Au Stade Malherbe, le mercato (en tout cas dans le sens des arrivées) a (enfin) commencé. Alors qu'hormis des retours de prêt (Hugo Vandermersch, Ilyes Najim, Norman Bassette...) et la signature de contrats professionnels pour des jeunes (Zoumana Bagbema, Héliohdino Tavares et Abdoulaye Niakaté), il n'y avait strictement rien à signaler jusqu'à présent, le club normand tient son premier renfort. Une semaine après l'officialisation de son rachat par Kylian Mbappé, le SMC a annoncé le recrutement de Yann M'Vila. Ayant paraphé un engagement de deux ans, soit jusqu'en 2026, ce milieu défensif vient étoffer un secteur de jeu qui, dans l'effectif de Nicolas Seube, ne comportait plus que Noé Lebreton et Dieudonné Gaucho. Deux jeunes éléments par ailleurs sollicités ; le colosse ivoirien disposant d'une offre entre les mains des Belges du FC Malines (qui convoitent également Norman Bassette) avec une jolie revalorisation salariale à la clé... mais la direction caennaise (plus l'ancienne que la nouvelle) a mis son veto à un départ.
Pour en revenir à Yann M'Vila, il s'agit d'un nom du football français à l'échelle d'un pensionnaire de Ligue 2. De Kazan, en Russie, à Sunderland, en Angleterre, en passant par l'Inter Milan, en Italie, l'ex-international tricolore peut tout de même se targuer d'une quinzaine d'années au plus haut niveau, de 500 matches chez les « pros » et de 22 sélections en équipe de France, de 2010 à 2012, sous les ordres du sélectionneur Laurent Blanc à l'époque. D'ailleurs à ses débuts au Stade Rennais, où il a été formé, certains observateurs lui prédisaient une bien plus grande carrière. Mais sa suspension pour deux saisons du maillot Bleu, entre novembre 2012 et juin 2014, à la suite de l'affaire de la virée en boîte de nuit à trois jours d'une rencontre capitale avec les Espoirs*, a incontestablement constitué un frein à son ascension. Toutefois, il serait extrêmement réducteur de le résumer à cette histoire extra-sportive, surtout qu'elle remonte à plus de dix ans.
Seulement neuf apparitions la saison dernière
Mais plus que son passé, c'est son futur immédiat au sein de leur formation préférée qui interpellent les supporters « Rouge et Bleu ». Du haut de ses 34 ans et malgré le pedigree de son CV, Yann M'Vila peut-il être performant, sur la totalité d'un championnat, quand bien même il s'agit de deuxième division ? L'ancien stéphanois sort d'une saison quasi-blanche. Alors qu'il était libre après trois années pleines avec l'Olympiakos Le Pirée (140 matches, des participations aux Coupes d'Europe dont la Ligue des Champions, deux titres de champions de Grèce), le milieu défensif n'a rejoint West Bromwich Albion qu'à la mi-février. Avec le club de Championship (D2 anglaise) qui s'est qualifié pour les play-off, il ne compte que neuf apparitions pour trois titularisations et un temps de jeu de 316'.
Forcément, au regard de son âge et de ses statistiques limitées sur l'exercice 2023-2024, son état de forme constitue la principale interrogation. D'autant plus qu'il débarque au Stade Malherbe en ayant raté les trois quarts de la préparation. Quand on connaît l'importance de cette période... Et ce n'est pas Alexandre Mendy, qui n'a cessé de mettre en avant son rôle pour expliquer ses performances depuis trois saisons, qui affirmera le contraire. Comme toujours, il n'y a que la vérité du terrain qui apportera une réponse sur le bien-fondé de ce recrutement. Pour se rassurer, les amoureux des « Rouge et Bleu » peuvent toujours demander à leurs homologues « Ciel et Marine » s'ils regrettent qu'André Ayew ait signé au HAC la saison dernière dans des circonstances similaires. De toute façon, avec un mercato n'ayant débuté que début août, compte tenu du changement de propriétaire, ils vont peut-être devoir s'y habituer.
*Trois jours avant le barrage retour des qualifications pour l'Euro 2013, cinq joueurs de l'équipe de France espoirs (Yann M'Vila donc mais aussi Chris Mavinga, Wissam Ben Yedder, Antoine Griezmann et l'ex-Caennais Mbaye Niang) s'étaient autorisés une sortie dans une boîte de nuit parisienne alors que le reste de leurs coéquipiers étaient basés au Havre. Vainqueurs 1-0 de la Norvège à l'aller, les Bleuets s'étaient incliné 5-3 au retour ; une défaite synonyme d'élimination.