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En 1999, la venue du Stade Malherbe à Vire avait déjà créé l'évènement

Il y a 23 ans, la venue de Malherbe à Pierre-Compte avait provoqué une sacrée effervescence. Nul doute qu'il en sera de même samedi avec 3 600 spectateurs attendus. ©Archives

Il y a 23 ans, la venue de Malherbe à Pierre-Compte avait provoqué une sacrée effervescence. Nul doute qu'il en sera de même samedi avec 3 600 spectateurs attendus. ©Archives

2 000 spectateurs au Stade Pierre-Compte

27 novembre 1999. L'équipe de France est une jeune championne du Monde et le milieu de terrain Dorian Charlier, héros du récent 7e tour de la Coupe de France avec l'AFV, se sépare à peine de son trotteur. L'actuel entraîneur virois Cédric Hoarau est, lui, encore adolescent et licencié à Saint-Martin-de-Tallevende, club voisin de l'AFV. Ce jour-là, le grand Stade Malherbe, bien qu'en Division 2, débarque au Stade Pierre-Compte dans l'engouement général (devant plus de 2 000 spectateurs) pour le 7e tour de la Coupe de France. Le jeune Cédric est alors massé en bord du terrain. Ce duel, il ne l'aurait manqué pour rien au monde. "Nous, on regardait cette équipe viroise avec de grands yeux", relate le technicien. "Il y avait une sacrée génération avec Gillot, Mocques, Thouroude et les autres. Ce que je sais, c'est que cette rencontre m'a donné envie de vivre la même chose plus tard. En plus, ils avaient fait un sacré bon match".

"on avait très bien préparé ce match, on s'est engagé pleinement dans la partie, on a livré un vrai match de coupe", Vincent Laigneau

"C'était le pire des pièges", se souvient Pascal Théault alors à la tête du SMC. "C'est dans la région, c'est à l'extérieur et il y a tout à perdre. Il faut se lancer dans la compétition et c'est le moment le moins évident". Malherbe est pourtant sur un piédestal à l'heure de rendre visite au « petit » pensionnaire de CFA 2. Jérôme Rothen, Anthony Deroin et leurs copains n'ont en effet connu qu'une défaite sur leurs 14 dernières sorties à l'heure de débarquer dans le Bocage. "Vire avait déjà connu des épopées en Coupe de France mais il y avait des attentes et beaucoup d'effervescence", raconte Vincent Laigneau, coach des Virois à l'époque, aujourd'hui à l'US Alençon. "C'était quelque chose de très fort pour nous de rencontrer le monument bas-normand".

Joueur de Pascal Théault lorsqu'il avait dix ans, le disciple Vincent Laigneau a, ce jour-là, l'occasion de rencontrer l'un de ses « maîtres » pour lequel il conserve toujours un immense respect. Mais le technicien n'a qu'une idée en tête : créer l'exploit. "Je me souviens qu'on avait très bien préparé ce match, on s'est engagé pleinement dans la partie, on a livré un vrai match de coupe en évoluant à dix contre 11", poursuit-il. Pourtant, dans l'incandescence relative de Pierre-Compte, c'est bien le Stade Malherbe qui vient glacer l'ambiance quand Christophe Horlaville marque dès la 16'. Le scénario s'aggrave ensuite pour les amateurs quand Stéphane David est expulsé juste avant la pause. Le public local entrevoit alors l'élimination de Vire.

Coupe de France. 7e tour (23 novembre 1999)

FCM Vire - SM Caen 2-3 ap

Stade Pierre-Compte. Environ 2 000 spectateurs.

Mi-temps : 0-1.

Buts : Chesnel (50'), Thébault (78') pour Vire ; Horlaville (16'), Gallon (52', 110') pour Caen.

Expulsions : David (40') à Vire ; Tafforeau (63') à Caen.

> FCM Vire : Mokeddel (g) - Thébault, Chesnel, Thouroude, Jacqueline - Lemarié (Mocques, 60'), David, Gillot, Ody, Moineaux (Pouchin, 63') - Labbé (Coubrun, 60'). Entraîneur : Vincent Laigneau.

> SM Caen : Catherine - Lecour (Deroin, 81'), Gnohéré, Glonek, Tafforeau - Watier, S. Tanguy, Hébert (Gallon, 46'), Rothen - N'Diaye (Barré, 65'), Horlaville. Entraîneur : Pascal Théault.

