Sur les hauteurs du pays de l'Avranchin, nul cloche d'alarme n'est encore venue résonner dans l'antre de Fenouillère. S'il n'est guère l'heure du côté de l'USAMSM de verser dans un pessimisme malvenu, la méfiance, elle, est clairement de mise. Et puisqu'il est d'ailleurs totalement d'actualité de prévenir avant de guérir, le coach Fred Reculeau n'a pas attendu que son équipe glisse au classement pour asséner à ses joueurs quelques vérités après le revers de vendredi contre le relégable Villefranche-Beaujolais (J16. 1-2, le 18 décembre). La saillie la plus accablante restant celle où il n'a pas hésité à dire à ses hommes qu'ils "n'ont pas le niveau du National". Et le technicien de préciser le fond de sa pensée : "Cette première partie de saison reste très décevante, 20 points en 16 matches, c'est un petit ratio. Il faut que les joueurs prennent conscience de certaines choses, on ne peut pas penser qu'on est une équipe qui vit bien sa saison. On n'a pas la ferveur pour prétendre à quelque chose dans le championnat".
Dans l'absolu, rien n'apparaît catastrophique dans le bilan d'Avranches, 11e à la trêve. Vainqueur de son dernier match en date voilà dix jours seulement à Boulogne (J15. 1-0, le 11 décembre) au terme d'une partie globalement maîtrisée, le club de la Manche est loin d'être un naufragé en détresse. Seulement, quelques signes ne trompent guère quant à la perte brutale de compétitivité de l'effectif par rapport à celui de l'exercice précédent. Meilleure formation de N1 à domicile en 2019-2020, l'USAMSM n'est plus que l'ombre d'elle-même dans son antre, elle qui y a déjà perdu six fois, en dix représentations. Un record parmi les 18 équipes du championnat.
"On a joué la première place à certains moments mais il faut faire attention car ça peut vite s'inverser", prévient par ailleurs Fred Reculeau. "En ce moment, on se rapproche plus de la queue d'ailleurs. Nos performances et nos contenus sur cette première partie ne sont pas bons, ils ne sont même pas acceptables". Lors des bilans à mi-saison, ou presque*, il est davantage question de dynamique que de détails chiffrés. Et c'est sans doute ce qui est le plus inquiétant : alors qu'on assiste à certains réveils dans le bas de tableau (Villefranche, Boulogne, Bourg-en-Bresse), Avranches semble faire le chemin inverse. Détentrice de trois victoires après ses cinq premiers matches, l'équipe normande en est à trois succès également mais sur les onze suivants. "On fait les montagnes russes chaque semaine", regrette le coach. "Alors oui, il y a la jeunesse, oui il y a ce qu'il se passe actuellement avec la pandémie mais on joue et on s'entraîne. Pour moi, on a les moyens de faire beaucoup mieux !"
Ayoub Jabbari, parti pour être l'unique renfort
En début de saison, il était aisément identifiable que l'US Avranches avait perdu gros sur chacune de ses lignes. Son leader défensif Bradley Danger, son maître à jouer Victor Lobry et son meilleur buteur Michaël Nilor sont ainsi tous partis à un échelon supérieur et la tâche était rude de leur emboîter idéalement le pas. Derrière, Khaled Adénon apporte son expérience mais n'est pas le roc attendu alors qu'il faudra encore un peu de temps d'acclimatation à Azzedine Ounahi au milieu et au duo Jordan Kassa-Marvyn Belliard devant pour réellement prendre le niveau National à bras-le-corps. Un constat que partage Fred Reculeau : "En ce moment, je n'ai pas de joueurs assez talentueux pour faire monter le niveau de l'équipe. Lorsqu'elle est un peu moins bien, je n'ai pas ce coup de fouet, ce coup de talent qui lui permettrait de se retourner. J'ai des bons joueurs mais je n'ai pas de footballeurs qui me renversent un match. Je suis en colère par rapport à ça car il pourrait y avoir ce genre de joueurs dans l'équipe. Soit ils ne s'en donnent pas les moyens, soit je les vois trop beaux".
Ne faisons toutefois pas dire au coach avranchinais ce qu'il ne veut pas dire. Lorsqu'il a quitté le Stade René-Fenouillère vendredi pour partir en vacances, l'ancien entraîneur des Herbiers avait la mine fatiguée tandis que sa frustration transparaissait dans ses déclarations. Proche de ses joueurs, le technicien veut évidemment les voir briller. "Ma colère n'est pas gratuite, c'est une colère de frustration", glisse-t-il. "J'aurais tellement envie qu'ils y arrivent, qu'ils réussissent. Ils bossent bien, ils donnent tellement de choses à l'entraînement mais quand arrive la compétition, je n'ai plus ces mêmes joueurs et c'est ce qui m'agace".
Vendredi soir, alors que de nombreux joueurs blessés ou suspendus manquaient à l'appel, Fred Reculeau a offert 45 minutes de jeu à l'attaquant Ayoub Jabbari, tout récemment prêté par le Stade Malherbe pour le reste de la saison. Dans un contexte difficile et peu de séances dans les jambes, le Marocain n'a pas fait de miracle, malheureusement. "Ce n'est jamais facile, il a manqué de repères", expose son nouveau coach. "Il a des qualités et plein de choses à améliorer. Je vais apprendre à le découvrir lors de la deuxième partie de saison". Et le jeune joueur passé par Chartres pourrait bien demeurer, d'ailleurs, le seul renfort d'Avranches en vue de la phase retour. "Pour l'instant, au niveau des arrivées éventuelles, on n'a pas eu de discours allant dans ce sens", expose Fred Reculeau. Sans céder à la panique, Charles Boateng, Pierre Magnon et les autres ont jusqu'au 30 décembre, date de la reprise, pour recharger les batteries. Il faudra ensuite travailler à retrouver l'âme conquérante des dernières saisons. La zone rouge à trois points derrière, il en va de la survie en National d'un club qui y fait la pluie et le beau temps depuis maintenant sept ans.
*L'US Avranches jouera le dernier match de sa phase aller sur le terrain du FC Sète le vendredi 8 janvier (20h). Ce déplacement s'annonce d'ores et déjà très important.
Aurélien RENAULT
Le bilan de l'USAMSM à la trêve de Noël
> 11e - 20 points
> 6 victoires - 2 nuls - 8 défaites
> 19 buts marqués - 21 encaissés
> Meilleur buteur : Samuel Essende (4 buts)