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À Granville comme à Rouen, le maintien en National 2 est dans toutes les têtes

Granvillais et Rouennais sont bien partis pour vivre une fin de saison crispante, placée sous le signe de la lutte pour le maintien en National 2. ©Aurélien Renault/Damien Deslandes

Granvillais et Rouennais sont bien partis pour vivre une fin de saison crispante, placée sous le signe de la lutte pour le maintien en National 2. ©Aurélien Renault/Damien Deslandes

De toute évidence, le football normand aurait tout à gagner de voir la réserve du Stade Malherbe et surtout l'US Granville ainsi que le FC Rouen rester en National 2 à l'issue de cette saison 2021/2022. Pourtant, à quelques encablures du printemps, personne ne peut clamer avec une certitude absolue qu'aucune équipe normande ne sera rétrogradée en National 3 en mai prochain. Granvillais et Rouennais, qui s'affrontent ce samedi à Louis-Dior (18h), possèdent en effet le même nombre de points (22) et une bien maigre avance de trois unités sur la zone rouge. "Nous concernant, on démarre un nouveau championnat", est forcé d'admettre Maxime D'Ornano, coach du FCR depuis cet hiver. "On attaque d'ailleurs un enchaînement important face à des équipes de notre championnat avec ce déplacement à Granville suivi de la réception de Romorantin (l'actuel premier relégable)".

"Nous concernant, on démarre un nouveau championnat." Maxime D'Ornano

En termes d'ambitions, si l'USG aspirait évidemment à mieux, la retrouver à la lutte pour sa survie lors d'une saison qu'elle qualifiait avant l'heure "de transition" n'a rien d'aberrant. C'est autrement plus décevant pour le FC Rouen, davantage taillé pour la montée. "On ne va pas se cacher, ce n'est pas suffisant au niveau des résultats", poursuit Maxime D'Ornano qui a vu son équipe empocher seulement 5 points sur 15 depuis qu'il a pris la suite du duo Sarafoulé Mendy/Arnaud Margueritte. "Mon intégration a été bonne, les joueurs sont réceptifs. Maintenant, la lutte pour le maintien va réclamer un comportement différent".

Parler maintien, c'est une habitude qu'on a déjà pris dans la Manche depuis plusieurs semaines. Granville n'a en effet jamais vraiment décollé depuis l'entame mais à y regarder de plus près, les problèmes des deux équipes sont  finalement les mêmes : elles ne parviennent pas à enchaîner. Pour l'heure, ni l'une ni l'autre n'ont en effet su aligner deux victoires consécutives et, sur la durée, c'est un vrai problème. "On sait très bien que les équipes du fond n'arrivent pas à enchaîner mais je crois qu'après le succès à Romorantin (J19. 0-2, le 19 février), il serait vraiment de bon ton d'arracher cette deuxième victoire à suivre contre Rouen", analyse l'entraîneur granvillais Sylvain Didot. "Rouen est à égalité de points avec nous, à partir de là, ça nous offre un super match à jouer. C'est comme à Romorantin, c'est ce que j'avais dit aux gars. Quand le club est en difficulté, c'est là que doit se révéler le meilleur de vous".

Le maintien des trois Normands de N2 est important pour la région

Si le duel du week-end est aussi épicé, c'est parce que la phase retour en National 2 a vu s'enclencher une vraie révolte des mal-classés, dont Granville. Au ralenti sur sa voie express, le FC Rouen s'est alors fait déborder de toute part. Et le danger de voir notamment les clubs bretons poursuivre leur remontée est réel. "Je connais bien Plabennec (16e), leur entraîneur ne lâchera jamais, c'est dans les gênes du club", assure Maxime D'Ornano, ex-Briochin, tout comme Sylvain Didot d'ailleurs. "Saint-Malo (12evient de changer d'entraîneur, c'est d'ailleurs un ami à moi, il arrive avec de nouvelles idées. Concernant Vitré (15e), il a peut-être fallu un temps d'adaptation mais ils sont toujours dans le coup". Le vainqueur du match 100% normand du week-end, s'il y en a un, serait donc bien avisé d'empocher les trois points. "Rouen est une équipe qui avait d'autres objectifs", analyse Sylvain Didot. "Elle se retrouve maintenant sous pression, comme nous".

