Comme chaque saison depuis six ans, l'US Avranches va rendre visite ce lundi soir à l'US Concarneau dans son stade Guy-Piriou. En plus d'être la troisième affiche la plus jouée en National sur les dix dernières années*, le duel entre Normands et Bretons est aussi un affrontement entre deux présidents que le football a su rapprocher : Gilbert Guérin l'Avranchinais d'un côté, Jacques Piriou le Concarnois de l'autre. "On se connaît par le foot", témoigne le dirigeant manchois. "Au départ, on était de simples adversaires. Quand ils sont montés en National, deux ans après nous, Jacques est venu nous voir, avec deux-trois dirigeants de Concarneau, pour avoir des conseils : la compta, l’administratif, les règlements…". "On s'est connu lorsque nos clubs évoluaient en CFA, il y a une dizaine d'année", précise pour sa part Jacques Piriou. "C'est vrai que Gilbert m'a beaucoup conseillé sur la manière dont les choses se passent en National et à partir de là, on a gardé beaucoup de complicité".
Jacques Piriou
Leur relation on ne peut plus saine, les deux présidents la doivent à leur amour pour le football mais aussi à la manière dont ils mènent leur barque. "On se parle tous les trois jours, après chaque match on s'appelle", confie Gilbert Guérin. L'un et l'autre ont connu des histoires aux nombreux points communs, faites de hauts et parfois de bas. "Je crois qu'on a les mêmes emmerdes", plaisante Jacques Piriou. "On a la même façon de fonctionner et surtout, on a les mêmes valeurs. L'un et l'autre, nous sommes bien sûr très amoureux de nos clubs".
Le parallèle entre les deux amis est d'ailleurs particulièrement saillant : l'un et l'autre ont succédé à leur propre père, ont connu leurs réussites à la tête de leurs entreprises respectives et sont aux commandes de clubs situés dans des petites villes. Avec les combats que ça comporte. "Jacques était co-patron d’une boîte de 2 500 salariés, les chantiers Piriou (construction et réparation de bateaux pour l’armée, pour la pêche), précise Gilbert Guérin, fondateur pour sa part de l'entreprise Guérin peintures en 1971. "Aujourd'hui, nous représentons deux clubs amateurs et on est en phase complète sur la manière de faire. On est des gens qui avons les pieds sur terre. On ne fait pas n'importe quoi, on essaie de gérer ça au mieux". Une fois encore, Jacques Piriou abonde : "Il n'y a sûrement pas de hasard dans le fait que nos clubs parviennent à se maintenir en National depuis tant de saisons. On a les mêmes stratégies à commencer par éviter de dépenser de l'argent qu'on n'a pas. On essaie ensuite d'inculquer à nos troupes nos valeurs et notre amour de notre club".
Une amitié en stand-by 180 minutes par saison
Liés pour défendre bec et ongle leurs associations, Gilbert Guérin et Jacques Piriou sont selon les mots de ce dernier "quart de frères". "C'est son expression", sourit le président d'Avranches, "je ne suis pas certain de bien la comprendre". L'un et l'autre partagent aussi le même avis sur la création d’une Ligue 3 ou encore la limitation du nombre de contrats. Ils ont aussi en commun de nourrir une relation extrêmement saine avec le président de la Fédération Française de Football Noël Le Graët. Il n'est ainsi pas inapproprié d'écrire que le duo Guérin/Piriou vise à tirer tout le championnat derrière lui en vue de le faire progresser, même si le contexte récent n'est évidemment pas simple et que rien n'est jamais acquis. Autre exemple parlant : alors que Gilbert Guérin est le président de l’Union des Clubs de National depuis 8 ans, Jacques Piriou en est pour sa part le vice-président depuis 6 ans.
Gilbert Guérin
Reste que l'actualité immédiate va, le temps de 90 minutes, mettre l'équipe concarnoise et l'armada avranchinaise l'une en face de l'autre. "C'est un match plus que spécial parce qu'on se demande toujours à quel moment de la saison on va manger ensemble", plaisante Jacques Piriou. "On se chambre pas mal et ce sont des moments sympas tant que l'enjeu n'est pas trop crucial. Mais ça reste un match de football !" "Quand on perd contre Concarneau, et ça arrive souvent, ça me fait toujours moins de peine que quand c’est contre un autre club", résume Gilbert Guérin. "Je me dis : « Jacques est content ». Ça atténue ma peine. Et l’inverse est vrai aussi".
Ce lundi soir, le président de l'US Avranches n'aura hélas pas l'occasion de vivre la rencontre aux côtés son confrère, ce dernier étant retenu par les vendanges dans son domaine du sud. "Il était prévu que j'y sois mais je dois rester à Collioures (Pyrénées-Orientales)", regrette le président des Thoniers. Le vin, le raisin, une autre passion qui relie par ailleurs les deux dirigeants. "Jacques a des vignes dans le sud. Il m’en a vendu un hectare", raconte Gilbert Guérin. "Les vendanges se sont décalées à cause de la météo mais que Gilbert se rassure, je vais quand même m'occuper de son raisin !" assure de son côté Jacques Piriou. C'est ainsi devant sa télévision, en prime-time devant Canal+ Sport, que le Breton va regarder son équipe défier Avranches ce lundi soir. C'est d'ailleurs la première fois de leur histoire que les deux clubs vont se défier devant les caméras du diffuseur. "Cette diffusion, c'est une certaine reconnaissance, je trouve que c'est un joli clin d'oeil au vrai foot amateur et aux présidents qui sont vraiment impliqués dans le fonctionnement de leur club", conclue le dirigeant concarnois, à coup sûr rejoint par son compère normand.
*Sur les dix dernières saisons, l'affiche Avranches - Boulogne-sur-Mer est la plus fréquente en troisième division. Suivent Boulogne-sur-Mer - Concarneau et donc Concarneau - Avranches.
> N1. J7 - US Concarneau (6e - 11 points) / US Avranches MSM (13e - 7 points), lundi 20 septembre à 21 heures au Stade Guy-Piriou.
Battre l'US Concarneau, pas une mince affaire
Comme l'a relevé Gilbert Guérin, Avranches n'aura pas match gagné d'avance à Concarneau, c'est peut-être même tout l'inverse. L'équipe de la Manche n'est ainsi pas en réussite lorsqu'il s'agit de défier les Thoniers en National et c'est encore plus vrai depuis 2019. L'USAMSM reste ainsi sur une douloureuse série de six revers de rang, elle qui n'a jamais su s'imposer par ailleurs au stade Guy-Piriou depuis la montée des Finistériens au 3e échelon en 2016. Et s'ils restent sur un revers incommodant à Cholet (4-2), les Bretons réalisent un bon début de championnat. "Il y a eu un petit bug à Cholet qui ne correspond pas à nos premiers matchs mais je suis satisfait de ce qui a été fait jusqu'à présent", analyse Jacques Piriou. "Le match contre Avranches doit nous permettre de nous rassurer".
Aurélien RENAULT