Ce dimanche (30 mars), face à l'AJ Auxerre, une référence en matière de formation dans notre pays, l'US Avranches disputera son premier quart de finale de la Coupe Gambardella, la Coupe de France des jeunes. Avant ce rendez-vous historique pour les « Bleu et Blanc », la rédaction de Foot Normand vous propose une semaine spéciale avec un article par jour plus la couverture du match, en inside. Ce vendredi, focus sur les deux entraîneurs de cette équipe : Emilien Joba et Clément Cazes.
Leur parcours
L’historique et le petit nouveau
Avant d’être réunis pour cette aventure en Gambardella, c’est peu dire qu’Emilien Joba et Clément Cazes ont vécu des parcours diamétralement opposés. Que ce soit en tant que joueur ou éducateur, le premier nommé - biberonné dès son plus jeune âge au ballon rond avec son père, Nicolas, et son oncle, Olivier, tous les deux anciens milieux offensifs et entraîneurs à l’US Avranches - n’a défendu les couleurs que d’un seul club. "J’ai joué dans toutes les catégories jusqu’à la réserve en N3 en passant par les U17 et U19 nationaux", témoigne celui qui compte une vingtaine d’années de licence derrière lui sous le maillot « Bleu et Blanc ». Clément Cazes, lui, vit sa première expérience au sein de l’USAMSM. Originaire du Cantal où il a évolué jusqu’en National 3 avec l’Aurillac FC, cet ex-gardien a posé ses valises en Normandie il y a deux ans et demi. "J’ai suivi ma compagne, Pauline, qui est policière. Elle a été affectée au commissariat de Granville". Quand il a débarqué, celui qui était éducateur depuis une demi-douzaine d’années a frappé à la porte de l’USG. "J’ai proposé mes services et le club y a répondu favorablement". Ces deux dernières saisons, il avait la responsabilité de la « C » granvillaise avant donc de rejoindre le voisin manchois.
Alors que Clément Cazes a raccroché les gants à son arrivée dans la région, Emilien Joba poursuit, lui, sa carrière de joueur, dans les rangs de la troisième équipe avranchinaise (R2). Du haut de ses 26 ans, ce milieu de terrain fait office de doyen avec une particularité. "Certains jeunes que j’ai entraînés ou même que j’entraîne actuellement en U18 sont mes coéquipiers quand ils sont surclassés !" Si cette double casquette de coach-partenaire n’est pas toujours évidente à gérer, le principal intéressé s’en accommode plutôt bien. "Quand on joue à domicile, parfois, j’ai juste à changer mon sac de vestiaire", s’en amuse-t-il.
Leur association
Le mental et la tactique
Comment diable ces deux coachs, qui ne se connaissaient pas spécialement avant le coup d’envoi de cette saison, ont constitué un binôme pour vivre cette incroyable épopée ? A la tête des U18 R1 depuis quasiment ses débuts comme éducateur en 2022, Emilien Joba a vu ses prérogatives s’élargir cette saison avec la responsabilité de l’équipe Gambardella, succédant ainsi à l’historique Jean-Noël Le Buzullier. Encore jeune dans le métier, ce technicien a cherché à s’accompagner du mieux possible afin de poursuivre son apprentissage. "La question s’est posée de la composition du staff", expose-t-il. Pour répondre à cette interrogation, l’entraîneur de la relève avranchinaise a sondé ses joueurs. "Ils avaient envie que ça soit Clément". Egalement adjoint de Mathias Restout chez les U19 nationaux, Clément Cazes avait l’avantage d’être un visage familier pour la plupart des garçons composant l’effectif.
S’il a dû prendre ses marques au début, ce duo a depuis trouvé sa vitesse de croisière. "Au départ, comme je n’avais jamais coaché à deux, je n’étais pas forcément à l’aise. Je ne savais pas si j’empiétais sur la partie de Clément", rapporte Emilien Joba qui s’occupe plus particulièrement de l’aspect individuel. Clément Cazes a, lui, en charge les animations tactiques et les coups de pied arrêtés. "Pour préparer et anticiper au mieux les séances, sachant que l’ensemble du groupe n’est pas souvent réuni*, on communique beaucoup entre nous", souligne l’Aurillacois. "Après, on se partage les contenus pour être le plus efficace possible". Idem pour les causeries où Emilien Joba pose aussi le contexte et s’assure de la préparation mentale. Pendant le match, chacun a également trouvé sa place. "Emilien reste debout (le règlement n’autorise qu’un seul technicien à se lever dans la zone technique). Il est au cœur des débats, proche des joueurs", détaille Clément Cazes qui prend un peu plus de recul sur le banc de touche. "Ça me permet d’apporter un autre regard. J’ai presque un rôle d’observateur. Du coup, j’écris beaucoup de notes et j’essaye d’apporter deux-trois billes à un instant précis". En-tout-cas, cette recette semble bien fonctionner.
