cela ne pose de problème. "Quand je l’avais sous mes ordres, il était hyper respectueux et intelligent à l’égard de ce qu’on pouvait lui dire. Il avait cette faculté d'écouter et d'exploiter ce qu’on lui demandait". Au-delà des terrains, c'est le comportement global dans son club d'un garçon bien élevé et très accessible qui a marqué l'US Avranches. Alors que l'acclimatation difficile d'Azzedine à la petite ville manchoise laissait craindre le pire, l'histoire a finalement été belle, au point que le Marocain est déjà revenu plusieurs fois au bercail depuis sa signature à Angers. "Tout se passait très bien avec lui", salue Lionel Cottereau, joueur de la réserve et employé du club. "Je l'ai revu chez nous récemment lors d'un match à domicile, il est venu tous nous saluer après. Il s'était très bien intégré au club même si son arrivée dans un nouvel environnement avait été compliquée".

Qu'importe jusqu'où le portera sa carrière, Azzedine Ounahi gardera assurément de précieux souvenirs de son unique saison avranchinaise, celle-là même qui lui a permis d'étaler son talent au grand jour et de convaincre l'état-major angevin de le recruter. "Mon année à Avranches est celle où j’ai pris le plus de plaisir", confiait-il dans les colonnes de Ouest-France le mois dernier. "J’avais un bon coach derrière moi qui me laissait une grande liberté. J’avais besoin de cette confiance-là après mon passage à Strasbourg, d’un entraîneur qui soit derrière moi de manière positive, qui me donne des conseils". 

Les belles histoires comme celle qu'écrit actuellement Azzedine Ounahi ne sont pas légion. Les passages express du National vers l'élite sont rarement voire jamais aussi limpides. "Est-ce que je suis surpris de le voir faire ce qu'il fait ? Je vais faire une réponse de Normand et répondre oui et non", sourit Lionel Cottereau. "J'ai eu la chance de voir tous ses matchs ici, je suis surpris qu'il ait réussi à grimper la marche entre Avranches et Angers mais ici, il sortait clairement du lot, il était capable de se sortir de n'importe quelle situation. Il faisait des choses que d'autres ne pouvaient pas faire. C'est clairement l'un des joueurs les plus forts qu'on ait vu passer ces dernières années". Il va maintenant rester le plus dur pour le joueur de 21 ans : confirmer et progresser encore. Fred Reculeau croise les doigts pour lui. "Maintenant, il faudrait qu’il arrive à accrocher la sélection marocaine pour la CAN, ce serait énorme !" s'enthousiasme le technicien. "Peut-être que ce sera la surprise du chef. Un joueur qui enchaine des matchs en Ligue 1, ça veut dire que la qualité est là !"

Aurélien RENAULT