Vire pousse le Stade Malherbe en prolongation

"Ce match aurait très bien pu se finir sur un nul, c'était vraiment une rencontre équilibrée et on n'avait pas bien maîtrisé notre sujet", concède Pascal Théault, 23 ans après. Et pour cause. Revenus sur la pelouse avec plus d'envie, les Virois égalisent à la surprise générale par Sébastien Chesnel (50'). Fraîchement sorti du banc, un certain Johan Gallon glace aussitôt l'ambiance (52') en redonnant l'avantage aux « Rouge et Bleu ». Mais pour les locaux, l'important est ailleurs : ils sont dans leur match. "On prend le 2-1 et malgré notre infériorité numérique, on continue à faire jeu égal", raconte l'ex-Virois Cyril Mocques, pressenti titulaire ce jour-là mais seulement entré à l'heure de jeu. "Je me rappelle que Grégory Tafforeau finit par prendre un rouge et que derrière, on égalise sur penalty". L'AFV, sous son nom d'alors FCM Vire-Saint-Germain, recolle en effet par Frédéric Thébault à la 78'.

"Ce jour-là, je ne me suis pas senti inférieur à mes adversaires parce qu'on était vraiment bien dans le match, on était à 300%", Cyril Mocques

Malgré les trois divisions qui les séparent, Virois et Caennais s'engagent donc en prolongation à dix contre dix. "C'était un piège mais je n'ai pas le souvenir qu'on était tombé dans un traquenard ou que l'ambiance avait été incroyable en tribunes, on n'avait juste pas été bons", tranche Pascal Théault qui, pour l'anecdote, regrette que les matches de Coupe de France basculent aujourd'hui directement aux tirs au but en cas d'égalité. En 1999, c'est peut-être la règle alors en vigueur qui a sauvé le SMC. "Johan Gallon a fini par marquer pour Caen à la 110' et on a été éliminés", rembobine Vincent Laigneau. "Aujourd'hui, j'en garde un souvenir extraordinaire, ça fait partie de mes quatre-cinq plus grands moments en Coupe de France. Ce n'était pas loin d'être le plus beau jusqu'au match du Havre, il y a quelques jours, avec Alençon".

Éliminés avec les honneurs ce 27 novembre 1999, les Virois ont ensuite vécu d'autres grandes soirées en Coupe de France : contre Niort (D2), Chambly (N1) ou encore Châteauroux (D2). Rien n'a toutefois jamais valu Malherbe en termes de portée émotionnelle. "Ce jour-là, je ne me suis pas senti inférieur à mes adversaires parce qu'on était vraiment bien dans le match, on était à 300% et qu'importe le joueur que j'avais face à moi, j'étais juste prêt à le manger", conclut Cyril Mocques, par ailleurs devenu un temps l'entraîneur de Vire après sa jolie carrière. Après ce match, le Stade Malherbe a connu bien des montées et bien des aventures en Ligue 1. Vire, de son côté, a vécu des heures sombres, et a notamment chuté jusqu'au septième échelon avant de renaître ces dernières saisons. Quelque chose nous dit que, pareil à son prédécesseur, ce Vire - Caen 2022-2023 est très loin d'être couru d'avance.

> Coupe de France. 8e tour - AF Virois (N3) / SM Caen (L2), samedi 19 novembre à 18 heures au Stade Pierre-Compte.

1999-2022 : qu'est-ce qui a changé ?

Aujourd'hui entraîneur en Côte-d'Ivoire, Pascal Théault nous a donné de ses nouvelles depuis le Ghana et malgré la distance, il garde un oeil attentif sur l'actualité en Normandie. "À notre époque, on n'avait pas livré un bon match, on était juste content de passer", avance-t-il. "L'ambiance ce soir-là n'était pas marquante, je pense que ce sera différent samedi car Vire est aujourd'hui sur une autre dynamique. Le club a beaucoup changé et j'imagine que l'atmosphère sera différente d'il y a 23 ans".

Selon l'ex-coach Malherbiste, un duel entre un club de National 3 et un pensionnaire de Ligue 2 est désormais plus équilibré car "les niveaux se resserrent". "Les joueurs sont mieux formés désormais et à l'image de Vire, il y a des joueurs qui sont passés par des gros clubs. Physiquement, tactiquement, ça se resserre. Les seules choses qui se perdent cependant, à mon sens, ce sont les mentalités. Pour moi, les notions de traquenard de l'époque n'existent plus vraiment aujourd'hui".

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Aurélien RENAULT

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