On ne l'avait plus revu porter le maillot de l'équipe première de l'US Avranches depuis un soir d'octobre 2023, le 7 précisément. Au sortir d'un déplacement au Stade Bonal à Sochaux (défaite 2-1), Emeric Dudouit avait été contraint de laisser ses partenaires après s'être fracturé la malléole. Il n'imaginait alors pas qu'il passerait près d'un an loin des terrains. Aussi, quand il est rentré en jeu lors de la victoire 3-1 contre le Stade Poitevin, vendredi dernier, le soulagement se lisait autant sur son visage que le plaisir de le retrouver sur celui des spectateurs massés au Stade René-Fenouillère. "J'avais décidé de ne pas me faire opérer avec le staff, mais quand j'ai repris l'entraînement, je me suis aperçu que la douleur était encore présente", raconte l'ancien joueur de l'USL Dunkerque. "Ce sont mes douleurs qui m'ont indiqué que je n'étais pas soigné". Finalement, le joueur a été opéré en janvier après avoir égaré de précieuses semaines, et en raison d'un long processus de reprise (entre trois et quatre mois), la fin de saison est arrivée, emportant avec elle une bien triste nouvelle, celle de la relégation du club manchois après dix belles années en National.
Emeric Dudouit avait déjà connu de lourdes blessures durant sa carrière, s'étant notamment rompu les ligaments croisés de chacun de ses deux genoux, respectivement lors de ses aventures au Stade Malherbe et à Châteauroux. Cependant, ne serait-ce que pour la frustration de ne pas pouvoir exercer son métier et surtout parce qu'il s'est senti impuissant en voyant ses partenaires se faire engloutir par la vague de la descente, jamais le milieu de terrain polyvalent n'avait aussi mal vécu une période de convalescence. "J'ai ressenti beaucoup de frustration avec cette descente car quand tu vois une équipe, un club dans le dur, que tu veux essayer d'apporter un maximum, que tu as faim, mais que tu ne peux rien faire, c'est très frustrant", confie le joueur. Le Coutançais de naissance ne s'en cache d'ailleurs pas, cette fin de saison malheureuse, il l'a "très mal vécue". "Ça me prenait plus la tête que quand j'étais acteur, j'accompagnais le groupe et jusqu'à la fin, je prenais les échauffements pour accompagner les mecs un maximum. Cette descente pour le club était assez dramatique et pour moi, pareil car c'était l'année où il ne fallait pas descendre".
Prêt pour une nouvelle mission en N2
S'il a longtemps ruminé la fin de l'exercice 2023-2024, notamment au début de l'été, Emeric Dudouit a finalement réussi à tourner la page. Alors qu'il s'était engagé avec Avranches en juin 2023 pour deux ans, suite à une promesse faite au défunt président de l'USAMSM, Gilbert Guérin, le joueur formé au Stade Malherbe s'est rapidement résolu à évoluer en National 2, à un niveau qu'il n'avait plus connu depuis ses années caennaises, voilà près de 15 ans. "Pour moi, c'est un championnat où toutes les équipes se valent, où on peut faire quelque chose si on a un minimum de cohérence et d'expérience", analyse le joueur qui sera notamment amené à se déplacer au Matmut Atlantique de Bordeaux pour y affronter les Girondins dans quelques semaines. Malgré le fait de s'éloigner davantage du monde pro en N2, Emeric Dudouit se sent motivé comme au premier jour du haut de ses 33 ans fraîchement soufflés. "Honnêtement, à la base, je voulais m'installer ici (à Avranches) même si on ne sait pas ce que l'avenir nous réserve et tant que j'ai du jus dans les jambes, que j'ai faim et que j'ai envie comme actuellement, je veux continuer un maximum. Il est hors de question, entre guillemets, de penser à l'après".
Ce n'est sans doute dû qu'au hasard, mais la première apparition d'Emeric Dudouit avec l'US Avranches en National 2 cette saison s'accompagne d'une belle anecdote. Michel Audrain a lancé son joueur d'expérience à la 87e minute, tandis que la formation manchoise était embourbée dans un match nul frustrant contre Poitiers. Quatre minutes après l'entrée en jeu de l'ancien joueur de l'AFC Tubize, Avranches menait alors 3-1. S'il lui faudra encore du temps pour se frayer un vrai chemin au sein de l'équipe type, Emeric Dudouit pose déjà un regard lucide sur le début de championnat et sur ce que ce dernier réserve au club normand. "Ça va un peu mieux, on a fait un début de saison compliqué, il fallait que la mayonnaise prenne", juge-t-il. "On ne fait pas un bon début de saison, mais on ne fait pas un début catastrophique non plus. Je pense qu'aujourd'hui, on est à notre place". L'US Avranches est justement en 7e position (sur 16) et selon toute vraisemblance, lutter pour la remontée directe s'annonce délicat. "Avranches est suffisamment structuré pour être en N1, largement, après c'est clair qu'il y a du boulot parce que tu ne remontes pas comme ça, on a énormément de travail, surtout dans les détails". La bonne nouvelle pour les « Bleu et Blanc », c'est que leur joueur d'expérience est désormais en mesure d'apporter tout son savoir-faire pour aider le groupe à progresser. Pas à pas.
> N2. J6 - Dinan Léhon FC (9e - 6 points) / US Avranches (7e - 7 points), samedi 21 septembre à 18 heures au Stade Le Clos Gastel.