Des débuts chez les séniors à Mondeville
"Je revenais d'Afrique où j'étais avec mon père à l'Académie, il y a eu un coup d'Etat et on a dû être rapatriés"
Tony Théault va tirer sa révérence samedi. Et penser à ses adieux nous renvoie forcément à ses débuts. Si le milieu de terrain s'est surtout distingué dans la Manche, beaucoup ignorent peut-être que ses premiers pas en sénior ont eu lieu dans le Calvados, en l'occurrence à l'USON Mondeville, à une époque où le club de la banlieue caennaise évoluait encore au niveau national. "C'était en 2004-2005", rembobine Tony Théault, âgé de 17 ans à l'époque. "J'essaie de me rappeler de mon tout premier match mais je n'ai pas de gros souvenir, je me souviens surtout de la saison dans sa globalité. Je revenais d'Afrique où j'étais avec mon père (Pascal Théault) à l'Académie, il y a eu un coup d'Etat et on a dû être rapatriés de Côte d'Ivoire, c'était l'année de mon bac". Après s'être entraîné brièvement avec Malherbe, c'est donc à Mondeville que le futur retraité des terrains s'est fait connaître, deux ans et demi durant, avant de se diriger vers le FC Saint-Lô pour un passage décisif de sa carrière.
La rencontre décisive d'Olivier Joba à Saint-Lô
"Travailler avec Olivier, c'est ce qui m'a redonné la passion du foot et c'est aussi grâce à ça que j'ai pu aller voir plus haut"
La carrière de Tony Théault en Normandie est faite d'innombrables rencontres mais celle d'Olivier Joba, alors entraîneur de Saint-Lô, aura été des plus marquantes lors de la saison 2007/2008. "J'ai beaucoup plus de souvenirs là-bas, bien plus qu'à Mondeville", raconte le milieu de terrain. "La rencontre avec Olivier a été un vrai déclic de ma carrière. À Mondeville, j'avais du mal à jouer en première, même en CFA 2 et Saint-Lô, on peut dire que c'est le club qui m'a révélé d'une certaine façon". Pour Tony Théault, les choses prennent pourtant une mauvaise tournure d'emblée avec une descente de CFA 2 peu après son arrivée. "Ce qui est beau, c'est qu'on a réussi à remonter tout de suite après. C'est l'année où j'ai mis 15 ou 16 buts en DH et presqu'autant de passes décisives. Vraiment, travailler avec Olivier, c'est ce qui m'a redonné la passion du foot et c'est aussi grâce à ça que j'ai pu aller voir plus haut". Alors qu'il deviendra officiellement le manager général de La Maladrerie OS le 1er juillet prochain, Tony Théault l'assure : il n'aurait peut-être pas embrassé la carrière d'entraîneur qui s'offre à lui sans celui qui le surnommait affectueusement "le fiston".
Au fil des années, Tony Théault a connu des passages à l'USON Mondeville, au FC Saint-Lô, à l'US Avranches et à l'US Granville où il jouera son dernier match en carrière samedi soir contre Blois. ©Archives
2014 : la montée en National avec l'US Avranches
"C'est peut-être la plus belle saison de ma carrière, en plus c'est fait avec un coach que j'admire, c'est un souvenir énorme"
Ses principaux faits d'armes, Tony Théault les a connus avec les deux locomotives du football manchois que sont l'US Avranches et l'US Granville. Ses superbes performances du côté de Saint-Lô lui valent ainsi d'être enrôlé par le voisin avranchinais à l'été 2010 mais puisqu'on est dans la réalité et non pas dans un conte de fée, il faut du temps au milieu de terrain pour s'acclimater à son nouveau club et surtout à un championnat de quatrième division forcément plus relevé. "J'ai mis une année ou deux pour m'imposer et pour jouer régulièrement, ça a été compliqué, je découvrais le niveau", reconnaît le joueur. Au fil des mois toutefois, l'ancien Saint-Lois prend confiance au point de devenir un homme de base de Richard Déziré. Le 10 mai 2014, il prend part à la victoire historique de l'USAMSM au Stade Bordelais (0-2), une victoire synonyme de montée en National. "C'est peut-être la plus belle saison de ma carrière, en plus c'est fait avec un coach que j'admire, c'est un souvenir énorme. Richard Déziré est celui qui m'a permis de basculer sur ce que j'ai fait jusqu'à la fin de ma carrière. Sans lui je serais peut-être vite reparti sur du CFA 2".
La Coupe de France et les frissons de Fenouillère
"J'ai eu l'occasion d'aller jouer en Guadeloupe et en Guyane. Ce sont des semaines inoubliables"
Avec le maillot d'Avranches sur les épaules, Tony Théault connaît alors le pic de sa carrière en termes de niveau puisqu'il prend part aux matches du club de Gilbert Guérin en troisième division lors de deux saisons. Avec Richard Déziré d'abord puis sous les ordre de Damien Ott, l'ex-Mondevillais dispute 49 matches de National au total. Ses émotions les plus mémorables, il les connaît toutefois avec la Coupe de France, une compétition qui lui réserve alors de formidables moments. "C'est à Avranches que j'ai réellement découvert cette compétition, avec beaucoup de grands souvenirs et de belles anecdotes, notamment des voyages en outre-Mer puisque j'ai eu l'occasion d'aller jouer en Guadeloupe et en Guyane. Ce sont des semaines inoubliables". Côté purement sportif, la qualification face au FC Lorient (1-0), un club de Ligue 1, le 3 janvier 2015, et la réception quelques jours plus tard du FC Metz, un autre pensionnaire de l'élite, auront été déterminantes pour la boîte à souvenirs malgré l'élimination contre les Lorrains (0-3, ap) dans un stade René-Fenouillère comble.
