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Pour se sauver, l'US Avranches aura besoin de son « super-héros » Goduine Koyalipou

Depuis son arrivée en prêt cet hiver à l'US Avranches en provenance de Lausanne, Goduine Koyalipou affiche des statistiques impressionnantes avec 11 buts en 16 apparitions. ©Damien Deslandes

Depuis son arrivée en prêt cet hiver à l'US Avranches en provenance de Lausanne, Goduine Koyalipou affiche des statistiques impressionnantes avec 11 buts en 16 apparitions. ©Damien Deslandes

Lorsqu’il est apparu pour la première fois sur la pelouse du Stade René-Fenouillère, le 7 janvier, Goduine Koyalipou n’imaginait sans doute pas qu’il était alors au-devant de cinq mois d’exception dans la Manche. Le public, venu en nombre ce jour-là, non-plus. Lors de cet après-midi pluvieux, le Centrafricain prêté par le Lausanne Sport (D2 Suisse) s’était contenté de 16' de jeu sans but à la clef lors de l’élimination des « Bleus » contre Brest (0-2) en 1/32e de finale de la Coupe de France. C’est cependant dans un rôle d’indéboulonnable titulaire que l’attaquant a ensuite traversé les premières semaines de 2023, avec fracas. Lors de ses 15 premiers matches de National, Goduine Koyalipou a ainsi scoré à 11 reprises et délivré deux passes décisives. Des statistiques à faire pâlir les meilleurs artificiers de la division. Sans le ratio hors-norme de sa recrue hivernal, l’USAMSM - qui lutte pour son maintien - aurait sans doute perdu pied bien avant le printemps. "Je suis venu à Avranches parce que leur projet m'intéresse", assure le joueur qui a fêté ses 23 ans le 15 février. "C'est un club qui a formé beaucoup de joueurs. Je ne connaissais pas le coach (Damien Ott) personnellement mais j'ai parlé avec lui et ça m'a donné envie de venir, tout simplement".

"Goduine, j'ai eu le tuyau par son agent et j'ai réussi à le faire venir", Xavier Gravelaine

Si la venue de Koyalipou dans le Sud-Manche est imputable à l’ex-entraîneur de Colmar, elle doit aussi beaucoup au flair et au réseau du directeur sportif Xavier Gravelaine. "Sur le poste d'attaquant, on a eu beaucoup de propositions. Goduine, j'ai eu le tuyau par son agent et j'ai réussi à le faire venir", se félicite l’ancien attaquant qui savait pertinemment que la phase retour du championnat risquait de s’apparenter à un chemin de croix pour l'US Avranches sans l’impulsion de nouveaux éléments. "Après un bon début de saison, sur les mois de novembre-décembre, on était davantage en difficulté, on s'est dit qu'il fallait faire un rééquilibrage".

Comment un élément ayant crevé l’écran lors de ses débuts en « pro » à Niort, entre 2018 et 2020, a-t-il ainsi pu se retrouver à signer six mois en prêt en National, en 2023 ? Tout découle en fait d’un choix de carrière peu judicieux. À l’été 2021, le natif de Bangui a en effet répondu aux sirènes du Lausanne Sport, force montante de D1 suisse. "J'aimais beaucoup leur projet, je voulais aider l'équipe, il y avait beaucoup de jeunes à encadrer, je pensais que je jouerais", détaille Goduine Koyalipou qui a cependant rapidement subi la descente aux enfers du club lausannois, relégué en D2 au printemps 2022 et en difficulté sportive lors de la phase aller de l’exercice en cours. "C'est difficile d'expliquer ce qui s'est passé, je n'ai pas grand-chose à dire sur cette saison", glisse l'attaquant, amer et pas épargné par les pépins physiques, comme lors de ses derniers mois niortais. "Je m'attendais à une autre aventure, on a été moins bons et on n'a pas eu les résultats attendus, tout simplement".

