Le duel de N2 du week-end entre Granville et la réserve du Stade Malherbe invite à regarder d’un peu plus près les liens très étroits qui unissent deux clubs qui s'apprécient et, à bien des égards, se respectent. Leur entente s'est renforcé ces dix dernières années, et l'ancien joueur du SMC qu'est Johan Gallon n’y est, bien entendu, pas étranger. "Etant amoureux du Stade Malherbe, ma venue à Granville a évidemment renforcé le lien entre les deux clubs !", confie l’entraîneur de l’USG. À la présidence du club maritime avant de prendre celle de son homologue caennais la saison passée, Fabrice Clément est également un instigateur important de ce rapprochement. Directeur sportif des « Rouge et Bleu », Yohan Eudeline abonde : "On met beaucoup de choses en place depuis l’année dernière avec Granville. Ça tenait aussi beaucoup à cœur au président Fabrice Clément".
Hors des coulisses, la bonne entente entre le Stade Malherbe et l'USG transparaît, bien entendu, avant tout sur le terrain. Le week-end dernier, lors de la victoire 3-0 à Rodez du SMC, les ex-Granvillais Johann Lepenant (17 ans) et Loup Hervieu (20 ans) ont évolué ensemble sur une pelouse de Ligue 2 pour la première fois, même si ce ne fut que pour une poignée de secondes. "Ils sont issus d’une génération de U13 qui a été deux fois en finale du championnat de France", évoque Johan Gallon. "Ils ont très vite été sollicités par des clubs pros et s’ils sont aujourd’hui à Caen, c’est un peu parce que je suis intervenu et surtout parce que c’est normal selon moi qu’ils aient pris la direction du club phare de la région".
Plus qu’une passerelle, c'est un véritable ponton à double-sens qui relie le club « Rouge et Bleu » à son voisin manchois. Sur l'exercice précédent (2019-2020), les prêts réussis de Marvin Golitin et Jad Mouaddib en constituent le meilleur des exemples. "Jad et Marvin ont prouvé que les portes étaient ouvertes dans les deux sens", analyse le coach maritime. "On a besoin du Stade Malherbe, c’est indéniable mais le Stade Malherbe a aussi besoin de nous avec ce type de prêts afin de faire passer des caps à ses joueurs". Pour un jeune footballeur caennais, la perspective d’une virée granvillaise de quelques mois peut ainsi être à l’étude à chaque début de saison. "En tant que directeur sportif, quand arrive le sujet de prêter des joueurs, j’ai toujours des discussions avec Johan pour voir s’il y a des volontés de sa part", confirme Yohan Eudeline.
Les deux clubs en N2, un frein aux échanges ?
La montée en N2 de la réserve malherbiste offre, désormais, à la jeunesse de Venoix la perspective de progresser au quatrième échelon national sans quitter le Calvados. Un obstacle pour de futurs prêts ? "Avoir la réserve du Stade Malherbe en National 2 est une bonne nouvelle car ça va permettre aux jeunes de progresser plus vite", répond Johan Gallon. "Maintenant qu’ils jouent au même niveau que nous, je reconnais que c’est plus compliqué d'enclencher un prêt. Mais on devrait développer davantage nos liens, je suis convaincu que des joueurs caennais en manque de temps de jeu à certains postes en auraient plus chez nous. Psychologiquement, évoluer dans un club amateur peut les endurcir et leur apprendre le métier plus vite". Pour voir un Caennais éventuellement rallier de nouveau la « Monaco du Nord » lors de cette saison 2020-2021, il faudra, sans doute, attendre de voir le mercato se refermer (le 5 octobre). Les contours des groupes « Rouge et Bleu » seront alors clairement définis et des prêts possiblement étudiés.
Qu’à cela ne tienne, lorsqu’on parle politique régionale avec Yohan Eudeline, l’ancien joueur du SMC pense bien entendu à Granville mais pas seulement. "On a envie de créer un lien fort avec les clubs issus de la Basse-Normandie", assure-t-il. "L’idée est de pouvoir imaginer un partenariat qui doit se créer naturellement. Le Stade Malherbe doit être fort et accompagner les clubs du mieux possible. On a initié des choses dès l’année dernière mais la Covid-19 en a freiné beaucoup". Les prêts de joueurs sont des idées mais pas seulement. "Certains vont vouloir des places, d’autres qu’on vienne jouer dans leurs structures, qu’on fasse des entraînements délocalisés, qu'un de leur entraîneur fasse des séances chez nous. Il y a plein d’idées et une réelle volonté du club à travailler à créer des liens forts".
Quelle place reste-t-il alors à la rivalité territoriale ? Car derrière tant de bienveillance et d'alchimie entre les clubs, il y aura bel et bien un derby normand du côté de Louis-Dior ce samedi. Et ce dernier est très attendu. "Il y aura beaucoup de respect entre les deux coaches, c’est une certitude !", assure Johan Gallon qui ne cache aucunement sa bonne entente avec l’entraîneur de la réserve malherbiste Fabrice Vandeputte. Bien lancé dans son championnat avec une place sur le podium après cinq journées, l’USG (3e) devance le SMC (5e) de deux points. C’est donc, bel et bien, un choc dont il sera question lors de ce duel. Et le coach manchois d’annoncer la couleur : "J’en ai déjà parlé à mes joueurs, s’il y a un match que je veux gagner cette saison, c’est contre le Stade Malherbe et je ferai tout pour y arriver samedi". Que l’entraîneur granvillais en soit certain, de l’autre côté du « pont », son homologue sur le banc sera animé par la même envie.
Aurélien RENAULT
"C'est important que le Stade Malherbe garde ses rapports avec les clubs de la région"
Faisant partie des quatre Granvillais évoluant actuellement sous le maillot « Rouge et Bleu » avec le gardien Estébane Picot (U19) ainsi que les frères Lepenant, Johann et Tom (U17 nationaux), Loup Hervieu se félicite du partenariat entre les deux clubs normands. Pour le jeune néo-professionnel (20 ans), celui-ci doit se prolonger dans les années à venir : "Tous les gamins (de Granville) ont vraiment envie de jouer pour le Stade Malherbe. S'ils y parviennent, ils donneront tout. S’il y a l’opportunité de garder ce lien entre les deux clubs, je conseille vraiment de la maintenir".