*Le reste de la saison, les joueurs de l’équipe de Gambardella de l’US Avranches peuvent évoluer dans trois formations différentes : U18 R1, U19 nationaux et la « C », en R2 seniors.
En tant que joueur, Emilien Joba a participé déjà à deux reprises à la Coupe Gambardella, comme ici contre Le Hac, en janvier 2019… ©Emmanuel Lelaidier
Leur personnalité
Le calme et le faux calme
Si leur binôme fonctionne aussi bien depuis le début de ce parcours en Coupe de France, c’est aussi parce que ces deux techniciens ont des caractères, par des aspects, opposés mais qui se révèlent parfaitement complémentaires. Emilien Joba pour commencer semble d’une nature assez calme. "Ce n’est juste pas dans mon tempérament de pousser des grosses gueulantes. Je préfère garder mon sang-froid. Si je me mets à crier, à m’énerver, à gaspiller de l’influx nerveux, j’ai l’impression d’avoir manqué quelque chose. Et puis je ne suis pas très bon dans les changements d’intonation de voix. J’essaie de capter l’attention des joueurs différemment, par un regard, en trouvant les bons mots. Bien sûr, je n’ai pas la prétention de les avoir toujours".
Sa moitié partage une autre approche. "Je me considère comme un faux calme", lance-t-il d’emblée. "En apparence, je suis plutôt tranquille mais j’ai quand même un petit côté sanguin. Peut-être que ça me vient du Sud". L’Aurillacois n’hésite donc pas à élever la voix quand il l’estime nécessaire. "Attention, il ne faut pas tout le temps gueuler", prévient-il. "C’est pourquoi, c’est important d’être calme la majeure partie du temps pour, à un moment donné, être en capacité d’interpeller le vestiaire en haussant un peu le ton, sans pour autant tenir un discours négatif".
Leur historique avec la Gambardella
Le novice et l’habitué
Quand on évoque le record battu dans cette épreuve si spéciale par son équipe, à l’échelle de l’US Avranches, avec cette qualification pour les quarts de finale, Clément Cazes ne cache pas sa fierté. "Au même titre que la Coupe de France, la Gambardella, ce n’est pas rien pour un club". Au-delà de la performance sportive, qui n’est surtout pas à minimiser, le technicien retient l’aventure humaine qui en résulte. "Passer plusieurs tours avec des scénarios différents, se rapprocher du top du top, affronter un prétendant au titre… Pour les garçons, leurs accompagnateurs et nous, éducateurs. C’est juste magnifique. C’est tout le charme de la coupe". L’Auvergnat croque d’autant plus à pleines dents dans cette épopée qu’il n’avait jamais eu l’opportunité de participer à la Gambardella en tant que joueur. "Quand je suis sorti de ma saison en 16 ans nationaux, j’ai tout de suite intégré le monde des seniors. Je n’ai pas pu la disputer. Ça a toujours été un regret".
Son compère sur le banc touche des U18 possède une plus solide expérience dans cette compétition. "Je l’ai jouée à deux reprises. A chaque fois, on a atteint les 1/16e de finale", rembobine Emilien Joba. Et à chaque fois, lui et ses coéquipiers sont tombés sur du lourd, du très lourd. "La première année, on se fait éliminer par Le Havre (3-0) qui avait une sacrée génération : Bradley Danger (qui a joué à l’USAMSM, aujourd’hui au Red Star, L2), Yahia Fofana (Angers, L1), Pape Gueye (Villarreal, ESP), Teddy Lia (Lausanne, SUI)… La saison suivante, c’est le Stade Rennais avec Alan Kérouedan (meilleur buteur de National la saison dernière sous le maillot « Bleu et Blanc », actuellement à Grenoble, L2), Sofiane Diop (Nice, L1), Alexis Trouillet (Rodez, L2)… On s’est fait exploser". Désormais, cet Avranchinais pure souche n’espère qu’une seule chose : que ses jeunes pousses réussissent là où il avait échoué à l’époque, en accrochant un « gros » de la Gambardella au tableau de chasse du club du Sud-Manche.
> Coupe Gambardella. Quart de finale - AJ Auxerre (Nat) / US Avranches (Nat), dimanche 30 mars à 13 H 30 à l'annexe du Stade de l'Abbé-Deschamps.
Encadrés par leurs deux coachs, Emilien Joba (à gauche) et Clément Cazes (à droite), les jeunes pousses avranchinaises rêvent d'un exploit sur la pelouse d'Auxerre, dimanche. ©Damien Deslandes
Semaine spéciale quart de finale de l'US Avranches en Coupe Gambardella
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