Le public du Stade Louis-Dior ne s'y est pas trompé en lui réservant une salve d'applaudissements à sa sortie. Il faut dire que par ses accélérations balle aux pieds côté gauche et ses percées plein axe, il a martyrisé la défense de l'Avant-Garde, contrainte parfois d'employer des moyens illicites pour lui barrer la route. Même s'il ne fut pas directement impliqué sur l'un des deux buts de son équipe, Réda Lamrabette fut incontestablement l'élément le plus dangereux samedi soir. Tout sauf une surprise pour les observateurs attentifs du championnat de N2. "Je ne suis pas encore à 100% mais les sensations reviennent petit à petit", lâche, avec la modestie qui le caractérise tant, le n°10 de l'USG.
Car, comme il l'avoue, le Franco-marocain manque de rythme. La faute à une double fracture de la main gauche contractée durant la préparation qui lui a fait rater tout le début de la saison. "Je me suis fait opérer et poser des broches. Comme je ne devais pas trop bouger ma main, je n'ai pas pu toucher le ballon pendant six-sept semaines". Une période de convalescence que l'intéressé a plutôt mal vécue. "C'est la première fois que j'étais indisponible aussi longtemps".
S'il n'avait jamais connu de blessure aussi longue, Réda Lamrabette avait déjà été éloigné des terrains pendant un an ! Mais par choix. "Après mon passage à Avranches (en 2012-13, à l'époque en CFA) où ça ne s'est pas très bien passé, j'avais fait une croix sur le foot", explique le Granvillais sans rentrer plus dans les détails. "J'ai entamé des études, un BTS puis une licence à Caen". Mais l'appel du ballon rond a été plus fort. "C'est un ami qui m'a forcé à reprendre", en rigole, aujourd'hui, le milieu offensif. "Il a voulu à tout prix que je signe à Brécey. Au départ, je ne vous cache pas, je n'étais pas très chaud. Mais il m'a appelé tous les jours. Certains soirs, je l'ai même retrouvé en bas de chez moi".
Des propositions de Guingamp et de D1 étrangères
Une obstination qui a fini par payer. "Au début, il m'a dit : « Viens juste faire les matches. Tu n'auras pas besoin de t'entraîner ». Mais comme je suis compétiteur, je me suis entraîné tous les jours". Deux montées et un maintien plus tard en DSR (l'actuel R2) avec le club manchois, Réda Lamrabette a pris la direction de Vire. Au plus haut niveau régional, le natif de Meknès au Maroc a véritablement explosé, au point d'attirer la convoitise d'écuries plus huppées telle que Granville. Et du haut de ses 26 ans, son ascension n'est peut-être pas terminée. Loin de là. Cet été, Guingamp et des équipes étrangères de D1 lui ont formulé des propositions. Sans succès.
"J'ai préféré rester ici, près de ma famille", rapporte ce Normand d'adoption qui ne se fixe aucun plan de carrière. "Je prends les choses comme elles viennent. J'ai la chance de jouer en N2, dans un très bon club, de côtoyer des joueurs qui ont connu le National, la Ligue 2. Je vais être honnête, je ne m'attendais pas à jouer à un tel niveau. Pour aller voir plus haut, je dois encore m'améliorer dans de nombreux domaines". Des secteurs de jeu clairement identifiés avec Johan Gallon, son entraîneur.
"Il faut que je me montre plus décisif, que je travaille ma dernière passe, mon dernier geste. Je dois garder mon calme et ma lucidité dans les 30 derniers mètres. Le coach me casse un peu la tête avec ça mais je sais que c'est pour mon bien. Je dois aussi défendre plus, faire plus d'efforts". Avec un Réda Lamrabette au top de sa forme, l'US Granville, en embuscade en championnat (4e à sept points du leader rouennais après 11 journées), pourrait bien goûter de nouveau à un 1/32e de finale de la Coupe de France, deux ans après le précédent.