On est le 20 août 2016 et pour son premier match avec l’@US_Granville, monsieur Tony Théault réussir ce geste de fou devant son pote Simon Lugier. La suite appartiendra bientôt à l’Histoire.
Crédits : Tony Théault pic.twitter.com/PzWmLKxmba— Aurélien Renault (@aurelrnlt14) June 1, 2023
Le match où tout va à merveille : Saint-Malo à Louis-Dior en 2016
"On joue contre Saint-Malo où j'ai 2-3 potes avec qui j'ai joué à Avranches et notamment le gardien Simon Lugier. Ce jour-là, je lui mets un retourné acrobatique des 16 mètres sur un centre"
Quand on interroge des joueurs au crépuscule de leur carrière comme l'est désormais Tony Théault et qu'on leur demande de citer un match en particulier qui a pu les marquer plus que les autres, ils ne ressortent pas forcément une montée ou une qualification. Pour le milieu de terrain normand, c'est même un simple match contre l'US Saint-Malo, au début de la saison 2016/2017, qui fait date. Après avoir vu son temps de jeu fondre à Avranches, l'ex-Mondevillais vient de prendre la décision de rejoindre l'entraîneur Johan Gallon et son frère Robin à l'US Granville, en CFA, à l'intersaison. Vient alors sa première au stade Louis-Dior le 20 août 2016. "C'était le deuxième match de championnat, on joue contre Saint-Malo où j'ai 2-3 potes avec qui j'ai joué à Avranches et notamment le gardien Simon Lugier. Ce jour-là, je lui mets un retourné acrobatique des 16 mètres sur un centre (voir le tweet ci-dessus). Pour un premier match à Louis-Dior avec son frère, contre le rival, ça marque forcément et pour preuve, on en parle encore". Qui sait, cette première collector à Louis-Dior sera peut-être complétée par un but, samedi, pour les adieux du chef d'orchestre ? Même sans ciseau acrobatique d'ailleurs, l'USG sera sûrement preneuse.
L'OM à d'Ornano, le sommet d'une belle carrière
"Tu vas jouer à d'Ornano avec ton frère, tu sais que ton père est dans les tribunes, c'est quelque chose de très très fort"
Impossible de ne pas conclure cette rétrospective sur Tony Théault sans évoquer le sommet de sa vie de joueur. Le 17 janvier 2020, l'US Granville a de nouveau rendez-vous avec l'Olympique de Marseille et comme en 2016, c'est au stade Michel d'Ornano que ça se passe. "Tu tombes dès les 1/16es de finale sur l'OM, tu sais que tu vas jouer à d'Ornano avec ton frère, tu sais que ton père est dans les tribunes, c'est quelque chose de très très fort ! raconte le milieu de terrain qui accorde bien entendu une place très importante aussi à la qualification obtenue contre Bordeaux en janvier 2018. "Ces deux matches sont à part mais je dirais que Marseille c'est le pic de ma carrière, même s'il y a eu aussi la montée de CFA au National avec Avranches. Mais Marseille, le faire en famille à Caen, dans une ville où je suis né avec mon père qui a entrainé les équipes de Malherbe pendant 30 ans, ça a de la gueule quand même !" C'est d'ailleurs toute la carrière du futur ex-Granvillais - à qui on souhaite bon vent - qui a une sacrée « gueule ». Non ?
> N2. J30 - US Granville (10e - 36 points) / Blois Football 41 (9e - 38 points), samedi 3 juin à 18 heures au Stade Louis-Dior.
Pour la dernière de Tony Théault, le maintien passe avant les émotions
Les dernières séances d'entraînement de la carrière de joueur de Tony Théault auraient pu se dérouler dans un climat calme et apaisé. L'ancien Avranchinais aurait pu prendre le temps de se préparer mentalement à ses adieux au terrain mais rien de tout ça n'aura été possible. À l'heure de tirer sa révérence en effet, le milieu de terrain n'est pas encore certain de partir en laissant derrière lui l'US Granville en National 2. La faute à un malheureux point qu'il faudra absolument décrocher à la maison contre Blois si d'aventure la réserve de Guingamp venait à s'imposer à Évreux samedi soir. "Ce n'est pas une dernière simple, notre maintien aurait pu être acquis depuis trois semaines mais ce n'est pas le cas", regrette Tony Théault. "Après mon annonce, j'espérais profiter un peu. J'avais imaginé une autre fin mais c'est peut-être un mal pour un bien car ça m'évite aussi de trop penser et de trop regarder dans le rétro". Une chose est certaine : il est inconcevable pour le milieu granvillais, gonflé à bloc, de s'en aller sur une descente en National 3.