L'US Granville a certes perdu une bataille, mais comme le sous-entend son surnom « Les Corsaires », le club manchois est toujours dans la lutte et bien loin d'avoir baissé pavillon. Défaits chez l'AS Beauvais (2-1) ; une première depuis plus de cinq mois, les joueurs d'Olivier Cahoreau et de Mathias Jouan accusent désormais cinq longueurs de retard sur le leader l'US Boulogne. Rien de rédhibitoire. "C'est à la fois beaucoup et pas grand chose", abonde le président Benjamin Bahu en bon normand. "Il va encore se passer beaucoup de choses dans cette fin de saison, dans le bas du tableau comme tout en haut. Je suis convaincu qu'on a un groupe qui peut le faire (terminer premier), j'en suis intimement persuadé". Difficile de contrer l'optimisme encore vif du dirigeant Granvillaise quand on constate que sur les dix derniers matches disputés en championnat, l'USG tourne à une moyenne de 2,3 points, contre deux pour Boulogne, et peut donc y croire eu égard à sa belle dynamique.
Jusqu'au week-end dernier, Granville ne figurait qu'à deux unités derrière les Nordistes et même devant un écart plus important, il ne semble ni présomptueux, ni malvenu d'envisager tous les scénarios possibles. "La montée, bien sûr qu'on y pense", développe Benjamin Bahu. "Et si on montait, bien sûr que ce serait une bonne nouvelle. Lorsqu'on est sportif ou dirigeant d'un club de sport, on est compétiteur. Est-ce qu'on serait armés à l'heure actuelle ? Je ne pense pas. Mais on aurait quelques semaines, quelques mois pour se préparer et se structurer". Il n'a échappé à personne, surtout pas à Granville, que le National où évolue le voisin avranchinais depuis 11 ans et sa petite sœur sont deux mondes très différents.
"En N2, on fait partie des quatre ou cinq plus petits budgets, mais on arrive quand même à être performants et plus qu'exister !"
Benjamin Bahu
Sans mettre la charrue avant les bœufs, l'Etat-major manchois a prévu une réunion pour évoquer cette possible montée après la réception de l'AF Virois. Et justement, le voisin calvadosien débarque à Louis-Dior ce samedi. "Pour être tout à fait transparent, on avait décidé que ce serait après ce match qu'on verrait s'il faut regarder ou non quelles seraient nos obligations en cas de montée. L'idée étant évidemment d'anticiper et de commencer des démarches auprès de la Fédération ou d'éventuelles personnes intéressées à l'idée de venir nous rejoindre dans cette aventure". Benjamin Bahu sous-entend assurément qu'avec un budget de fonctionnement de « seulement » 1,1 M€ pour cette saison, l'USG serait certainement contrainte de s'entourer de plus de partenaires, même si l'argent n'est pas non plus toujours le nerf de la guerre. "En N2, on fait partie des quatre ou cinq plus petits budgets, mais on arrive quand même à être performants et plus qu'exister !"
Pour une éventuelle montée, tout reste à faire en coulisses
Malgré tout, l'US Granville ne pourrait décemment suivre le train de vie qui s'impose aux pensionnaires du National qu'en subissant une crise de croissance accélérée. Sur la totalité des joueurs qui composent présentement l'effectif, "12 sont sous contrat fédéral". "On a des contrats amateurs à temps plein et des contrats fédéraux en grande majorité à temps partiel, on ne doit en avoir qu'un à temps plein", précise le président. Si les trois-quarts de l'effectif n'ont cette saison qu'une seule activité, le football, avoir une équipe au troisième niveau français imposerait d'importantes refontes dans l'organisation générale. Beaucoup de joueurs granvillais ont en tout cas rejoint le projet dans l'optique d'occuper le haut du tableau. "On a un effectif qui est jeune avec des joueurs qui ont connu le niveau du dessus et qui ambitionnent de le retrouver, certains souhaitent même encore faire carrière !"
"On a besoin de se professionnaliser, même si c'est un grand mot, au niveau de nos infrastructures, qu'elles soient en phase avec notre niveau"
Benjamin Bahu
Pour ce qui est du cahier des charges, forcément plus lourd, imposé aux clubs du dessus, il est encore trop tôt au sein du club manchois pour savoir ce qui serait éventuellement attendu d'eux pour se mettre aux normes du National. "La Fédération ne nous a absolument pas contactés, idem avec la DNCG, lors de la dernière audition qui date du mois de décembre, on n'était pas du tout à la même place et ce n'est pas un sujet que nous avions évoqué avec eux", poursuit le dirigeant granvillais. Les questions liées à l'homologation par exemple du Stade Louis-Dior, les accès les soirs de match ou encore la sécurité sont autant de sujets qui n'ont pas encore été anticipés.
Qu'il y ait montée ou non, cette saison fructueuse que beaucoup n'attendaient pas si éclatante, Benjamin Bahu en tête, devrait toutefois offrir à l'US Granville l'opportunité de grandir, même si le classement restait inchangé d'ici au 18 mai prochain. Le président a d'ailleurs déjà ciblé certains axes à consolider pour rendre son club meilleur encore. "On a besoin de se professionnaliser, même si c'est un grand mot, au niveau de nos infrastructures, qu'elles soient en phase avec notre niveau. On entretient de bonnes relations avec la mairie de Granville qui nous met les terrains à disposition et qui va œuvrer pour améliorer nos conditions d'entraînement. On les en remercie, c'est le premier paramètre qui va nous permettre de conserver nos joueurs ou d'en attirer d'autres". Des changements arriveront quoi qu'il arrive à l'intersaison, même si la salle de musculation que le président granvillais appelle de ses vœux risque de devoir attendre. Reste désormais à savoir combien de points sépareront Granville de Boulogne après la venue de Vire, lorsque Benjamin Bahu et ses collègues évoqueront les champs des possibles.
> N2. J20 - US Granville (2e - 36 points) / AF Virois (12e - 20 points), samedi 23 mars à 18 heures au Stade Louis-Dior.