Il était difficile pour l'attaquant Samuel Essende de ne pas afficher un large sourire mardi soir au sortir d'une prestation convaincante lors du succès 3-0 du Stade Malherbe aux dépens du Mans (N1), à Vire. Buteur après sept petites minutes et dans quasiment tous les bons coups pendant près d'une heure, le footballeur de 24 ans a fait montre de ses capacités physiques hors normes à un public caennais déjà conquis. "C'était un très bon match pour nous contre une belle équipe du Mans, on a su frapper fort dans les 15 premières minutes même si ensuite la chaleur nous a un peu rattrapés", confiait-il après avoir signé quelques autographes à de jeunes enfants quelque peu estomaqués devant son imposante carrure (1,92 m).
Massif, dur à bouger, le transfuge du Pau FC est un attaquant qui pèse lourdement sur les défenses. S'ils le connaissaient déjà pour l'avoir croisé deux fois lors de l'exercice 2020-2021 de National, les Manceaux ne pouvaient à l'arrivée que constater avec dépit leur déficit physique sur les Normands, un déficit amplement creusé par le natif de Montfermeil (Seine-Saint-Denis). "Le projet du coach, c'est de jouer avec deux attaquants, on a un bon potentiel offensif et ça me correspond. J'aime garder les ballons mais j'aime aussi prendre de la vitesse et la profondeur".
Justement, en termes d'adaptation, l'ex-pensionnaire du centre de formation du Paris Saint-Germain donne déjà la sensation d'avoir trouvé ses repères. Associé à un Norman Bassette non moins intéressant mardi, Samuel Essende a une palette suffisamment large pour pouvoir évoluer avec n'importe quel profil sur le front de l'attaque. Et on se réjouit évidemment de le voir en action avec un Alexandre Mendy lui aussi buteur à Vire, les deux hommes n'ayant pour l'heure pas encore été associés. "Le principe de jeu du coach me correspond, ce n'est pas pour rien que je suis venu ici d'ailleurs. Après, on doit tous s'adapter, on travaille dur pour ça, on sort d'une grosse préparation, on essaie au maximum de respecter les consignes. Quand tout un groupe est sur la même longueur d'ondes, ça se voit sur le terrain".
La valeur d'un apprentissage à l'Avranchinaise
Les sourires esquissés par l'ex-Parisien mardi tranchaient singulièrement avec le regard fermé qu'il affichait parfois à l'US Avranches, notamment à son arrivée dans la Manche en août 2019. Dans le plan de carrière qu'il s'était tracé, un détour par la Baie du Mont-Saint-Michel n'était alors certainement pas la destination rêvée. "Au final, mon passage à Avranches m'a tout appris", salue aujourd'hui l'attaquant, le regard presque brillant à l'évocation de son ancien club. "Avranches, on va dire que c'est ma rédemption. Il y a eu un avant et un après Avranches, pour moi, c'est le milieu de tout". Sous les ordres du désormais ex-entraîneur manchois Fred Reculeau, Samuel Essende a disputé 46 matches et inscrit 12 buts entre 2019 et 2021, des statistiques couplées à une attitude générale sur les terrains qui ont convaincu le Pau FC de l'enrôler en Ligue 2 il y a un an.
Le voir s'imposer de la sorte dans le monde professionnel n'a par ailleurs rien d'une surprise pour ceux qui l'ont côtoyé lors de son passage avranchinais. Déjà, sur les hauteurs du Mont-Saint-Michel, l'attaquant impressionnait même s'il n'était pas forcément une tête d'affiche du National. "Peut-être que notre jeu ne lui convenait pas forcément", déclare le gardien de l'USAMSM Brice Cognard qui a côtoyé le néo-Malherbiste une saison dans la Manche. "Il a plein de qualités, il mérite d'être là où il est. Le voir aujourd'hui à Caen, c'est une juste récompense. Il est très pro, c'est quelqu'un de très travailleur et je suis bien placé pour dire que c'est un monstre, physiquement déjà, mais aussi techniquement. C'est vraiment un joueur complet, être gardien face à lui, c'est très difficile".
Débarqué à l'US Avranches au même moment que le milieu de terrain Lorenzo Callegari et l'arrière-latéral Alec Georgen, eux aussi anciens Parisiens, Samuel Essende n'était pas forcément le plus coté des trois. Il est aujourd'hui le seul à se trouver sur une pente ascendante. "À Avranches, j'ai appris le travail, l'humilité, tout en fait", poursuit l'ex-Palois. "Pour tout ça, je remercie le président Guérin et tous les gens qui ont été là pour moi au club. Ah, et quand même, je me remercie aussi moi-même (rires). En vrai, il m'a fallu du mental pour me sortir de tout ça. Attention, je ne dis pas que le National ce n'est pas bien, au contraire, mais d'où je venais, c'était un autre contexte dans lequel je ne m'attendais pas à arriver". L'histoire, déjà belle, apparaît presque tirée d'un bon roman mais pour l'attaquant caennais, elle n'aura à coup sûr une vraie valeur que s'il parvient à transformer l'essai avec Malherbe.
> Match de préparation. SM Caen (L2) / FC Nantes (L1), samedi 16 juillet à 17 heures au Stade René-Fenouillère à Avranches.
Aurélien RENAULT