Pas besoin d'être devin pour savoir que le mot d'ordre a tourné autour de "retenue" et "prudence" cette semaine à la Plaine de Jeux de Saint-Martin-des Champs où s'entraîne l'US Avranches. Si le succès éclatant au FC Versailles (0-3) vendredi était évidemment euphorisant, les Manchois n'ont jamais gagné que le droit de jouer leur survie lors d'une 34e journée qui s'annonce irrespirable vendredi (21h) et lors de laquelle ils croiseront le fer avec le SO Cholet (7e) au stade René-Fenouillère. "Les joueurs ont apporté une très bonne réponse pour montrer qu'ils sont totalement investis par le projet", s'est félicité l'entraîneur Damien Ott sans laisser la moindre place au relâchement. "Il faut finaliser désormais, on a une balle de match vendredi et tant qu'elle n'est pas jouée, rien n'est fait !"
Ihsan Sacko
Au bord du précipice à l'aube d'accueillir la lanterne rouge Borgo (J32. 3-1, le vendredi 12 mai), les Avranchinais ont sur résister à la pression. Et si leur retour aux affaires porte indiscutablement la marque d'un esprit de groupe remarquable, il doit aussi à la force de caractère de l'attaquant Ihsan Sacko, auteur d'un doublé retentissant du côté de Versailles après avoir connu une mauvaise passe au sortir de l'hiver. "Je n'oublie pas que deux ans auparavant je n'ai pas joué et je savais que j'allais avoir des coups de mou dans cette saison", confie l'Avranchinais. "Marquer ces deux buts, ça fait du bien. Être important pour l'équipe, c'est gratifiant pour moi. Ils ont besoin de moi et moi d'eux".
Fort d'un bagage consistant fait notamment de piges en Ligue 1 du côté du RC Strasbourg et de l'OGC Nice, Sacko devait être un véritable guide pour l'US Avranches en cette saison charnière à 6 descentes. Et le moins que l'on puisse écrire, c'est que son début de saison a d'abord été convaincant. "J'étais vraiment content de mes débuts avec Avranches, j'étais satisfait de moi puis c'est devenu compliqué collectivement à l'automne". Victime le concernant d'un coup de moins bien, moins décisif car décalé à droite pour laisser la pointe au phénomène Goduine Koyalipou, le natif d'Alfortville n'a plus trouvé le chemin des filets entre le 3 février et le 12 mai contre Borgo. "Le coach et le directeur sportif (Xavier Gravelaine) m'ont parlé après le Red Star, ils ont voulu me faire souffler et j'ai commencé à moins jouer. Le coach a eu quelques doutes, ça n'était pas facile, mais il me faisait souvent rentrer 45 minutes".
Ihsan Sacko voulait à tout prix maintenir Avranches, le voilà tout près du but
La force des grands joueurs, paraît-il, c'est de savoir se relever des moments difficiles et il semble qu'Ihsan Sacko soit de cette trempe-là. Buteur et passeur décisif contre Borgo avant son doublé à Versailles, l'attaquant de 25 ans est sorti de sa boîte au moment opportun. "C'est un homme de confiance qui a su répondre à ma confiance", salue son coach sans occulter toutefois que tout n'a pas été un long fleuve tranquille pour l'ancien Troyen cette saison. "Il y a eu des hauts et des bas mais il a apporté une très bonne réponse à ses nombreux détracteurs. Son objectif ici, c'était de marquer au moins 10 buts (son total en championnat avant la dernière journée) et de valider le maintien du club. Quand ce sera fait, il sera toujours temps de discuter de la suite. Ihsan, c'est quelqu'un qui est capable de vous rendre ce que vous lui donnez, ça dépasse même le cadre du footballeur, c'est avant tout un homme admirable".
Damien Ott, Entraîneur
Vendredi soir, l'US Avranches disputera l'un des matches les plus importants de son histoire récente. Si des rencontres comme la victoire 2-0 au Stade Bordelais synonyme de montée en National voilà bientôt 10 ans ou le quart de finale de Coupe de France contre le PSG en 2017 ont évidemment compté, le duel à venir contre Cholet, s'il aboutit à une victoire normande, occupera à coup sûr une place de choix dans la vitrine manchoise. "Borgo, c'était les quarts, à Versailles, on a gagné la demi-finale donc Cholet, ce sera notre finale à nous", estime Ihsan Sacko, motivé comme jamais à l'idée d'offrir les 3 derniers points du maintien à son club.
Pour les « Bleus », la donne sera simple lors de cette dernière rencontre de la saison. S'ils battent les joueurs des Mauges, ils n'auront pas à se soucier de ce qui se passe sur les autres stades. Par ailleurs, si le duel de la peur entre les deux premiers relégables Bourg-Péronnas et l'AS Nancy se conclut sur un match nul, le résultat des Avranchinais n'aura guère d'importance puisque cela leur assurerait aussi le maintien. Dans l'intérêt de tout un club néanmoins, Ihsan Sacko et ses partenaires seraient bien inspirés de tout simplement s'imposer. "Moi personnellement, je ne calcule pas, je ne vais pas regarder ce qui se passe derrière moi mais rester concentré sur mon match", assure l'ex-Niçois. "Je préfère même regarder devant, prendre les 3 points et pourquoi pas me rapprocher du top 5. Ce groupe sait ce qu'il a à faire, ça a été une année compliquée mais je pense qu'on est très forts et qu'on est redoutés même si on n'est pas très bien classés". Reste, encore une fois, à conclure.
> N1. J34 - US Avranches (11e - 42 points) / SO Cholet (7e - 45 points), vendredi 26 mai à 21 h au Stade René-Fenouillère.
L'affrontement avec le SO Cholet, plus qu'un simple match
En traitant l'US Avranches tout au long de la saison, le SO Cholet est assurément l'autre club qu'on a le plus souvent évoqué et pour cause. Vainqueurs à l'entame du championnat (J1. 1-3, le 12 août 2022), les Manchois avaient fini par perdre la rencontre sur tapis vert (3-0) pour avoir aligné Victor Daguin, transfuge de Nantes, que la Fédération française de football avait alors reconnu comme étant suspendu pour ce match. Si les recours avranchinais ont escorté le déroulé du championnat, le président Gilbert Guérin n'a jamais obtenu gain de cause mais il espère toujours récupérer les points qui lui manquent. Le dirigeant manchois attend désormais le verdict du Conseil d'Etat qui étudiera la question ce jeudi 25 mai mais ne rendra sa décision qu'à la fin du mois, bien après l'ultime coup de sifflet de la saison.
La première conséquence de cette prise en main du dossier par le Conseil d'Etat, c'est que même en cas de vendredi noir et de relégation après la 34e journée, l'US Avranches aura un dernier petit espoir de récupérer les 4 points qui lui ont été retirés (les 3 de la victoire + un point de pénalité) et donc de se sauver. La deuxième, c'est que la donne change aussi pour le SO Cholet. Avec 45 points, les hommes du président Benjamin Erisoglu sont présentement sauvés mais en rendant finalement les 3 points acquis sur tapis verts, 42 unités pourraient les menacer à leur tour. Pas sûr donc que Yoann Le Méhauté et ses partenaires se déplacent en Normandie les doigts de pied en éventails. Et quand on voit le sursaut qui fut celui des équipes qui n'ont plus rien à jouer vendredi dernier (Le Puy Foot 43, Borgo...), ce n'est peut-être pas plus mal pour l'US Avranches.
Aurélien RENAULT