"Rouen est une équipe qui avait d'autres objectifs. Elle se retrouve maintenant sous pression, comme nous"
Sylvain Didot

Qui aura l'avantage sur l'autre, ce samedi ? Côté dynamique, on penche ouvertement côté granvillais. En plus de s'être imposés à Diochon à l'aller (J6. 0-2, le 11 septembre 2021), les Maritimes restent sur un succès à Romorantin et sont dans la lutte depuis plusieurs semaines. Niveau profondeur d'effectif en revanche, l'avantage sera nettement en faveur du FCR qui devra, sauf pépin de dernière minute, uniquement se passer de Sofyane Bouzamoucha, suspendu. Granville ne peut pas en dire autant. "Je ne vais pas pouvoir compter sur Paul Reulet, Rémi Fombertasse, Anthony Barbier et Théo Chauvin, toujours blessés", détaille en effet Sylvain Didot. "Sofiane Hamard sera toujours suspendu et Livio Nabab a un souci au genou, il risque d'être absent". Voilà une moitié d'équipe potentiellement titulaire sur le flanc, loin d'être anodin.

Quel que soit le résultat du match, ce samedi soir, il restera derrière 10 matchs et autant de finales à disputer pour les deux représentants normands au 4e échelon. "On a tellement peu de victoires que seul un enchaînement de succès pourra nous rendre content", martèle Sylvain Didot. Derrière Granville et Rouen, c'est par ailleurs toute la Normandie du foot qui s'apprête à serrer les dents. Le destin des clubs de la région en National 2 est en effet très étroitement lié aux mal-classés des divisions inférieures. En National 3 par exemple, si un Normand avait le malheur de rétrograder de N2, ce serait non pas deux mais trois formations qui se verraient renvoyer vers le Régional 1. La saison d'un club emblématique comme l'AS Cherbourg qui se débat actuellement pour survivre en N3 dépend donc aussi des parcours granvillais, rouennais (et caennais) à l'étage du dessus. Et de façon plus large, c'est la rayonnance du football made-in Normandie qui souffrirait de perdre à nouveau un représentant en N2. Un tel scénario, personne ne le souhaite.

> N2. J20 -  US Granville (10e - 22 points) / FC Rouen (11e - 22 points), samedi 5 mars à 18 heures au Stade Louis-Dior.

Le vrai-faux débat : l'affiche Granville/Rouen est-elle devenue un « derby » de Normandie ?

C'est un marronnier né, à coup sûr, de la réunification des deux Normandie. Si l'on se pose légitimement la question de la nature de derby lorsque Caen et Le Havre se confrontent chez les pros, comment qualifier alors un duel 100% normand entre deux habitués du National 2 comme l'US Granville et le FC Rouen ? Certainement pas de derby pour les deux coaches. "Je ne comprends même pas", avance Sylvain Didot. "Du temps de mon père, un derby c'était un match mettant aux prises des joueurs qui avaient évolué dans les deux camps ou encore deux villes vraiment côte à côte. Dans un derby, il y a normalement des querelles de clocher qu'il n'y a pas entre Rouen en Granville. Le terme derby n'a pas lieu d'être pour moi". 

Le son de cloche est ouvertement le même chez Maxime D'Ornano. "Je ne sens pas d'excitation par chez nous pour être honnête", expose l'entraîneur rouennais. "Quand je pense à un derby,  vis à vis de mon vécu, j'imagine plus un Saint-Brieuc/Guingamp. Pour moi ce week-end, ce sera surtout un duel entre deux équipes qui ont besoin d'air". Ni derby, ni quête de suprématie régionale ne seront donc au programme ce week-end. Cela ne veut toutefois pas dire que les acteurs ne vendront pas chèrement leur peau sur la pelouse de Louis-Dior.

Aurélien RENAULT

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