A deux doigts de signer au Stade Malherbe en 2001

Avec un temps de jeu insuffisant de l’autre côté du lac Léman, le joueur formé aux Chamois Niortais a donc fait le vœu d’être prêté cet hiver et c’est là que l'USAMSM et Xavier Gravelaine ont surgi. "Goduine, je suis content pour lui, il a travaillé, il voulait revenir en France", confie l’ancien directeur général du Stade Malherbe. "Lui et Noah (Françoise, le milieu prêté par Rennes cet hiver), ce sont des garçons qui ont faim et qui ne se posent pas la question de savoir si Avranches est tout petit par rapport à d'autres. Goduine appartient à Lausanne, Noah appartient à Rennes. Ils savent que c'est un tremplin et ils se sont rapidement intégrés". Lors du court revers de l’US Avranches contre l’US Orléans (J28. 2-1, le 7 avril), Goduine Koyalipou s’est distingué en marquant le seul but manchois d’une jolie tête renversée. Dans les travées de Fenouillère, le président du SM Caen Olivier Pickeu et son directeur sportif Yohan Eudeline étaient aux premières loges pour voir le phénomène du National en action ; un phénomène qui - pour la petite histoire - aurait dû évoluer en Normandie bien plus tôt. Il y a deux ans, l'attaquant avait donné son accord pour porter le maillot malherbiste. Mais devant les résultats décevants de la maison « Rouge et Bleu » à l'époque avec ce fameux maintien acquis à l'ultime minute de la dernière journée, le principal intéressé a préféré finalement emprunter un autre chemin.

"Nous ne sommes pas surpris de sa progression. Si on l'avait fait signer alors qu'il ne jouait plus un seul match avec Niort (mis au placard pour ne pas vouloir prolonger), c'est qu'on sentait un potentiel", Yohan Eudeline

Où verra-t-on alors évoluer la saison prochaine le puissant et technique attaquant centrafricain, par ailleurs capable d’évoluer en tant qu’avant-centre comme d’occuper l’aile ? "Goduine aura encore un an à Lausanne, il est d'ailleurs sûrement regardé mais on n'en est pas à ce stade, on avance pas à pas", évoque Xavier Gravelaine. "Il est trop tôt pour tirer des conclusions. Il faut valider cette première année avant tout et on verra la suite". Qu’Avranches évolue encore en National ou non en 2023-2024, il semble acquis que Fenouillère n’aura été son port d’attache que six mois durant. Y a-t-il alors une chance pour que l’histoire de l’ex-Niortais à peine entamée avec Malherbe puisse cette fois-ci décoller ? Yohan Eudeline ne ferme aucune porte. "Les joueurs, tu peux les suivre pendant quatre, cinq, six ans avant de pouvoir les faire. Il faut le timing. Il faut qu’il ait envie de venir. Il faut qu’on ait envie de le faire. Il faut que le coach le veuille. On n’est plus dans le même timing. Nous ne sommes pas surpris de sa progression. Si on l’avait fait alors qu’il ne jouait plus un seul match avec Niort (mis au placard car il ne voulait pas prolonger son contrat), c’est qu’on sentait un potentiel. Ce qui est intéressant avec lui, c’est qu’il peut jouer au poste d’excentré et d’attaquant".

S’ils veulent se lancer dans la course à la signature, les dirigeants caennais risquent de ne pas être les seuls à se tourner vers Lausanne qui risque de voir les propositions pleuvoir. En National, le joueur aura en effet été la curiosité de la phase retour et ses trois doublés de suite en championnat (Red Star, Paris 13 Atlético et Le Mans) lui auront notamment permis d’être nommé pour le titre de joueur du mois de mars (finalement revenu au Dunkerquois Rayan Ghrieb). Et si l’avenir frappe déjà à la porte pour Goduine Koyalipou, l’US Avranches pourra se féliciter d’avoir une fois encore flairé le coup gagnant avant les autres. À nouveau, si le club manchois parvient à sauver sa peau en troisième division, il le devra en grande partie à son super-héros centrafricain.

> N1. J33 - Versailles / US Avranches, vendredi 19 mai à 21 heures au Parc des Sports Michel-Hildalgo à Saint-Gratien.

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