C'est l'histoire d'un jeune footballeur passé en l'espace de deux ans seulement de chouchou de d'Ornano à persona non grata sous le maillot « Rouge et Bleu ». Petit retour en arrière. Nous sommes le 11 avril 2022, demie de la Coupe Gambardella contre Rennes... Auteur d'un doublé et grand artisan de la qualification en finale au Stade de France, Norman Bassette fait chavirer de bonheur les 11 000 spectateurs qui ont pris place dans l'enceinte caennaise ce dimanche après-midi. Son style, ses buts et surtout son sens de la communion avec le public le propulsent (trop) rapidement en figure de proue de cette génération 2004 (Brahim Traoré, Diabé Bolumbu, Noé Lebreton, Mohamed Hafid), que l'on qualifie de dorée à l'échelle du Stade Malherbe. Des attentes visiblement démesurées, autant sur le plan sportif que psychologique, pour un attaquant qui ne soufflera, rappelons-le, que sa 20e bougie le 9 novembre.
Même s'il y a eu ce but dans les arrêts de jeu contre Grenoble, en février 2023 (son seul chez les « pros » avec le SMC), synonyme de victoire pour le Stade Malherbe, sa relation avec son club formateur n'a cessé depuis cette épopée en Gambardella, dont il fut le héros malheureux (il a été le seul à rater sa tentative lors de la séance des tirs au but face à Lyon, en finale), de se dégrader entre incompréhension sur son temps de jeu en équipe première et volonté de quitter la Normandie, apparemment le plus rapidement possible. Une relation qui a atteint un point de retour il y a trois semaines quand Norman Bassette, incontestablement pas le mieux conseillé des membres de l'effectif caennais (il est représenté depuis quelques mois par l'agence CAA Stellar), a décidé de sécher l'entraînement sans prévenir son coach, Nicolas Seube.
En séchant l'entraînement, il a obtenu ce qu'il cherchait : son transfert
Depuis, on ne l'a jamais revu sur les terrains de Venoix. Sa dernière apparition sous le maillot « Rouge et Bleu » restera donc à Vire, contre Guingamp (défaite 6-1) où on a plus eu l'impression que Norman Bassette était venu effectuer un footing que disputer un match de préparation. Une attitude pour le moins étrange que l'international belge U19 avait l'opportunité cet été, en l'absence de concurrence ou presque (désireux aussi d'être vendu, Alexandre Mendy n'a participé à aucune rencontre depuis la reprise), de montrer de quoi il est capable, lui qui n'a cessé de réclamer des minutes depuis deux ans. Mais apparemment, le Stade Malherbe n'était plus un club digne de son standing bien qu'il n'ait pas prouvé grand-chose, si ce n'est rien, chez les professionnels (14 apparitions en L2, 217' de temps de jeu). Peu importe au final puisque le principal intéressé a obtenu ce qu'il cherchait : son transfert. On peut d'ailleurs s'interroger sur le message que l'issue de bras de fer renvoie aux pensionnaires du centre de formation du SMC, actuels ou futurs. Même si pour leur défense, il convient de noter que la nouvelle direction du Stade Malherbe a hérité de cet épineux dossier.
Alors que son entourage a souvent mis en avant son mal du pays et son éloignement avec sa famille pour justifier les volontés de départ de son protégé ; ce qui peut parfaitement s'entendre, surtout pour un jeune homme de 19 ans, Norman Bassette, qui avait été prêté au FC Malines la saison passée (cinq buts en 22 apparitions en Jupiler Pro League), a paraphé un contrat de quatre ans avec... Coventry City, évoluant en Championship anglaise (D2). Logique. Dans l'opération, le Stade Malherbe va percevoir, selon les informations de nos confrères de L'Equipe, une indemnité tournant autour des 2,5-3 M€ plus un intéressement sur une prochaine vente (dont le pourcentage n'a pas filtré). Au-delà de cette opération financière à propos d'un joueur qui se trouvait engagé jusqu'en 2026, pour les supporters « Rouge et Bleu », le passage du jeune attaquant sous leurs couleurs leur laissera un goût particulièrement amer.