Du côté de l'US Granville, le changement au poste d'entraîneur a eu tous les effets escomptés par le président Benjamin Bahu et ses accolytes. En plus de relancer les joueurs et de les mettre positivement face à leurs responsabilités, il a aussi eu des bénéfices immédiats sur le ratio de points pris par match par les Corsaires. Celui-ci est en effet passé de 0,88 sous Sylvain Didot à 1,71 depuis la prise de fonction de Matthias Jouan (plus tard rejoint par Olivier Cahoreau). "L'état d'esprit de tout un chacun a changé, je ne sais pas si ça a vraiment un rapport avec le changement de coach, tout ce que je sais c'est que l'état d'esprit est vraiment meilleur", note l'arrière-droit Kevan Nziengui Nziengui. C'est en effet comme si le potentiel du groupe s'était tout à coup mis à s'exprimer au cœur de l'hiver et l'attribuer au seul départ de Sylvain Didot serait sans doute hautement réducteur.
Parmi les pistes à explorer pour comprendre le renouveau granvillais, il est aisé de pointer du doigt un joueur en particulier : l'attaquant Vincent Créhin. Arrivé de Cholet (National) l'été dernier pour apporter toute son expérience en attaque, l'ancien joueur de Ligue 2 n'avait marqué qu'une fois lors de ses onze premières apparitions sous le maillot manchois. Il vient de marquer 4 buts et de délivrer 2 passes décisives sur ses 5 dernières apparitions. "Je n'ai pas été épargné par les blessures en début de saison et ça m'a beaucoup déstabilisé, moi qui suis rarement blessé voire pas du tout", confie l'ancien Manceau. "J'ai enchaîné le mollet et la cuisse et j'ai fini par découvrir que tout ceci était lié à un abcès à une dent. Vu qu'on est en National 2, je n'ai pu avoir de rendez-vous qu'en janvier..."
Libéré de sa rage de dents, le joueur de 34 ans a refait surface avec cette fois la rage au ventre et si les 12 points pris en 7 matches sous les ordres de Matthias Jouan ne lui sont pas tous imputables, l'attaquant a sa part de responsabilité. On pense notamment à son doublé plein de panache lors du succès inattendu chez le Racing Club de France (J18. 2-3, le samedi 11 février). "Les gens étaient pressés, les journalistes se disaient 'Créhin, il vient de National, il faut qu'il marque', seulement, ça ne se passe pas comme ça, il faut un temps d'adaptation", poursuit l'ancien Avranchinais. "Là, en deuxième partie de saison, j'ai repris les entraînements, enchaîné les matches et forcément les buts reviennent. Pour moi, c'est un tout".
Un changement de coach mais une prise de conscience collective
Pour Kevan Nziengui Nziengui, buteur lors de la dernière victoire en date de l'USG contre la réserve de Guingamp (J23. 2-0, le samedi 1er avril), la donne est quelque peu différente puisque l'ancien Versaillais avait été mis au placard par Sylvain Didot. "J'ai dû jouer avec la réserve, ce n'est évidemment pas du tout ce pour quoi j'étais venu à Granville", confie le Gabonnais arrivé dans la Manche en janvier 2022. "Je n'ai cependant jamais perdu confiance en moi, le fait que je ne joue pas, c'était plus de l'extra-sportif. Pour moi, il n'y avait pas de regret à avoir vu que le fait de ne pas jouer n'était pas lié à mes performances". S'il figure parmi les Granvillais à qui le changement d'entraîneur a profité en termes de temps de jeu, Kevan Nziengui Nziengui n'est pas le seul. Sofiane Hamard, par exemple, est désormais un titulaire incontournable et ses performances se sont améliorées.
Vincent Créhin
Qu'à cela ne tienne, si le courant ne passait plus ou très peu entre Sylvain Didot et certains joueurs, toutes les carences qu'affichait le groupe ne venaient pas de lui. "Le coach Didot a fait du bon travail l'année dernière comme cette année mais sans doute que certains messages ne passaient plus avec certains joueurs", imagine Vincent Créhin. "Matthias a repris les rênes et comme il nous l'a dit, quand on a commencé par un match nul et une victoire, lui, il n'a rien changé. C'est nous qui courons peut-être plus, on a peut-être eu un sursaut d'orgueil". Au sein de l'effectif manchois, l'éviction de l'ancien joueur toulousain n'a d'ailleurs pas réjouit tout le monde, loin s'en faut. "Ça fait toujours chi... quand un coach part, qu'on l'aime ou pas, ça met quelqu'un au chômage. Ça fait toujours de la peine. À un moment donné, on reste humain avant tout", poursuit Vincent Créhin.
C'est fort de sa dynamique actuellement victorieuse que l'USG, 5e meilleure formation de son groupe depuis l'électrochoc de l'hiver, va aborder les 7 dernières journées à commencer par un déplacement chez le dernier, Chartres. Alors qu''ils n'affronteront plus qu'une formation du top 5 d'ici à la fin du championnat, les Granvillais ont toutes les raisons de croire au maintien. Surtout si les individualités gardent leur niveau de performance actuel. "Que ce soit dans ses infrastructures ou son organisation, ce club mérite de rester en National 2", assure Kevan Nziengui Nziengui. "Il reste du chemin à parcourir mais je pense qu'on va se maintenir". "Notre seul adversaire désormais, c'est nous-mêmes", juge Vincent Créhin. "Le risque, c'est qu'on se mettre croire qu'il suffit de rentrer sur le terrain pour gagner le match, le danger c'est qu'on joue comme des sénateurs et qu'on retombe dans nos travers. Si on fait nos matches dans l'envie, qu'on coure tous et qu'on se dépasse, on s'en sortira, il n'y a pas de raison".
> N2. J24 - C'Chartres (16e - 16 points) / US Granville (10e - 26 points), samedi 15 avril à 18 heures au Stade Jacques-Couvret.