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Fred Reculeau : "On joue avec la santé des joueurs"

Moins de dix minutes après son entrée en jeu, Jordan Kassa est sorti sur blessure, victime vraisemblablement d'un claquage à la cuisse droite. ©Damien Deslandes

Moins de dix minutes après son entrée en jeu, Jordan Kassa est sorti sur blessure (73'), victime vraisemblablement d'un claquage à la cuisse droite. ©Damien Deslandes

En s'inclinant sur la pelouse de Fenouillère (2-1) contre Bastia, l'US Avranches a manqué l'opportunité de s'asseoir de nouveau dans le fauteuil de leader. Pourtant, ce n'est pas vers le haut du panier que Fred Reculeau regarde mais plutôt à l'opposé. Il faut dire que le classement est difficilement lisible. La faute à ces multiples reports en raison du contexte sanitaire(1). Dans ce National 1, à la croisée entre les mondes professionnel et amateur, personne n'a son calendrier à jour ; certaines équipes accusent même déjà trois rencontres de retard par rapport à d'autres. "Je pense que le championnat est tronqué", ne passe pas par quatre chemins le coach manchois opposé à sa poursuite dans ces conditions. "On va assister à des choses surprenantes".

"C'est pourquoi des matches comme celui-ci (contre Bastia), il ne faut pas les louper"

Une incertitude qui n'est pas près de s'arrêter. Le club du président Gilbert Guérin est bien placé pour le savoir. "Boulogne (le prochain adversaire de l'USAMSM) ne joue pas lundi (face à Orléans, six de ses éléments ayant été testés positifs à la Covid-19). Si ça se trouve, on nous annoncera qu'on ne se déplace pas vendredi (13 novembre)", s'interroge le technicien d'origine vendéenne, impatient de connaître le planning de ses prochaines semaines. "Derrière, on va au Red Star (le 24) puis on accueille Le Mans (le 30). Si entre les deux, ils disputent deux, trois ou quatre matches(2), on risque de souffrir".

Et si sa formation pointe encore au cinquième rang, le responsable sportif de l'USAMSM met en garde. "Le classement va commencer à devenir étriqué. Ce soir (vendredi), on jouait la première place, peut-être que dans trois semaines, ça sera la 10eC'est pourquoi des matches comme celui-ci (contre Bastia), il ne faut pas les louper, il faut les saisir, les prendre à bras-le-corps". Un calendrier « à trou » qui a déjà fortement pénalisé les partenaires de Charles Boateng. Avant la réception du Sporting, l'US Avranches n'avait plus joué en compétition officielle depuis... le 17 octobre (à l'occasion du 5e tour de la Coupe de France face à Troarn), depuis le 13 en championnat (et une victoire aux dépens de QRM). Une inactivité forcée qui s'est traduite en seconde période contre Bastia par un cruel manque de rythme.

Le regret d'avoir fait rentrer Jordan Kassa

"On a assisté à une deuxième mi-temps insipide. On a été très nettement en difficulté athlétique. Mentalement, on était présents à l'image de ce but dans les arrêts de jeu (inscrit pas Steven Séance, refusé pour une position de hors-jeu loin d'être évidente). Mais on n'avait pas les ressources physiques pour réagir", indique un Fred Reculeau qui redoutait ce scénario. "On est incapables de mettre les joueurs à la hauteur d'une performance que requiert ce niveau. Elle se situe-là notre difficulté. Les joueurs ne sont pas des robots. Quand il n'y a plus de gaz dans le réservoir... Nous, les entraîneurs, n'avons pas de baguette magique", déplore le technicien avranchinais qui s'inquiète pour la santé de son effectif, dont plusieurs membres ont été touchés par la Covid-19 dans un passé pas si lointain.

"On ne fait plus du foot, on bricole. Je n'éprouve aucun plaisir actuellement"

"On joue avec la santé des joueurs. J'en suis convaincu. Ceux qui sont touchés par ce phénomène peuvent avoir des séquelles". Sans qu'il en ait la preuve, le coach normand, lui-même testé positif à deux reprises, craint que la blessure de Jordan Kassa (victime d'un claquage à la cuisse droite moins de dix minutes après son entrée en jeu) soit un effet secondaire de l'arrêt imposé par la contraction de ce coronavirus. "J'ai hésité à le faire jouer. Je me le reproche". Un contexte de plus en plus pesant aux yeux de Fred Reculeau.

"Bien sûr, la situation est la même pour tout le monde. Je ne me plains pas. Il faut relativiser par rapport à ce qu'on voit à la TV. J'ai des membres de ma famille qui ont des commerces et qui vont se retrouver en difficulté". Pour autant, l'entraîneur avranchinais reconnaît qu'il n'éprouve "aucun plaisir actuellement" à exercer son métier. "Nos conditions d'entraînement sont bonnes : on a plaisir à se retrouver avec les joueurs mais on ne fait plus du foot, on bricole. Vous voyez notre quotidien. On passe notre temps à dire aux garçons de porter leur masque, de mettre du gel, de ne pas toucher ceci, cela, de ne pas aller aux vestiaires...". Avant d'ajouter : "Quand on se lève le matin et qu'on pense plus aux conditions dans lesquelles ça va se passer avec cette saloperie, si on a un joueur touché, on y va à reculons. Il y a sûrement des entraîneurs, avec leur force mentale, qui arrivent à contourner ça". Mais pas Fred Reculeau. Impossible de lui en vouloir.

(1)Contrairement à la L1 et à la L2 où un protocole prévoit qu'un match peut avoir lieu si chaque équipe est en mesure de présenter 20 joueurs déclarés négatifs à la Covid-19 dont un gardien sur une liste de 30 éléments fournie au préalable à la LFP, une rencontre de N1 peut être reportée si une des deux formations présente un cas positif, selon les recommandations des ARS (Agence régionale de santé).

(2)Trois matches figurent au calendrier du Red Star d'ici la réception de l'US Avranches, un seul pour Le Mans avant son déplacement à Fenouillère.

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