"Au moins, je passe du temps avec mon amie"
Sullivan Martinet (23 ans), attaquant de l'US Granville
"Avec Nolwenn, ma compagne, on est partis vivre ce confinement à Carhaix (Finistère). Elle est originaire de là-bas et on est tous les deux Bretons. On vit quand même mieux cette situation dans une maison avec un jardin que dans un appartement. Comme mon amie travaille à Paris, on se voit très peu d'habitude. Là, au moins, on passe du temps ensemble. Dans une période comme celle qu'on traverse, on essaye de voir le bon côté là où il est. On s'organise pour que les journées passent le plus vite possible. On tente de se trouver un rythme. Même s'il n'y a plus d'entraînement, je continue de faire du sport. J'adore ça. C'est aussi, comme pour beaucoup de joueurs, histoire de garder la forme dans l'hypothèse d'une reprise des championnats.
Je suis deux séances par jour, une le matin et l'autre en fin d'après-midi. C'est comme un rythme classique sauf qu'on est tout seul. Je varie les exercices pour éviter que ce soit trop répétitif. J'en profite également pour faire de la prévention avec des exercices que j'ai appris quand j'étais en centre de rééducation après mes blessures. C'est également l'occasion pour faire d'autres activités. J'ai la chance de ne pas être trop TV addict. Je m'occupe en lisant un peu. Ça fait du bien. Tout au long de l'année, je fais de la musique, de la guitare. Je profite d'avoir du temps libre pour en jouer plus souvent.
Par rapport à cette crise, on aimerait aider plus mais la seule chose qu'on peut faire, c'est de respecter les consignes de sécurité et le confinement. C'est notre contribution. Ma situation contractuelle ? J'essaye de me détacher de mon cas personnel et de me concentrer sur ce qui reste sous mon contrôle. Pour le travail, tout le monde est touché. Dans ces périodes, le football n'est pas le plus important même si je mentirais si je vous disais que le ballon ne me manque pas. A notre niveau, on ne signe que des contrats d'un an. En temps normal, à cette époque de la saison, on s'interroge déjà sur notre avenir. Est-ce qu'on va être conservé ? Est-ce qu'il faut chercher un autre club ?".
"Il faut jongler entre notre famille et notre travail"
Alsseny Cissoko (33 ans), défenseur du CMS Oissel
"Le confinement n'est pas une chose évidente en soi à vivre mais quand tu es un amoureux du football comme moi, je crois que c'est encore plus difficile. Quand tu as l'habitude d'aller tous les jours à l'entraînement, de retrouver tes coéquipiers, de rigoler… Les matches, les séances, la vie de groupe…, tout me manque. Surtout que cet arrêt nous ait tombés dessus d'un coup. Ce fut brutal. Je me souviens, c'était un vendredi, on devait s'entraîner. Le coach (Romain Djoubri) nous a envoyé un message pour nous convoquer à une réunion. Et là, on a appris que tout s'arrêtait.
Dans les jours précédents, on n'en parlait pas forcément entre nous dans le vestiaire. Physiquement, on essaye de s'entretenir mais on est plusieurs dans l'effectif à avoir des enfants. Personnellement, j'ai un fils de cinq ans, Seny. Il faut jongler entre notre vie familiale et notre travail de footballeur. On fait ce qu'on peut. Dès que j'ai un moment de libre, je fais un footing ou des abdos, du gainage, des pompes…
En tant que compétiteur, j'espère que le championnat va reprendre. Mais pour être honnête, on est dans le flou total. Quand on voit que certains championnats semi-pros ou amateurs à étranger (Angleterre, Belgique…) ont été définitivement arrêtés… Après, si la saison s'arrête, elle s'arrête, on reprendra sur la suivante. Maintenant, est-ce qu'il y aura des montées, des descentes, une saison blanche ? L'aspect financier ? Je n'y pense pas trop pour le moment. On est bien conscients que les clubs vont perdre beaucoup d'argent. Mais on discutera de tout ça avec le président (Jérôme Jacoby) plus tard. Aujourd'hui, je suis surtout focus sur le sportif".
"Avec deux enfants, je n'ai pas le temps de m'ennuyer"
Nicolas Burel (31 ans), défenseur du FC Rouen
"On ressent un peu de frustration. On aime le foot, le ballon et s'entraîner. Ça nous manque tout comme la vie de groupe. Il faut faire preuve de patience. La santé n'a pas de prix que ce soit pour nous ou pour nos proches. Mes journées ? Je n'ai pas le temps de m'ennuyer. J'ai deux jeunes enfants, une petite fille, Axelle, quatre ans, et un petit garçon, Max, deux ans. Comme ma femme, Sophie, continue de se rendre sur son lieu de travail pendant le confinement, je m'en occupe. A cet âge, ça demande une attention de tous les instants. On a la chance d'habiter dans une petite maison avec un bout de jardin. Dès qu'il y a un rayon de soleil, on sort respirer. L'avantage, c'est qu'on passe du temps en famille.
Sinon, on s'occupe de la maison, on met les papiers à jour. J'attends que mon épouse rentre de son travail, vers 18 heures, pour enchaîner avec mon entraînement. On essaye de s'entretenir quasiment tous les jours tout en respectant les consignes du gouvernement. Je fais beaucoup d'exercices de renforcement avec le poids du corps : abdos, gainage, squats… Pour la course à pied, je fais un peu de fractionné afin de faire monter le cardio. Les séances varient. Parfois, elles durent 45', d'autres 1 h 30 - 2 heures. On se dépense forcément moins que pendant les entraînements. Mais ça nous permet aussi de reposer notre corps.
Pour le moment, je ne ressens pas trop de perte sur le plan physique. C'est difficile de connaître nos sensations tant qu'on ne retouchera pas le ballon. Après, plus cette situation va s'étirer dans le temps, plus elle sera contraignante dans l'optique d'une éventuelle reprise. On s'adaptera. Si les championnats redémarrent, toutes les équipes se trouveront, au moins, dans les mêmes conditions. Tant qu'aucune décision officielle n'est pas tombée, on se prépare comme si on allait revenir sur les terrains. On est obligés d'anticiper. Personnellement, s'il le faut, je suis prêt à jouer en juin ou en juillet. En même temps, c'est notre travail".