Quand on le voit sur les photos d'archives, maillot bleu au corps, l'écusson de l'US Avranches sur la poitrine, il faut se creuser la tête quelques secondes pour percuter. Est-ce parce qu'on le connaît davantage comme entraîneur que comme joueur ou parce que la coupe de cheveux bien rangés des années 2000 a aujourd'hui disparu ? Toujours est-il que Maxime d'Ornano, aujourd'hui sur le banc du FC Rouen, n'en est en fait pas à son coup d'essai en Normandie. Non. Le FCR constitue effectivement sa deuxième pige dans la région puisque l'ancien défenseur a défendu les couleurs d'Avranches lors de la saison 2005-2006. "C'est Jean-Noël Le Buzullier, alors entraîneur d'Avranches, qui m'a fait venir", raconte Maxime d'Ornano. "Pendant quatre saisons, on a joué ensemble à Saint-Brieuc, au début j'étais milieu et après on a évolué ensemble en charnière centrale. On est devenus très proches malgré le fait qu'il doit avoir dix ans de plus que moi (l'un est né en 1970, l'autre en 1980)".
Jean-Noël Le Buzullier, aujourd'hui à la tête des U-19 nationaux du club avranchinais, a gardé de précieux souvenirs de ses années de collaboration avec celui qui est resté "un très bon ami". "Mon lien avec Max est beaucoup moins lié à l'US Avranches qu'à notre parcours antérieur vu qu'on a joué ensemble pendant cinq ans", précise-t-il. Et puisque les deux défenseurs ont formé un duo sur le terrain en CFA 2 et CFA (ex-National 3 et 2), l'éducateur manchois est l'un des mieux placés pour décrire le joueur qu'était l'actuel entraîneur du FCR. "Il avait déjà une personnalité très réfléchie, très calme, il a toujours été comme ça même si de temps en temps sur le terrain, je me rappelle qu'il sortait une phrase un peu plus forte quand il y avait besoin, mais c'était toujours à bon escient".
"J'ai passé une bonne année car Jean-No prônait le jeu, j'ai gardé des potes, et peut-être qu'il aurait fallu que je reste un peu plus. C'était un club en construction qui voulait monter"
Maxime d'Ornano
Lorsqu'il évoluait du côté d'Avranches, Maxime d'Ornano était responsable de l'école de foot du club et œuvrait en parallèle au collège La Chaussonnière où il gérait une classe foot avec son partenaire sur le terrain Alexis Rouquette, lequel est resté un très bon ami. "Avec le professeur d'EPS de l'époque Régis L'Hermitte, un fidèle supporter d'Avranches, qui venait voir tous nos matches, on animait la classe foot", se souvient avec nostalgie le natif d'Ollioules dans le Var. Puisqu'il était déjà père de famille à cette époque, le technicien jonglait déjà régulièrement entre la Normandie et la Bretagne, et s'il n'est resté qu'un an à l'US Avranches sans réussir à faire monter l'équipe au niveau CFA, l'entraîneur garde un bon souvenir de cet épisode de sa vie. "J'ai passé une bonne année sur le terrain car Jean-No prônait le jeu, j'ai gardé des potes, et peut-être qu'il aurait fallu que je reste un peu plus. C'était un club en construction qui voulait monter".
Un club à jamais à part mais l'adversaire d'un jour
Si la plupart des souvenirs sont positifs, il reste toutefois une rencontre qui hante encore l'ancien défenseur d'Avranches. "C'était un match important, on jouait Concarneau et j'ai merdé", s'en veut-il toujours aujourd'hui. "On perd 1-0 et moi je marque contre mon camp". Cela ne surprendra personne, mais cela avait valu quelques remontrances à l'actuel entraîneur rouennais de la part de l'emblématique président Gilbert Guérin dont la disparition à l'automne a évidemment affecté Maxime d'Ornano. "C'était un président très présent, très ambitieux pour son club et très proche de ses joueurs. Il était exigeant et proche à la fois, il voulait que ses joueurs se sentent bien. Quand je suis arrivé, même si ce n'était que du CFA 2, on m'avait fait comprendre que le foyer avait été construit par des gens du club. Quand je vois que maintenant ils ont un vrai centre d'entraînement à eux, c'est aussi l'héritage du président. C'était un club à la fois serein et ambitieux, je trouvais qu'ils prenaient le bon chemin".
"Chacun trace sa route et sur le match de samedi, ce sera un adversaire, mais un adversaire particulier"
Maxime d'Ornano
De son unique année à Avranches, Maxime d'Ornano a donc gardé de précieux amis, Jean-Noël Le Buzullier et Alexis Rouquette en tête, mais ces derniers n'incarnent pas ses seuls souvenirs. "Parmi les joueurs qui m'ont marqué, il y avait bien sûr le capitaine Régis Pigeon. Pour moi, c'était une énigme qu'il ne joue qu'à ce niveau-là car il avait des qualités pour aller au-dessus". Si les deux hommes se sont perdus de vue, l'ancien Briochin n'a rien oublié de leur collaboration. "Il y avait aussi Nico Roussel, lui il avait vraiment du talent, Nicolas Géraux aussi, sans oublier les autres anciens du Stade Briochin, Stéphane Guérin, Yves-Marie Le Nestour... Ce sont des mecs qui ne sont pas restés longtemps non plus. C'était vraiment une équipe avec de bons joueurs de foot !"
Finalement, l'opportunité de rejoindre Lannion où il a opéré la transition de joueur à entraîneur a contraint Maxime d'Ornano à ne pas s'éterniser dans la baie du Mont-Saint-Michel. Parmi les clubs dont il a défendu les couleurs, l'US Avranches reste néanmoins un peu à part. Et si le coach rouennais voue toujours une réelle affection à l'institution manchoise, c'est bien avec l'intention de prendre les trois points qu'il va retrouver le stade René-Fenouillère ce week-end, avec la formation du FC Rouen. "Chacun trace sa route et sur le match de samedi, ce sera un adversaire, mais un adversaire particulier", glisse le technicien. S'il souhaite forcément le meilleur à son ancien club, il ne lui fera évidemment aucun cadeau. "On sait déjà que ce sera un match engagé !" prédit-il. Nul doute cependant que comme lors de sa venue avec Saint-Brieuc il y a trois ans, Maxime d'Ornano sera dignement accueilli dans son ancienne maison.
> N1. J27 - US Avranches (16e - 26 points) / FC Rouen (5e - 38 points), samedi 30 mars à 19 H 30 au Stade René-Fenouillère.