L'US Granville est à un tournant. Après avoir écarté Sylvain Didot de son poste d'entraîneur de l'équipe première, le club du Sud-Manche attend avec fébrilité de voir si surviendra ou non le fameux électrochoc post-éviction. On serait tenté d'écrire que oui, eu égard à la prestation pleine d'abnégation livrée par les Corsaires samedi dernier contre le troisième Poissy (J17. 1-1) malgré leur statut de relégables. Seulement, alors qu'ils avaient le match en main, les Manchois ont fini par défaillir et se faire rejoindre au score en toute fin de rencontre, sous l'œil averti depuis le banc de Matthias Jouan, ex-adjoint de Sylvain Didot propulsé intérimaire. "Je suis plutôt satisfait à la fois du contenu et de l'investissement des joueurs", confie-t-il. "On sait toujours qu'il y a un effet après le départ d'un entraîneur et ça s'est vu".
Les Granvillais sont toutefois malades et leur convalescence risque de s'étendre encore un peu, d'autant plus qu'ils défieront le leader rouennais le 25 février et son dauphin le Racing Club de France pas plus tard que ce samedi. Leur remise en forme passe somme toute par l'appropriation d'une nouvelle méthode. "J'ai appuyé sur certaines choses, notamment sur la possession de balle et le fait de défendre ensemble", développe Matthias Jouan. "Et derrière, contre Poissy, on a vu une belle équipe pendant disons 70', on a vraiment vu des choses intéressantes". Comme depuis plusieurs semaines maintenant, l'USG n'a pas livré un match plein de bout en bout et c'est impérativement ce qu'il va falloir réussir à faire désormais.
Mais quid alors de la réaction du vestiaire face au départ de son entraîneur ? Pour Matthias Jouan, la nouvelle donne a forcément apporté dans son sillage "de la fraîcheur", notamment mentale. "J'ai essayé de les emmener dans une autre optique, avoir le ballon déjà, j'ai moi-même joué au foot et j'ai été dans des équipes où le ballon était davantage au-dessus de ma tête que dans mes pieds", détaille l'ex-Rouennais. "Je suis plus un coach qui va demander de la possession et du mouvement, peut-être que les joueurs avaient besoin de ça, c'est pourquoi j'ai appuyé sur cet aspect la semaine". Autre élément qui a compté dans le coaching du natif de Caen : l'aspect mental, à soigner dans une période aussi agitée. "J'ai tâché de faire passer un message positif dans le vestiaire, qu'on parle foot avant tout et que quand un garçon n'est pas d'accord, on en parle tous ensemble et que ça soit vite terminé".
En poste jusqu'au 4 mars, et ensuite ?
La reprise de l'équipe par Matthias Jouan a au moins eu pour premier effet d'endiguer la terrible série de défaites en cours (quatre consécutives) et d'offrir à l'USG son premier point en 2023. Ce n'est pas encore la lune mais cela aura permis de travailler avec davantage de sérénité ces derniers jours. Pour autant, les dirigeants manchois vont très bientôt se heurter à la réalité de leur situation, Matthias Jouan n'étant pas titulaire du DES (Diplôme d'état supérieur), indispensable pour coacher en National 2. "J'ai un mois devant moi, mais le club fait le nécessaire pour voir s'il n'y a pas d'autres possibilités", glisse l'intérimaire qui ne devrait toutefois sauf grosse surprise pas continuer tout seul. "Je veux m'inscrire pour le DES, j'espère l'obtenir. Là, le club a demandé une dérogation mais si elle n'est pas acceptée, il va falloir que le club trouve quelqu'un (de diplômé) pour être avec moi". Dans le discours de l'ex-milieu de terrain, aucun doute possible : il veut jouer un vrai rôle dans le sauvetage de l'équipe.
Eu égard au DES encore, beaucoup d'entraîneurs candidatent mais très peu sont admis. Le coach de 39 ans peut en témoigner. "Je l'ai déjà tenté deux fois mais c'est un sésame difficile à obtenir". S'il espère être de la future promotion, ce sera évidemment trop juste pour terminer la saison en cours. Si l'on se fie au règlement fédéral, l'US Granville peut conserver un intérimaire non diplômé sur son banc un mois à compter de sa première cape. Cela pourrait emmener Matthias Jouan jusqu'au 4 mars, date d'un déplacement à Vannes. "Il restera trois mois après la dérogation, c'est dommage que la Fédération ne prenne pas en considération qu'on soit dans l'urgence et qu'on fait tout pour que le club reste en National 2".
Les chances de voir Matthias Jouan finir seul la saison sont infimes, Granville s'exposant à des sanctions financières et à des pertes de points pour tout manquement au règlement. Il apparaît dès lors quasi-certain que l'ancien joueur de l'US Quevilly devra être accompagné par un coach diplômé pour mener sa mission sauvetage. Sylvain Didot est certes toujours contractuellement lié à l'US Granville mais un come-back semble peu probable. Qui aurait alors le profil pour finir la saison ? "Qui que ce soit, il faudra qu'on s'entende et la priorité, ce sera de trouver quelqu'un qui soit apte pour la prépa physique, moi, je suis plus terrain". Les futures semaines vont inévitablement voir l'USG contrainte de prendre des décisions qui auront de grandes conséquences sur son avenir à court terme. Tout sauf une mince affaire.
> N2. J18 - Racing Club de France (2e - 37 points) / US Granville (13e - 15 points), samedi 11 février à 14 h 30 au Stade Montbauron.